Après que mon angoisse se soit révélée être aussi fugace que profonde, Jeanne que je venais de rejoindre s'était soudain arrêtée à quelques pas à peine d'une première porte. D'une première pièce que nous allions devoir vérifier avant de passer à la prochaine et ce faisant, elle m'avait dévisagé puis m'avait lancé un, prête ? Ce qui m'avait mystifié sur place.
Même si une irrémédiable envie de rebrousser chemin venait de s'emparer de moi, j'avais immédiatement balayé cette idée de ma tête, car elle avait supposé que si j'y cédais je ne serais jamais capable de grandir. De devenir moins immature et plus adulte et donc j'avais rendu son regard à la scientifique, puis en me cramponnant au manche de mon aiguillon électrique pour me donner suffisamment de courage, j'avais acquiescé à sa question.
Lorsque j'étais venue pointer l'extrémité de mon arme vers l'avant, je m'étais sentie prête à faire face à toutes les éventualités et quand Jeanne avait saisi la poignée de la porte pour la tourner, d'un geste franc elle l'avait poussée pour l'ouvrir en grand.
Bizarrement, alors que pourtant tout m'avait laissé à penser que l'installation en sous-sol était récente, les gonds de la porte avaient craqué comme s'il avait été ceux d'une vieille bâtisse et à mon envie de détaler comme un lapin, s'était ajoutée la peur irrationnelle de me retrouver face à un phénomène de maisons hantées.
Cependant, je n'avais pas eu le temps de me perdre dans ces absurdités puisque ma partenaire s'était déjà engouffrée dans la pièce qui s'était trouvée derrière la porte avant de se diriger vers sa gauche, et en partant à l'opposée je lui avais timidement emboîté le pas.
Lorsqu'automatiquement la lumière de l'endroit s'était activée, la première chose qui avait croisé mon regard avait été un vieux flipper. Un jeu d'un autre temps que j'avais reconnu, mais uniquement parce que j'en avais déjà vu dans des films.
Sans que l'envie d'y jouer me vienne pour autant, mon exploration de la pièce s'était poursuivie et après un rapide tour d'horizon j'étais arrivé à la conclusion qu'il s'agissait d'une salle de repos. D'une cinquantaine de mètres carrés environ, elle proposait tout ce qu'une startup aurait pu mettre en place pour assurer le bien-être de ses employés et surtout, les garder au travail le plus longtemps possible.
Quand Jeanne avait eu fini d'inspecter son côté, elle était venue me lancer un, RAS auquel j'avais répondu par mimétisme, RAS pour moi aussi. Puis elle avait baissé son arme avant de dégainer son talkie-walkie et en le ramenant à sa bouche, je l'avais vue appuyer sur le bouton de mise en communication pour dire.
- Jeanne à Malik, à toi.
Maintenant que j'écris tout ça, je me rappelle que sur le moment j'avais été surprise de constater que la scientifique ne vouvoyait plus le vigile comme pourtant elle l'avait toujours fait auparavant et à raison : depuis qu'elle l'avait réconforté après qu'Yves et Auréline soient morts, leur relation avait radicalement changé. Elle avait évolué ce qui irrémédiablement avait mis un terme à toute forme de verticalité en eux.
Quoiqu'il en avait été, après que le bip que font les Talkies-Walkies pour prévenir leur propriétaire qu'on souhaite leur parler ait retenti, la voix grave de Malik s'était fait entendre et ce faisant, il avait dit.
- Oui Jeanne, je t'écoute. À toi.
- RAS dans la salle de repos. On se dirige vers les appartements. À toi, lui avait répondue l'intéressée ce à quoi l'autre avait réagi pour s'assurer qu'il avait tout compris dans un, RAS dans la salle de repos et vous vous dirigez vers les appartements, c'est bien ça, à toi.
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Impitoyable [ Terminée ]
HororFleur et Anna, deux jeunes militantes anti-spécisme partent enquêter sur une ferme d'élevage porcin qui cache un horrible secret...