fragment numéro 28

12 2 0
                                    

« Pendant un instant, Adam ressentit l'étrange inégalité de leur relation : Ronan connaissait Adam, mais Adam n'était enfin de compte pas certain de connaître Ronan. »

Jours avant l'accident : 121.

Le dimanche avant la reprise des cours, après les vacances de février, durant lesquelles Thaïs et moi avons fait notre stage d'observation de troisième chez les parents de Cléo, Sarah passe dans ma chambre pour s'excuser de son comportement avec moi la dernière fois, et je lui parle de Thaïs, en bon gros gars amoureux que je suis. Je suis heureux de m'être réconcilié avec ma sœur, mais j'ai toujours un certain goût amer dans ma bouche, comme si ce n'était pas assez.

Mya est retournée chez elle, entre temps, et ça me rend mal pour elle, parce que je sais qu'elle a de gros soucis, chez elle, en particulier avec son grand frère qui a sa garde, parce qu'il est majeur et que leur mère est morte tandis que leur père est parti il y a des années. Elle a vraiment une vie dure, et ça me rend triste pour elle, parce que même si je me suis vaguement plaint de sa présence, et que notre maison est pas parfaite, je pense quand même qu'elle serait bien mieux ici que chez elle.

En rentrant dans ma chambre, je vois mon talkie walkie grésiller et un message de Thaïs traverse ma chambre.

— Tu m'avais dis de te prévenir avec le talkie walkie si j'avais vraiment envie de faire quelque chose... Ça a un peu dérapé. Tu peux passer à la maison ?

Je ne prends même pas le temps de répondre à son message et je me contente de descendre en bas et prévenir ma mère que je sors voir ma petite amie (ma meilleure excuse pour que mes parents acceptent que j'aille voir Thaïs tout le temps) et je sors en trombe.

Ça fait plusieurs fois que mes parents me disent que je devrais inviter ma copine à la maison, et je leur sors toujours la même excuse : ça fait moins de trois mois entre nous, je veux être sûr que c'est sérieux entre nous avant de l'inviter, blah blah blah. Thaïs n'est pas au courant qu'aux yeux de mes parents il est une fille, ma petite copine, et je ne lui dis pas, parce que je ne sais pas très bien comment il le prendrait. Je le connais bien, mais ça ne veut pas dire que j'arrive à le cerner facilement.

J'emprunte le vélo de ma sœur pour aller plus vite jusque chez lui et l'accroche rapidement en bas de son immeuble en arrivant. Quand je débarque devant son appartement, je vois que la porte est déjà ouverte.

— Thaïs ? C'est moi, je suis là. Tu vas bien ?

Je le vois apparaitre et hocher faiblement de la tête. Il a des coupures sur les bras, mais pas tant que ça, alors je sens que les dommages sont réversibles. J'expire, parce que je suis soulagé de voir que ce n'est pas si grave que ça.

Quand je prends le rasoir de sa main, Thaïs se crispe, comme s'il avait peur que je lui hurle dessus, et ça me désole. Peut-être que ses parents le font, quand il se mutile, et rien que d'y penser me met en colère.

Je pars dans sa salle de bain chercher du désinfectant et je le fais s'asseoir sur le rebord de sa baignoire pour désinfecter ses plaies.

— Merci, murmure-t-il faiblement.

— C'est rien. T'as besoin d'en parler ? Dis-je en m'agenouillant devant lui.

Il se mord la lèvre mais fait visiblement un effort pour me parler, et ça me fait plaisir.

— C'est un peu un cercle vicieux, tu vois. Disons qu'il se passe une mauvaise chose... Là, c'est la rentrée qui m'angoisse, parce que je ne veux pas revoir ces saletés de Yann, Yohan et Pacôme et je ne veux pas avoir à continuer les révisions du brevet, ça me stresse trop. Disons qu'il se passe cette mauvaise chose, en l'occurrence la rentrée, je cherche un truc pour apaiser mon stress. En général, je joue de la guitare, ou je t'appelle grâce aux talkie walkie, mais là j'ai eu une montée de stress pendant que j'étais en train de me raser, et j'ai juste instinctivement dérapé sur mes bras. Mais tu vois, je t'ai appelé direct !

La cabane en haut de l'arbre | TERMINÉE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant