Quand Mark était parti avec Michaël chez le père Rosso, Jimmy avait rejoint Jean auprès de sa femme. Pendant ce temps, il avait pénétré dans la chambre doucement pour ne pas la réveiller. Jean l'avait regardé d'un air triste et perdu. Jimmy connaissait ce regard. Son don ne se limitait pas à sentir les esprits. Il pouvait aussi ressentir les émotions des vivants. Leur souffrance le transperçait comme des milliers de petites aiguilles et il avait toujours du mal à supporter d'être dans une pièce bondée. Toutes ses émotions réunies en un même endroit lui donnaient l'impression de devoir rester en apnée pour ne pas se noyer dans cette mer d'émotions. Il possédait ce don depuis son plus jeune âge. Billy, son frère aîné le possédait également mais dans des proportions moindres. Lui était devenu une sorte d'exorciste sans faire vraiment parti de l'église. Il venait en aide aux personnes voulant purifier leur maison ou la libérer d'une infestation. Jimmy, lui, préférait son rôle de médium. C'était la première fois qu'il utilisait son don pour autre chose que de transmettre des messages de personnes décédées à des proches en deuil. Car c'était pour ça que les gens venaient le voir. Il n'avait que rarement participé à des enquêtes avec de tels phénomènes. D'habitude, il ne faisait que retransmettre ce que l'âme d'un défunt voulait faire savoir à ses proches. Cette situation était tout à fait inédite à ces yeux.
C'est dans cet état d'esprit qu'il entra dans la pièce. Il s'était assis auprès de cet homme et avait tenté d'entamer la conversation. Il n'avait jamais été très doué pour ça mais il voulait se montrer gentil et empathique. Il semblait si perdu que Jimmy eut un énorme élan de compassion envers cet être en souffrance. Il lui promit qu'il trouverait comment sauver sa femme et que les choses finiraient forcément par s'arranger.
Jean l'avait regardé d'un air las mais n'avait pas répondu. Il était usé par tous ses événements et Jimmy n'insista pas.
Il avait installé la caméra à l'entrée de la pièce comme Mark lui avait demandé et s'était installé sur une chaise près de la commode.
Il était déjà rentré dans cette chambre et quelque chose l'avait perturbé. Il avait l'impression que quelqu'un s'y tenait mais il n'arrivait pas à percevoir de quel endroit cela se manifestait.
Il avait aperçu le miroir et la sensation de malaise s'était intensifiée. Il n'avait rien dit à Michaël mais il avait eu sensation bizarre. Comme si un monde entier se cachait derrière ce miroir. Comme si une autre réalité se trouvait derrière celui-ci.
Il savait que les miroirs pouvaient servir de portail entre le monde des vivants et celui des morts, mais celui-là était particulier.
Cependant, Jimmy n'arrivait pas à s'expliquer cette particularité.
Il demanda à Jean de l'excuser un moment et sortit de la chambre pour téléphoner à son frère.
Billy lui répondit presque immédiatement.
Jimmy lui résuma le plus gros de la situation et lui parla du miroir de la chambre.
Serait-il possible qu'il y ait un lien entre ce meuble et les événements actuels ?
Billy lui demanda la provenance du meuble.
Jimmy allait poser la question à Jean quand Sylvia commença à s'étrangler dans son sommeil.
Jean s'était approché de sa femme dans le but de la redresser sur ses oreillers et c'est là que tout bascula.
Sylvia, enfin la chose qui la possédait, ouvrit les yeux subitement et mit un énorme coup de tête à Jean qui s'effondra sur le coup.
Jimmy, qui était juste devant la porte, s'élança pour venir en aide à Jean.
Mais avant qu'il n'ait le temps de l'atteindre, il se sentit soulevé dans les airs et fut propulsé vers la commode.
Ilattendit le choc mais ne sentit rien. D'ailleurs, il n'entendait plus rien nonplus. Il essaya d'ouvrir doucement les yeux et se retrouva dans un endroitsombre d'où seule une faible lueur en forme rectangulaire perçait. Il serapprocha de la lueur et découvrit avec stupeur que ce qu'il voyait de l'autrecôté était la chambre des parents de Michaël. Il posa ses mains devant lui etsentit comme une résistance. Il se mit à taper sur la vitre invisible mais sescoups ne produisaient aucun son. Jimmy était totalement paniqué. Que sepassait-il ? Où se trouvait-il ? Il frappa de nouveau sur la surface brillantemais personne ne se manifesta. Apparemment, Jean était assommé et lestechniciens n'avaient pas du voir ce qu'il s'était passé. Il avait sontéléphone sur lui et regarda l'écran. Il constata, non sans surprise, qu'iln'avait aucun réseau. Ça aurait été trop beau. Il tenta une nouvelle fois defrapper sur la vitre mais il se rendit compte que c'était peine perdue.Personne ne l'entendait. Il se laissa glisser lentement sur le sol et décida deprendre le risque d'allumer la lampe de poche de son portable. Il semblait êtredans une pièce qui ressemblait à s'y méprendre à la chambre qu'il venait dequitter. Il se mit lentement debout et en fit le tour. La pièce était plongéedans l'obscurité mais il remarqua un rée de lumière bleutée en dessous de cequ'il supposait être une porte. Il s'approcha doucement et leva doucement lamain devant lui. Ses doigts rencontrèrent un objet dur et froid. La poignée !Il allait l'ouvrir quand il entendit une sorte de grincement derrière lui. Sescheveux se dressèrent sur sa nuque et il resta un moment pétrifié. Il n'osaitplus faire le moindre geste. Il entendit encore le grincement et se força à seretourner doucement. Il tourna doucement la lumière dans la direction du bruitet tomba sur une énorme penderie à l'ancienne. La porte était entrouverte. Ilresta pétrifié et au moment où il voulut se tourner vers la porte de lachambre, le bruit des gonds de la commode se fit plus fort. Jimmy, tétanisé parune peur insoutenable, entendit une respiration sifflante derrière lui. Iln'osait pas se retourner mais il n'avait pas le choix. Il lâcha donc la poignéeet se retourna pour affronter la chose qui faisait cet affreux bruit. Il seforça à regarder de nouveau la penderie mais elle était vide. Il regarda autourde lui et ne vit personne. A reculons, il se dirigea de nouveau vers la poignéede la porte mais ce ne fut pas du métal qu'il sentit sous ses doigts. C'étaitde la peau. Froide, morte, mais de la peau humaine.
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La prison de verre - Derrière Le Miroir
TerrorMichaël Blanchart, adolescent français doit quitter la France avec sa famille pour vivre en Belgique dans un petit village reculé de la région binchoise. Dès son arrivée dans la maison de son grand-père, une sinistre maison de corons, des phénomènes...