- Alors, Jeanne ! Vous en pensez quoi ? Parce qu'il serait peut-être temps de réparer tout le mal que vous avez déjà fait ? Avait fini par dire Fleur à l'attention de la scientifique, sauf que malgré la proposition que venait de lui faire mon amie, cette dernière était restée de marbre.
Lorsque Malik, Yves et Aureline étaient revenus, Jeanne s'était soudain animée et après qu'elle se soit tournée vers eux, elle avait attendu leur verdict.
Malgré ses protestations, allait-elle se révéler être la véritable autrice du message qu'avait reçu Fleur ? Était-elle de plus l'expéditrice de ce badge d'accès qui nous avait permis d'arriver jusqu'ici ? Ou est-ce que les images de la vidéosurveillance l'avaient d'ores et déjà disculpée ?
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Avait fini par demander la scientifique alors que dans le camp adverse, personne ne semblait être en capacité de dire le moindre mot, Yves ? Auréline ? avait soudain insisté l'autre avant que sa collègue ne daigne lui répondre.
Mais quand Auréline s'était mise à parler, ça avait été d'une voix à peine audible ce qui avait trahi chez elle bien plus qu'une simple appréhension à dire ce que tous venaient de découvrir en consultant les images de la vidéo surveillance.
- Jeanne, il faut qu'on te montre quelque chose.
La seconde d'après, tous les scientifiques avaient disparu de mon champ de vision et lorsqu'en s'éloignant j'avais entendu le bruit de leurs semelles de chaussure claquer sur le sol comme le glas, j'avais de suite compris que cette précipitation n'allait rien annoncer de bon.
Laissé seul avec nous, Malik venait quant à lui de reprendre son tour de garde, du moins, en apparence, car sa présence pourtant remarquable à cause de son physique d'armoire à glace n'était devenue que fantomatique.
Même si depuis l'intérieur de la pièce où moi et ma meilleure amie étions toujours retenues prisonnières je n'avais pu voir qu'une partie de son visage, celui-ci m'avait paru n'être devenu qu'une boule d'effrois.
Cependant, Fleur qui n'en avait jamais fini avait demandé au vigile.
- Bon, vous allez enfin nous dire ce qu'il se passe ou il va falloir qu'on le devine ?
Sauf que malgré le fait qu'elle lui avait répété l'exacte même question plusieurs fois, Malik était resté muet comme une tombe et après que sa tête soit partie en arrière pour aussi tôt basculer lourdement vers l'avant, il s'était mis à fixer ses pieds comme l'aurait fait un enfant que l'on aurait grondé.
Je l'apprendrais par la suite, mais les révélations qu'avaient apporté les images de la vidéo surveillance hanteraient le vigile et ça même jusque dans la mort.
- Eh oh, on a bien compris qu'il se passait un truc grave, alors la moindre de choses ce serait de nous mettre au parfum, avait continué d'insister Fleur.
Avec une inertie contre laquelle je l'avais vu lutter pour ne pas s'effondrer, Malik avait soudain retrouvé une stature bien droite, mais au lieu de répondre à mon amie, sans même échanger ni avec elle ni avec moi un simple regard, il était venu saisir la poignée de la porte du bureau avant de la fermer dans un claquement sec.
Qu'avaient bien pu révéler les images de la vidéo surveillance au point de plonger tous les adultes dans un tel état d'apathie ?
- Tu crois que c'est à cause des truies qu'on a libérées? Avais-je soudain lancé à Fleur avant d'ajouter, si ça se trouve, elles étaient porteuses d'une maladie ou d'un virus.
Mais mon amie ne m'avait rien répondu. Elle m'avait même ignoré et en poussant avec la pointe de ses pieds sur le sol je l'avais vue se déplacer jusqu'au bureau se trouvant dans la pièce. Une fois collé à l'un de ses coins du meuble, elle s'était mise à frotter l'épaisse couche de scotch qui retenait l'un de ses bras et n'ayant rien de mieux à proposer en dehors de partager mon angoisse, je l'avais de suite imité.
Moins d'une minutes venait de s'écouler, quant à l'extérieur de la pièce j'avais entendu des bruits de pas se rapprocher et j'avais aussitôt stoppé ma tentative de me libérer de mes entraves. Au moment où ils s'étaient arrêtés tout net devant la porte du bureau, en plus de retenir mon souffle pour mieux écouter ce qui allait suivre, j'avais échangé un regard avec Fleur qui elle aussi avait cessé toute activité.
- Malik, vous allez venir avec moi, avait soudain craché Jeanne à l'attention du vigile.
- Vous plaisantez j'espère ! avait alors protesté l'intéressé d'un ton qui n'avait pas du tout collé avec son physique de sauveur de l'humanité.
- Malik, on n'a pas vraiment le choix, lui avait dit Yves de sa voix toujours aussi douce, puis il avait ajouté, le protocole exige qu'on l'isole avant l'arrivée des secours, ce à quoi le vigile avait répondu du tac au tac, donc on va vraiment se lancer à la recherche de cette chose ? Comme ça ? Sans aucune arme ?
En écoutant l'échange qui venait d'avoir lieu, j'avais de suite mieux compris pourquoi la recherche de celui ou celle qui avait réellement contacté Fleur en plus de lui envoyer le badge d'accès était tout à coup passée au second plan. Ça avait été parce qu'une autre urgence y avait contraint les quatre adultes. Une menace que Malik venait d'appeler, chose.
Sur le moment, j'avais senti ma culpabilité s'accentuer et à raison : innocemment, en pensant bien faire et en voulant lutter contre le spécisme moi et Fleur avions libéré ces truies de leur enclos et en le faisant, l'une d'elles était allée se perdre dans le sous-sol. Une bête, une chose même, qui avait de toute évidence représentait un danger dont nous ignorions encore tout.
- Jeanne, Malik à raison. On devrait prendre avec nous des aiguillons électriques et des projecteurs hypodermiques, avait alors dit Yves, sauf que le vigile avait trouvé bon d'ironiser en lui répondant, c'est bien ce que je disais. Sans aucune arme.
L'instant d'après, Jeanne avait demandé à Auréline d'aller chercher ces moyens de défense et lorsque le son de ses pas s'était éloigné jusqu'à disparaître, de sa voix grave le vigile était venu ajouter.
- On fait quoi de ces gamines, parce qu'on ne devrait pas les laisser seules ici.
Sauf qu'il n'y avait pas eu de réponse de donnée. Du moins, pas celle qu'aurait aimé qu'on lui fasse Malik, car je l'ai appris depuis, mais la plus ineffable des peur s'était emparée de lui ce qui l'avait fait espérer que peut-être, Jeanne lui demanderait de rester avec nous.
À la place, le clinquement familier d'un trousseau de clés que l'on manipule avait retenti puis la serrure de la porte du bureau où avec Fleur nous étions enfermées avait claquée, ce qui avait signifié qu'elle venait d'être verrouillée.
Lorsque Jeanne avait de nouveau parlé, ça avait été pour s'enorgueillir d'un, problème résolu et quand Auréline était revenue, leur cheffe à tous avait conclu la séquence dans un ordre dit de façon martiale.
- Tout le monde à une arme ? Bien, alors ne perdons plus de temps.
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Impitoyable [ Terminée ]
TerrorFleur et Anna, deux jeunes militantes anti-spécisme partent enquêter sur une ferme d'élevage porcin qui cache un horrible secret...