Chapitre 26

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Le psychiatre avait sursauté. Il n'avait jamais donné son nom au docteur Phillips. Il avait senti un frisson lui parcourir le dos et il avait levé les yeux de son carnet. Les yeux du docteur Phillips étaient devenus entièrement noirs. Il le fixait avec un sourire cruel et c'est alors que le psychiatre perdit son sang-froid. Il appela le gardien à l'aide et lui demanda de sortir au plus vite. Le gardien accourut pour lui ouvrir la porte de la cellule, mais il était trop tard. Le docteur Phillips s'était jeté sur le psychiatre et lui avait lacéré le visage et le flanc avec une brosse à dents aiguisée. Le psychiatre fut transporté à l'hôpital et le docteur Phillips fut transféré dans un hôpital psychiatrique sous haute surveillance. Dans le dossier, des photos du psychiatre à son arrivée à l'hôpital montraient les blessures qu'il avait subies. Mark remarqua qu'elles étaient identiques à celles qu'il avait vues sur Michaël après son agression par l'entité. C'était comme une signature, une façon de marquer ses victimes. Mais pourquoi ? Quelques semaines plus tard, le docteur Phillips comparut devant la cour de justice où il fut condamné à la prison à vie pour le meurtre et la mutilation des 29 jeunes hommes qui avaient disparu. Le seul survivant ne put assister au procès, mais son témoignage avait été enregistré sur un magnétophone et retranscrit par écrit. Voici ce qu'Arthur Rizzo avait raconté de son calvaire.

-Bonjour, Arthur. Je suis le docteur Medioni et voici l'inspecteur Leclerc. Nous sommes là pour t'écouter. Peux-tu nous dire ce qui s'est passé le soir du premier novembre, quand tu as quitté ta maison ?

· Est-ce que je dois vraiment parler ? demanda Arthur d'une voix tremblante.

· Tu n'as pas à avoir peur, Arthur. Le docteur Phillips est arrêté et il ne te fera plus jamais de mal, je te le promets.

· Vous ne comprenez pas, dit Arthur. Cet homme, c'est le mal incarné. Il a fait des choses atroces. C'est un monstre qui pratique la magie noire. J'ai vu les horreurs qu'il a infligées à ces pauvres enfants.

· Alors raconte-nous, Arthur, l'encouragea l'inspecteur Leclerc. Tu es le seul survivant de cette affaire. Tu ne veux pas rendre justice à tes amis ? Sans ton témoignage, il pourrait s'en sortir avec une simple internement psychiatrique. Il pourrait recommencer un jour. Mais si tu parles, il ira en prison à vie. Arthur hésita encore un moment, puis se décida à parler.

Ce soir-là, je voulaisaller déposer un chrysanthème sur la tombe de mes grands-parents. Il faisaitdéjà nuit et il faisait froid, mais je n'avais pas pu y aller plus tôt. J'avaisdemandé à mon père et il m'avait dit que ça allait, mais qu'il fallait que jefasse attention à la route qui était verglacée. Je lui avais dit que si c'étaittrop dangereux, je dormirais chez Lissandro, mon copain qui habite près ducimetière. Quand je suis arrivé au cimetière, j'ai posé les fleurs et j'ai priéun peu. Puis je suis sorti et j'ai entendu quelqu'un m'appeler par mon nom.J'ai vu une voiture garée sur le bord de la route et je me suis approché.C'était le docteur Phillips. Il m'a demandé ce que je faisais là tout seul etje lui ai expliqué pour les fleurs de la Toussaint. Il m'a souri et m'a dit quej'étais un brave garçon. Il faisait très sombre et très froid, alors il m'aproposé de me ramener chez moi et j'ai accepté. Mes parents connaissaient bienle docteur, il soignait les rhumatismes de ma mère et il était toujours gentilavec nous. Je suis monté dans sa voiture. Il m'a offert un morceau de gâteauqu'il avait dans sa boîte à gants et il m'a dit que c'était pour me réchauffer.J'avais faim car je n'avais pas encore dîné, alors j'ai pris le gâteau. Aprèsça, je ne me souviens plus de rien. Quand j'ai repris conscience, j'étaisenfermé dans une grande cage en verre avec des trous pour respirer. Je nesavais pas où j'étais ni ce que je faisais là. J'ai eu très peur. J'ai regardéautour de moi et j'ai vu qu'il y avait d'autres garçons dans la même situationque moi. Ils étaient quatre, je crois, mais il faisait trop sombre pour bienles voir. La pièce où nous étions sentait très mauvais. Comme de la viandeavariée ou quelque chose comme ça, c'était horrible. J'ai voulu crier mais ungarçon m'a dit de me taire sinon il allait venir. Il avait une voix toutepetite et j'ai compris qu'il était plus jeune que moi. Il m'a dit qu'ils'appelait Loris et que le docteur l'avait kidnappé comme moi. C'est là quej'ai remarqué que je n'avais plus mes vêtements sur moi. Je portais juste unesorte de chemise de nuit comme dans les hôpitaux. J'avais froid et j'avais malau ventre. Peu après, j'ai entendu des bruits de pas qui descendaient unescalier. La porte de la pièce s'est ouverte et le docteur est entré avec ungrand plateau. Il nous avait apporté à manger. Il était souriant et il nousparlait comme si de rien n'était. Il nous racontait ses études de médecine etles choses qu'il avait apprises sur le corps humain. Il nous expliquait commentil fonctionnait et il nous posait des questions. On essayait de lui répondre,malgré notre peur. Il m'a dit qu'il nous avait pris pour ses recherches parceque nous étions des garçons très intelligents et en bonne santé. Il s'est mêmeexcusé de nous avoir enfermés mais il nous a dit que c'était pour notre bien,pour nous éviter les infections. Il nous a promis qu'il nous ramènerait cheznous quand il aurait fini ses expériences et qu'il nous récompenserait avec del'argent. Alors on a mangé ce qu'il nous avait apporté, en écoutant seshistoires.

La prison de verre - Derrière Le MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant