45. Ma presque soeur

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Dans un état de confusion tel que je m'étais mise à douter de ma propre réalité, en lui courant après alors qu'elle tenait à bout de bras mon amie, j'avais fini par rattraper Jeanne. Arrivée devant une porte, la scientifique m'avait demandé de saisir son badge d'accès pour la déverrouiller et en l'ouvrant, nous nous étions engouffrées dans la pièce qui s'était trouvée derrière.

Au moment où les lumières s'étaient activées automatiquement, j'avais de suite compris que nous venions d'entrer dans une infirmerie, puisque cernée en son centre par tout un tas d'armoires et d'appareils médicaux, la première chose que j'avais pu voir avait été une table d'examen.

Alors que Jeanne était venue y déposer Fleur, elle lui avait de suite après retiré son haut et en se ruant sur un placard, je l'avais vue en extirper tout un tas de compresses. Des tonnes de compresses qu'elle avait rassemblées en mille-feuille avant de venir les appliquer sur la blessure de mon amie.

Lorsque la scientifique m'avait demandé de la remplacer, je m'étais exécuté pendant qu'elle ouvrait un autre placard et quand elle m'avait retrouvé, Jeanne tenait entre ses mains de quoi désinfecter et suturer les plais.

L'instant d'après, Fleur était venue me saisir au collet et ce faisant, en plus de me tirer à elle, ma meilleure amie m'avait murmuré à l'oreille.

- Est-ce que j'ai réussi ? Est-ce que je l'ai sauvé ?

Sauf que j'avais été incapable de lui dire la vérité. De lui avouer qu'elle avait échoué dans sa mission et que donc 13.V était toujours enfermé dans le sous-sol de la ferme des 20000.

- Oui, tu as réussi. Tu as réussi et maintenant, il est libre, avaient été les exacts mots que j'étais parvenu à lâcher tout en étouffant de multiples sanglots.

Ma presque soeur était mourante, qu'aurais-je pu faire d'autre que de la conforter dans l'idée que peut-être, elle allait y rester à cause de ses convictions anti-spécisme ?

Certainement parce qu'elle avait été soulagée d'entendre mon pieu mensonge, comme une réaction enchaîne la poitrine de Fleur s'était soudain mise à se soulever puis à s'abaisser, mais de plus en plus lentement. De plus en plus doucement, et ça jusqu'à tant que ce va-et-vient devienne imperceptible avant de finir par stopper complètement.

En ne ressentant plus la chaleur du souffle de mon amie sur ma joue, j'avais immédiatement compris qu'elle venait de cesser de respirer. Un constat que je m'étais empressée de partager avec Jeanne en lui disant.

- Elle ne respire plus.

La scientifique s'était débarrassée de l'aiguille et du fils de suture qui encombrait ses mains. Puis, en appliquant sur l'intérieur du poignet de mon amie un index et un majeur, elle avait vérifié si son cœur battait toujours.

- Tu sais faire du bouche-à-bouche ? M'avait soudain lancé Jeanne, et malgré la vague d'effrois qui venait de me submerger, j'étais parvenue à lui répondre dans un grand, oui.

En sautant sur la table d'examen, la scientifique s'était mise à califourchon sur Fleur et une fois ses deux mains de réunies au centre de son thorax, elle avait commencé à lui prodiguer un massage cardiaque.

Toutes les trente compressions, j'avais insufflé par deux fois de l'air dans les poumons de mon amie. Un geste que j'avais instinctivement reproduit, car je l'avais appris lorsqu'avec Fleur nous avions suivi une formation au premier secours. Mais très vite, Jeanne avait tout stoppé et ce faisant, après qu'elle ait rejoint le sol, je l'avais vue se précipiter vers un nouveau placard.

Lorsqu'elle était revenue près de la table d'examen, la scientifique tenait dans une main une mallette de couleur verte et en l'ouvrant, j'avais de suite reconnu le défibrillateur qu'elle contenait.

Impitoyable  [ Terminée ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant