Un mois après les événements, les parents de Michaël décidèrent de déménager et mirent la maison en vente. Malgré que la maison soit libérée de l'entité, les mauvais souvenirs qui la hantaient les empêchaient de s'y sentir bien. Ils trouvèrent un bel appartement à quelques rues de là et y emménagèrent. Michaël reprit les cours et recommença à voir ses amis. Ils ne lui posèrent jamais de questions sur ce qu'il s'était passé et Michaël n'en parla jamais non plus. Ils vécurent ainsi relativement heureux pendant près de dix ans. Son père avait retrouvé du travail dans une banque et sa mère s'était remise à peindre des tableaux.
Michaël termina ses études secondaires et entama des études de médecine. Il n'avait pas prévu de se lancer dans cette voie, mais quelque chose au fond de lui le poussait à étudier l'anatomie humaine. Il pensait que c'était à cause du traumatisme qu'il avait subi en voyant sa mère possédée. Il voulait être capable de l'aider si elle tombait malade. Il ne supportait pas l'idée d'être impuissant face à la souffrance. Il poursuivit ses études et rendit souvent visite à ses parents.
Sa mère était toujours ravie de le voir, mais Michaël remarqua que son père avait toujours l'air inquiet quand il venait chez eux. Quand Michaël lui demandait ce qui n'allait pas, Jean lui répondait qu'il lui fallait du temps pour oublier leur cauchemar. Il savait que son fils n'était pas coupable des malheurs qu'ils avaient subis, mais il n'arrivait pas à effacer de sa mémoire la voix du docteur sortant de la bouche de son propre fils.
Mais Michaël ne s'en faisait pas trop. Il était sûr qu'avec le temps, son père finirait par tourner la page et que la vie reprendrait ses droits. Pas comme avant, bien sûr, mais avec plus d'optimisme. Car si après tout ce qu'ils avaient traversé, leur famille n'était pas plus forte, alors à quoi servaient les épreuves ? C'est sur ces pensées apaisantes que Michaël s'endormit.
Mais il ne savait pas que son sommeil serait troublé par un rêve étrange. Il se revoyait dans la cave, face au portail. Le miroir était intact et il reflétait une image déformée de lui-même. Il entendit une voix familière lui parler : -Michaël... Michaël... C'était la voix d'Andréa. Elle semblait lointaine et faible, mais il la reconnaissait sans peine.
-Andréa ? dit-il, surpris. Où es-tu ? Que veux-tu ? -Michaël... Michaël... Aide-moi... Aide-moi... Elle répétait ces mots comme un appel désespéré. Michaël sentit son cœur se serrer. Il voulait aider Andréa, mais il ne savait pas comment. Il s'approcha du portail, comme attiré par la voix. Il tendit la main vers le miroir, comme pour le toucher.
Mais avant qu'il n'atteigne la surface, il entendit un autre rire. Un rire qu'il connaissait trop bien. Un rire qui lui glaça le sang. C'était le rire du docteur. Il vit son visage apparaître dans le miroir, à côté de celui d'Andréa. Il avait l'air triomphant et cruel. Il dit à Michaël :
-Tu croyais m'avoir vaincu, n'est-ce pas ? Tu te trompes, Michaël. Je suis toujours là. Et je reviendrai te chercher. Toi et ta famille. Vous ne serez jamais tranquilles. Jamais !
Michaël recula, terrifié. Il voulut crier, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Il se réveilla en sursaut, trempé de sueur. Il regarda autour de lui, cherchant à se rassurer. Il était dans sa chambre, dans son lit.
Ce n'était qu'un cauchemar. Rien de plus. Il se leva et alla boire un verre d'eau. Il essaya de se calmer et de se convaincre que tout allait bien. Ils avaient vaincu ce monstre.
Il regagna son lit et s'endormit aussitôt. Par l'entrebâillement de la porte de la salle de bain, le miroir se mit à luire d'une lueur bleutée. Un rire sardonique résonna, puis plus rien.
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La prison de verre - Derrière Le Miroir
TerrorMichaël Blanchart, adolescent français doit quitter la France avec sa famille pour vivre en Belgique dans un petit village reculé de la région binchoise. Dès son arrivée dans la maison de son grand-père, une sinistre maison de corons, des phénomènes...