fragment numéro 10

17 3 1
                                    

« De toutes les options qu'offraient le monde, Ronan Lynch était la plus complexe et délicate. »

Jours avant l'accident : 268.

Si on m'avait dit il y a deux ans que je me retrouverais chez Thaïs Camara après m'être fait tabasser par ses potes, je ne sais pas si j'aurais été horrifié, aux anges, ou tout simplement incrédule.

Bon, après, j'aurais probablement pas cru la personne, parce que jusqu'à cette année, Thaïs n'avait jamais ne serait-ce que calculé mon existence.

Alors que Thaïs tourne la clé dans la serrure de son appartement, je ne sais pas très bien à quoi je m'attends, mais certainement pas à ce que j'y trouve.

Tout est minuscule, mais aussi ultra chaleureux. Les meubles sont en bois et pas en plastique, et il y a des plaids et de l'encens un peu partout. C'est tellement à part que j'adore.

— Va t'asseoir, je reviens avec les premiers secours, dit Thaïs en me laissant dans le salon.

— Prends en pour toi aussi, hein.

— Nan, toi c'est plus grave.

— Thaïs. (J'attends d'avoir son attention pour parler.) Je m'en fous. Va chercher tes putain de premiers secours. Je peux très bien voir que tu t'es fait mal au poignet en frappant tes potes tout à l'heure.

Je m'attends à ce qu'il proteste, mais il sourit juste et pars.

Après avoir prévenu ma soeur que je reste plus tard, je m'assieds patiemment sur le canapé et attends que Thaïs revienne.

Il ne tarde pas trop, heureusement.

— T'es vraiment amoché, va falloir s'occuper de tout ça, sourit Thaïs. On commence par quoi ?

Je hausse les épaules.

— J'ai un truc à la joue, non ?

Il grimace.

— Plus qu'un truc, oui. Ils t'ont carrément amoché.

Je soupire.

— Évidemment.

— T'inquiètes, je gère.

Il sort du désinfectant et insiste pour me le mettre. Son toucher me calme tellement, c'est un truc de fou. Il a un pouvoir sur moi, ça me rend dingue.

— Merci.

— C'est normal.

Il s'affale à côté de moi et me colle des pansements sur la peau. J'en attrape et je fais de même avec lui pour son genou, les jointures de son poing, et j'en rajoute un sur son nez pour faire bonne mesure.

— Comme ça t'as l'air d'un dur.

Il rit et son rire résonne dans mes oreilles. Il se reprend.

— Je m'en veux un peu. C'est à cause de moi, qu'ils t'ont frappé.

J'écarquille les yeux et me redresse en sursaut. Il rit à nouveau et fait de même, plus doucement.

— Bien sûr que non, c'est pas de ta faute, c'est juste eux qui sont bêtes.

— Ils ont fait ça parce que je trainais avec toi.

Ils ont fait ça. C'est pas ta faute, vraiment.

— Tu m'en veux pas ?

— Bien sûr que non.

Thaïs se laisse tomber à nouveau et sourit un peu.

— Tu te souviens qu'on a parlé de notre monde, là ? Celui que personne peut voir à part nous ? Me demande-t-il.

Évidemment. Je pense plus qu'à ça.

La cabane en haut de l'arbre | TERMINÉE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant