40. OK

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Jeanne venait de me rassurer sur mon avenir immédiat ainsi que celui de Fleur et sans dire un mot de plus, la scientifique s'était lentement éloignée de moi avant de prendre la direction de la salle de réunion. Et en la regardant faire, au travers de la baie vitrée qui avait séparé le laboratoire de la pièce, je l'avais vue s'asseoir avec lourdeur sur l'une des chaises disposées autour de la large table de conférence.

Maintenant que le dénouement de mon histoire n'avait jamais été aussi palpable, toutes mes pensées s'étaient soudain tournées vers ma meilleure amie, car je ne voulais pas quitter cet endroit sans que nous nous soyons réconciliés. Et après lui avoir demandé, Jeanne m'avait autorisé à la rejoindre. Mieux encore, comme ci elle avait pu lire dans mes penses, elle m'avait proposé de me servir dans le frigo de la cuisine pour que nous puissions manger quelque chose.

Alors que la scientifique venait de m'expliquer que sur le côté de l'enceinte de confinement se trouvait une fenêtre comme celles qui dans les prisons permettent de donner de la nourriture aux détenus, à peine lui avais-je tourné le dos que Jeanne m'avait demandé d'attendre et en me tendant son Talkie-Walkie, elle m'avait dit.

- Prends-le. À cause de l'épaisseur du verre, vous ne pourrez pas vous entendre.

Une fois le moyen de communication en ma possession, j'étais sortie de la pièce pour entrer dans la cuisine qui se trouvait accolée à la salle de réunion et ce faisant la lumière s'était activée automatiquement. Lorsque je m'étais avancée vers le frigo, la petite excitation que j'avais ressentie m'avait fait accélérer le pas. Sauf qu'en l'ouvrant ma déception avait été à la hauteur de ma faim puisque je m'étais attendu à le voir débordant de victuailles alors que ça n'avait pas du tout été le cas.

Comme si j'avais été un randonneur assoiffé en plein désert, mon regard s'était donc accroché aux deux pauvres tupperwares qui s'y trouvaient ainsi qu'à une bouteille d'eau déjà entamée rangée dans la porte. Une fois mon maigre butin de récolté, j'étais venue le poser sur le plan de travail de la cuisine et en retirant le couvercle d'un premier tupperware, j'avais pu en découvrir le contenu : une décevante salade faite de concombre, de riz et de maïs sans aucune vinaigrette.

En me rabattant sur ma deuxième option, j'avais de suite espéré y trouver beaucoup mieux et par chance, ça avait été le cas puisque ce tupperware-ci était rempli de pattes accompagnées d'une sauce bolonaise. Et à la vision de ce mélange fait de féculents, de viande hachée mijotée et de chair de tomate, le tout recouvert d'une généreuse couche de fromage fondu, j'en avais eu l'eau à la bouche.

Retenant mes ardeurs pour ne pas manger froid, je m'étais empressée d'enfourner mon futur repas dans un micro-onde. Sauf qu'en réglant la minuterie sur trois minutes, le minimum que j'avais estimé être suffisant pour que ça puisse être chaud, je ne m'étais pas attendue à ce que le temps se dilate à ce point.

Quand finalement les dernières secondes étaient arrivées, jusqu'à ce que le tintement de la cloche me libère de mon calvaire, j'avais trépigné sur place. Après quoi, en m'armant d'une fourchette trouvée dans un tiroir je m'étais mise à table.

Dès la première bouchée enfournée, mes papilles s'étaient subitement réveillées et j'en avais eu mal à la mâchoire au point de devoir m'arrêter de manger. Ça avait été comme ci tout mon être avait su que j'étais en train d'ingurgité un produit carné et que donc il avait décidé de me le faire payer.

Même si depuis j'ai appris que cette sauce bolognaise ne contenait pas de viande d'origine animale puisqu'elle était issue du Meatlab la culpabilité en moi s'était vite estompée pour laisser place à une agréable sensation de satiété. En quelques coups de fourchette, j'avais fini mon repas et ce faisant, j'avais même regretté de ne pas avoir eu un bout de pain pour pouvoir saucer.

Impitoyable  [ Terminée ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant