12

787 111 169
                                    

— Alors, verte ou blanche ? insiste encore une fois Éva en me tendant les deux robes qu'elle n'arrive pas à choisir.

— Je t'ai dit, la verte. La blanche va se salir trop vite, ce n'est pas une bonne idée.

Elle confirme d'un mouvement de tête et passe les robes devant son corps face au miroir pour vérifier laquelle lui irait le mieux.

— Je vais quand même choisir la blanche. Je suis la reine de la fête, il faut qu'on me remarque.

Je lève les yeux au ciel. Du Éva tout craché.

Sa soirée d'anniversaire commence dans à peu près une heure, ce qui nous laisse encore un peu de temps pour finaliser nos outfits de queens. Elle m'a invitée à passer ce samedi chez elle pour qu'on prépare la fête. Demain, je prendrai le train pour passer les vacances à la maison, enfin chez moi.

— Toc, toc, imite la mère de ma meilleure amie en entrant dans la chambre. Ça va, les filles ?

Elle est trop mignonne, elle porte une superbe tenue de soirée festive pour l'occasion. Je connais Josie depuis que j'ai rencontrée Éva, au collège. Habitant plus proche du lycée que mes parents, j'ai passé plusieurs week-ends chez elle. Elle est presque aussi formidable que ma propre mère.

— Tu es jolie comme tout, comme ça, Agathe, me sourit-elle. Éva, fais attention avec la robe blanche, c'est salissant.

Mon amie grogne et fait voler son jupon autour de nous.

— Tant pis, je veux être la plus belle !

— Tu l'es déjà, ma puce.

Sa mère l'embrasse mais Éva la repousse.

— Maman arrête, j'ai dix-huit ans, c'est plus l'âge des baisers baveux !

— Ah, faites des gosses, ricane sa mère en sortant de la pièce. Dix-huit ans, l'âge de la fausse raison.

Je pouffe dans ma main tandis qu'Éva la chasse par de grands gestes.

— Ouste !

— J'ai sorti les tartes et les gâteaux du four, nous informe quand même Josie. On va partir avec ton père, on vous laisse. Mais faites attention : pas d'inconnus dans la maison, pas d'alcools forts. Au moindre souci vous nous appelez, on dort chez Véronique et Sébastien, ok ?

— Ok Maman, merci Maman, à demain Maman, la chasse Éva en riant.

Sa mère l'accable de baisers puis s'en va pour de bon, descendant l'escalier.

— Bisous Agathe, surveille ma fille. Didier, on y va !

— Chassés de notre propre demeure, entends-je le père d'Éva grogner au rez-de-chaussée.

— BISOUS ! crie ma meilleure amie avant que la porte d'entrée ne claque et que ses parents partent enfin. Oh les relous, sérieux.

Je pouffe encore. Je les aime trop. Je ne suis pas sûre qu'elle se rende compte à quel point ses parents sont gentils de lui laisser comme ça leur maison pour fêter ses dix-huit ans.

— Bon, parlons choses sérieuses, gazouille Éva en s'asseyant face à son miroir, pour se maquiller. C'est qui ta target, ce soir ?

Je m'étouffe presque de surprise.

— Allez, balance. T'as mis une jupe au-dessus du genou et tes collants noirs à ligne arrière. Sans parler de ce décolleté qui me secoue d'ici.

Elle pose sa poudre sur le tapis pour venir ancrer ses yeux noirs dans les miens.

La Loi de la JungleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant