fragment numéro 24

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« — Je te réduirai en cendres ! grinça Kavinsky.
Le sourire de Ronan avait le tranchant d'une lame. On l'avait déjà réduit en cendres. »

Jours avant l'accident : 170

Je sais que maintenant t'as une petite amie, Jonas, et que quand on a une copine on a souvent plus de mal à rester un gentil petit garçon, mais ce n'est pas une excuse, fiston. Ne crois pas que je n'ai pas vu que tu n'étais pas dans ta chambre, hier soir, et que je ne t'ai pas entendu rentrer cette nuit. Mais comme je suis un père aimant, je t'ai laissé te reposer un peu avant de venir te faire la leçon.

Mon père s'assied à côté de moi sur mon lit et pendant un instant je crois qu'il ne va rien me faire, avant qu'il n'attrape mon visage entre ses deux mains. J'ai mal, mais je ne me plains pas pour ne pas aggraver les choses.

— Ça me désole de devoir faire ça, Jo. Mais je fais ça pour ton bien. Il faut que je te fasse comprendre ce qui n'est pas bien, en t'empêchant immédiatement de recommencer.

Il prend ma mâchoire et la fait craquer, et pendant une seconde j'ai peur qu'elle se soit déboitée, puis il me lance au sol et frappe mon estomac avec son pied. J'ai envie de vomir, mais comme je n'ai rien dans l'estomac, je me contente de cracher par terre, et mon père affiche une grimace de dégoût.

Il me met encore une ou deux baffes, puis me sourit d'un air contrit.

— N'oublie pas, Jonas. Je fais ça pour ton bien.

Puis il sort de ma chambre en fermant la porte à clé.

— Attends, Papa !

Je me précipite à la porte et commence à frapper de toutes mes forces, mais mon père me dit, de l'autre côté :

— Si tu continues à frapper aussi fort, je rentre à nouveau dans cette chambre et je pète ton bras.

Paralysé de terreur, je me fige et me résigne.

J'observe la plaie que je me suis fait au genoux en tombant par terre. Toute la peau de mon genoux est déchirée et ça saigne. En portant mon doigt à ma tête, je me rends compte qu'elle est aussi ouverte, et du sang visqueux se retrouve sur mes doigts.

Je dois faire quelque chose.

Sans réfléchir à deux fois, sans prendre mon portable, sans rien, je sors par la fenêtre et je titube jusque chez Thaïs. Il habite à l'autre bout de la ville, mais la ville n'est pas très grande, alors ça peut le faire.

Arrivé devant son appartement, je sonne en me tenant à moitié la tête pour ne pas chavirer parce que j'ai l'impression que je vais m'évanouir à tout moment. Le fait que je viens de passer à tabac plus tout le trajet que je viens de faire ne me réussit pas très bien.

Même si je sonne, Thaïs n'ouvre pas, alors je sonne une deuxième fois. Il n'ouvre toujours pas et, pris de panique à l'idée qu'il ne soit pas là, je sonne sans relâche.

— Jonas ? Mais qu'est-ce que tu fais là ? Dit-il en m'ouvrant.

J'essaie de parler, mais j'ai envie de me rouler en boule et pleurer.

— Mon père vient de me défoncer et j'ai super mal... Après il m'a enfermé dans ma chambre et je peux pas désinfecter mes plaies... Du coup je suis venu ici...

Le regard alarmé de Thaïs me fait de la peine, et j'attends qu'il aille dans la salle de bain et en revienne avec du désinfectant.

— T'as mal où ? Demande-t-il doucement.

— Au genou, au crâne, tout le visage... Partout, en vrai.

J'ai mal partout.

— Ok, ok, on va désinfecter tout ça.

La cabane en haut de l'arbre | TERMINÉE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant