La cabane en haut de l'arbre | TERMINÉE

fragment numéro 5

« Il savait qu'Adam avait compris ce qu'il ressentait. Mais il ne savait pas s'il pouvait sauter de ce câble tendu à lui lacérer les pieds sans détruire ce qu'il avait. »

Jours avant l'accident : 285.

Quand ma sœur et moi étions enfants, quand elle avait huit ans et moi cinq, on allait tout le temps se promener dans les bois près de chez nous. On allait jouer à la princesse et au chevalier, sauf que j'étais la princesse et elle était le chevalier. Elle disait qu'elle se préparait pour le moment où elle devrait aller sauver Mya, sa meilleure amie, de son château - fort.

Honnêtement, je n'ai pas souvenir d'une époque où Sarah n'était pas obsédée par Mya. Neuf ans plus tard, elle en est toujours au même point, même si elle n'a pas été en bons termes avec Mya depuis des années. Ma merveilleuse sœur n'a de cesse de répéter qu'elle est bisexuelle, mais honnêtement, c'est dur à croire, quand on sait que Mya est son premier amour et qu'elle n'a jamais posé les yeux sur qui que ce soit d'autre. C'est comme si Sarah Elsher était née pour aimer Mya Anderson. Point à la ligne.

Honnêtement, telle sœur tel frère. Mya semble exercer sur elle une attraction similaire à celle que Thaïs a sur moi. Comme un aimant.

Je m'égare.

Tout ça pour dire qu'on pouvait passer des heures et des heures dans les bois à jouer, et revenir tous les jours, en en ayant jamais assez.

Et un jour, on a découvert une cabane.

Elle était impeccable, en bois solide, perchée en haut d'un des arbres du bois, dissimulée par un amas de branche. Elle ne semblait pas habitée, alors on a fait notre QG, juste pour nous deux.

Sarah a oublié avec le temps, mais je me souviens encore des étés chauds qu'on passait ici, des après-midis à être allongé sur les cuisses de ma sœur pendant qu'elle me caressait les cheveux.

Beaucoup de gens pensent que Sarah n'est pas capable d'être douce, parce qu'elle a un trouble de l'opposition avec provocation, qu'elle fume comme un pompier, qu'elle parle mal et qu'elle rembarre ceux qui l'emmerdent. Mais elle n'a jamais traité ceux qu'elle aime autrement qu'avec une douceur et une tendresse sans faille. Nos sœurs, Mya, Zed, son meilleur ami, ou moi, jamais elle ne nous fera du mal.

Au fil des années, elle a arrêté de m'accompagner à la cabane, mais moi, j'y suis retourné toutes les semaines. J'y ai même installé mes affaires.

Je monte l'échelle grinçante et me hisse dans mon QG. Il faut de la dextérité pour le faire, les premières fois, mais on s'y habitue assez vite.

Il y a des marques de mon passage un peu partout. Deux plaids sont étalés de manière désordonnée sur le sol, et il y a une petite boîte qui contient ma réserve de chocolat, et ma saga de livres préférée est empilé dans un coin. Les volumes sont un peu abîmés parce que je les ai tous trouvés en lot dans une boîte à livre (comme si mon père accepterait de m'acheter des livres...) mais je les ai lus tellement de fois que je ne compte plus.

The raven cycle et The dreamer trilogy, de Maggie Stiefvater.

Je n'étais pas très bon en anglais quand je les ai trouvés, mais les lire m'a aidé à m'améliorer.

Je me glisse sous un plaid et tend la main vers le tome deux, mon préféré, celui qui parle de mon personnage préféré de la saga, celui qui a inspiré mon pseudonyme. Le rêveur.

Au bout de vingt pages lues dans un silence paisible, j'entends un cri au dehors. Je me redresse immédiatement, me précipite vers la porte et tombe nez à nez avec Thaïs Camara, les pieds dans le vide, les mains agrippées à la plateforme.