Chapitre 2

60 10 1
                                    

Le lendemain, je me levai de bonne heure et entrepris de préparer le petit déjeuner. Je voulais faire plaisir à ma mère et l'idée d'avoir enfin un lit pour dormir ce soir m'enchantait énormément. La pièce de devant était remplie de caisses contenant nos vêtements et accessoires de décoration ainsi que nos lits démontés. Je bus un chocolat chaud quand ma mère se leva. Elle m'embrassa et me demanda si j'étais prêt à avoir ma nouvelle chambre. Je lui répondis avec enthousiasme mais quand elle m'annonça qu'elle et mon père avaient décidé de me laisser la chambre située au grenier, mon sang se figea. Le souvenir du regard de Salvatore vers le placard me revint en mémoire. Ma mère remarqua mon trouble et me demanda s'il y avait un problème. Je lui répondis que non, que c'était parfait. Après tout, mis à part l'inquiétude de Salvatore et les petits grattements entendus le premier jour de notre arrivée, je n'avais rien constaté d'inquiétant. Mais pourtant, l'idée d'être seul dans cette grande pièce lugubre me donnait des frissons. Mais je ne voulais pas inquiéter ma mère avec ce genre d'inepties donc, après avoir dévoré mes tartines, je me mis à monter le mobilier de ma chambre avec l'aide de Sylvio qui était arrivé pile poil au moment où mes parents finissaient de déjeuner. Heureusement qu'il était costaud, ce gars. La trappe était étroite et il fallut trouver toutes les astuces possibles pour pouvoir passer tous les meubles que je possédais. Une fois tout au sol, nous commençâmes par monter le lit. Nous passâmes au bureau et l'installâmes juste à côté. Je posai la caisse qui contenait mon ordinateur sur le bureau. S'ensuivit la bibliothèque munie de plusieurs colonnes et les nombreuses caisses de livres que je possédais. À la vue de tous ces bouquins, Sylvio émit un sifflement admiratif et me félicita pour cette énorme collection. Il aurait bien aimé que ses fils en fassent autant. Malheureusement, à son grand désarroi, ils préféraient les jeux vidéo. Quand je lui proposai de faire un dressing avec le placard, il hésita un instant, puis accepta. Il démonta donc la porte et regarda l'intérieur pour se faire une idée des dimensions des étagères qu'il allait disposer. En sortant de là, il semblait un peu mal à l'aise. Je lui demandai si tout allait bien. Pas de problème, me dit-il. Je vais te faire ça en quelques heures. Sur ce, il descendit l'échelle et je me dirigeai vers le placard. Il n'avait rien de particulier, si ce n'est cette impression de claustrophobie et le froid glacial qui s'en dégageait. Pourtant, il faisait bien trente-deux degrés dehors. Bizarre, me dis-je. Avant que j'aie eu le temps de m'appesantir sur ces phénomènes, ma mère m'appela pour le dîner. Je descendis donc les rejoindre quand j'entendis de nouveau ces grattements. Cette fois, je localisai leur source. Cela venait du placard. Je regardai à l'intérieur mais ne vis rien de spécial. Encore une fois, je me dis que ça devait grouiller de rongeurs dans les murs. Je tendis l'oreille mais il n'y avait plus aucun bruit. Des rongeurs. Certainement. L'après-midi fut encore bien chargé. Sylvio s'attelait sur les étagères de mon placard et ma mère était occupée à récurer la salle de douche. Mon père passa les coups de fils indispensables lors d'un déménagement. Il avait relevé les compteurs d'eau et d'électricité et les avait communiqués aux services concernés. Il était maintenant en ligne avec l'administration communale pour un rendez-vous concernant notre changement d'adresse. Cela avait l'air de prendre du temps. Je le vis soupirer d'agacement. N'ayant plus rien à faire pour l'instant, je m'installai à côté de mon grand-père et lui demandai s'il avait besoin de quelque chose. Il me demanda un verre d'eau et je me levai pour le servir quand je remarquai la porte de la cuisine grande ouverte. M'avançant pour la refermer, je ressentis une sensation de froid et, sous mes yeux ébahis, la porte se referma toute seule.

Comment cela était-il possible ?

Il n'y avait pas un seul souffle de vent à l'extérieur. L'air devint glacé et je vis mon souffle se matérialiser devant ma bouche. Quoi ?! Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Soudain, je ressentis une étrange sensation dans l'estomac, comme si je m'apprêtais à rendre mon chocolat chaud du matin. Je me dirigeai lentement vers la salle de douche et m'effondrai devant le cabinet de toilette. La tête me tournait. Ma mère, qui était occupée à nettoyer la cabine de douche, lâcha son éponge et vint s'accroupir à côté de moi.

La prison de verre - Derrière Le MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant