« C'était Ronan, non surfait. Non. Ronan, sans protection. »
Jours avant l'accident : 277.
— Tu penses que c'est possible, que je sois ni une fille ni un garçon ?
C'est le premier truc que Thaïs dit en arrivant dans la cabane, le samedi suivant.
— Tu te poses la question ?
— Un peu, dit-il en s'affalant à côté de moi. C'est pas comme si j'avais l'impression d'être une fille, hein, il clarifie, mais je me sens pas trop mec non plus. Le terme me déplait.
J'attends que la gêne ou le malaise ou l'incompréhension me gagne, mais ça n'arrive pas, alors je hoche juste la tête. Je ne vois pas Thaïs Camara comme un garçon, mais comme une personne, et ce constat me rassure légèrement.
— Tu as besoin que je te genre autrement ?
Thaïs tourne vivement sa tête vers moi et sourit doucement.
— Mais pourquoi est-ce que je ne t'ai jamais parlé ? Murmure-t-il en secouant la tête.
Son sourire est contagieux.
— Non, t'inquiètes, dit-il plus fort. Il, ça me va.
Je hoche la tête. Il y a un moment de silence qui flotte entre nous, sans gêne, et d'un seul coup, Thaïs demande :
— T'as des amis ?
Je grimace. Le manque de tact...
Il ne semble pas remarquer le problème dans sa formulation alors je décide de passer l'éponge.
— Pas vraiment. C'est mal ?
— Pourquoi ça le serait ? C'est juste triste.
— T'as pas vraiment d'amis non plus, je rétorque.
Je ne voulais pas que ça sonne comme une attaque mais je me rends compte qu'en fait, ça sonne vraiment un peu comme une attaque.
Il ne le prend pas comme une attaque, il hausse juste les épaules.
— C'est vrai. Comment tu sais ?
Je grimace.
— Ça se voit un peu. T'es toujours... (Je fais de grands gestes dans les airs, incapable de trouver les bons mots.) Extravagant. Mais quand t'es avec eux... C'est comme si tu t'éteignais un peu.
— Ils m'épuisent.
— Je le vois bien. Je sais pas ce que tu fais avec eux.
Il hausse les épaules.
— Ils sont là depuis la sixième, et c'est les seuls à ne pas trop se foutre de moi pour la manière dont je m'habille et comment je me comporte, alors je suppose que trainer avec eux est moins pire que trainer avec n'importe qui d'autre.
— Tu peux trainer avec moi ! Je m'exclame, spontanément.
Il se tourne vers moi avec de gros yeux.
— Vraiment ?
— Enfin, si tu en as envie. Je me disais juste... Ça doit être épuisant, être avec des gens qui ne sont pas sur la même longueur d'onde que toi. Enfin, je n'ai pas la prétention de dire que je suis sur la même longueur d'onde que toi, mais...
Thaïs rit.
— Ne t'inquiètes pas, j'ai compris. Franchement, je pense que c'est une bonne idée. C'est comme si toutes mes batteries s'éteignaient quand j'étais avec eux.
Silence.
— Tu as des frères et sœurs ? Je demande, pas parce que je veux faire la conversation mais parce que j'ai vraiment envie de savoir.
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La cabane en haut de l'arbre | TERMINÉE
Teen FictionSPIN - OFF D'ÂMES PERDUES deux collégiens, une cabane, leur premier chagrin d'amour. et l'année où tout a dérapé.