Chapitre 32

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. - Je suppose que ce n'est pas la peine que je me présente, n'est-ce pas ? Elle s'avança lentement vers les hommes, l'air sûr d'elle. - Qu'avez-vous fait à mon fils ? hurla Jean. Où est-il ? Est-il dans votre monde parallèle ? Est-il mort ? La créature lui sourit. - Ne t'inquiète pas, mon cher papa. Non, Michaël n'est pas mort. Il est ici avec nous. Disons qu'il fait un petit somme pour l'instant du moins. Les trois hommes ne comprenaient rien à ce qu'elle disait. La créature semblait s'amuser de leur confusion. Jean brandit alors le crucifix qu'il tenait dans la main, mais la créature éclata de rire et dit : - Vous pensez que ce bout de bois a un effet sur moi ? Vous me prenez pour quoi ? Un vampire ? Jean ne savait pas quoi dire et baissa le bras, se sentant légèrement ridicule. L'entité le regarda avec condescendance. - Bon, j'aurais aimé discuter avec vous plus longtemps, mais je n'ai pas de temps à perdre. Elle leva le bras et Mark et Billy furent projetés contre le mur. Les chaînes s'enroulèrent autour d'eux et les immobilisèrent. Jean resta pétrifié sur place. - Qu'allez-vous faire ? demanda-t-il à la fausse Michaël. La créature lui sourit.

· Ce que je vais faire, Jean ? Eh bien, c'est très simple. Tu vois, ton fils est très spécial. Il a une âme si pure et innocente. Le réceptacle idéal pour ma renaissance. Mais pour pouvoir l'habiter pleinement, je vais devoir détruire toute cette lumière qui l'anime. Il était déjà bien affaibli depuis la mort de son grand-père, mais ce n'était pas suffisant. C'est là que tu interviens, mon cher assistant. Jean ne saisissait pas. A ce moment-là, il entendit la porte de la cave s'ouvrir et la voix de Sylvia résonner. - Jean ? Est-ce que tout va bien ? Qu'est-ce qui se passe ? Jean voulut lui répondre, lui crier de ne pas descendre, mais il ne put pas ouvrir la bouche. Son corps était paralysé. L'entité prit alors une voix plaintive et répondit : - Maman ? Maman, aide-moi s'il te plaît ! Je suis ici ! La voix était si semblable à celle de son fils que Jean en fut sidéré. Il entendit avec horreur les pas de Sylvia descendre les marches en appelant son fils. - Michaël ? C'est toi ? Jean essaya de se débattre pour se libérer, mais il avait l'impression que ses membres étaient figés. Il ne put que regarder, impuissant, sa femme entrer dans la pièce et le regarder avec inquiétude. Jean la regarda d'un air paniqué, essayant de la prévenir, mais quand elle vit Michaël, elle se précipita sur lui et le serra dans ses bras. - Michaël, mon cœur ! Tu es là, enfin ! J'étais tellement inquiète ! Où étais-tu ? Tu es blessé ? Trop occupée à examiner le corps de son fils, Sylvia ne remarqua son expression que quand elle leva les yeux vers son visage. Elle eut alors un mouvement de recul, mais avant qu'elle n'ait pu s'éloigner, la créature l'attrapa par le bras. Sylvia se mit à se débattre, mais la main qui la tenait était d'une force incroyable et ses efforts furent vains. La créature approcha son visage du sien et lui chuchota à l'oreille : - C'est comme ça que tu traites ton fils, maman ? Sylvia était tétanisée. D'une voix tremblante, elle lui dit : - Vous n'êtes pas mon fils ! Que lui avez-vous fait ? La créature se mit à rire. - Où crois-tu qu'il soit, ma chère Sylvia ? Tu as eu l'occasion de visiter ma demeure. Tu n'as pas une petite idée ? Sylvia vit alors le miroir au fond de la pièce et ce qu'elle y vit la terrifia. Derrière le miroir, son fils la regardait d'un air terrifié. Il semblait lui crier quelque chose, mais aucun son ne sortait de sa bouche. Sylvia hurla, mais la créature lui plaqua une main sur la bouche. - S'il te plaît, Sylvia. Arrête de hurler. D'habitude, j'aime entendre la peur dans la voix de mes victimes, mais tu comprendras que j'ai des projets et que je veux les réaliser. Donc, si tu veux bien coopérer, nous allons commencer. Sylvia ne comprenait pas, mais quand la créature la traîna vers la table métallique, ses yeux s'écarquillèrent d'horreur. Sylvia se souvint des photos des meurtres du docteur. Elle se débattit, mais la créature était trop forte. Sylvia se retrouva allongée sur la table métallique, les membres immobilisés. On aurait dit qu'une force invisible la retenait. L'entité ne se pressait pas. Elle se dirigea vers l'autel et regarda Michaël dans le miroir. Celui-ci semblait hurler en tapant contre la vitre, mais l'entité savait qu'il ne pouvait pas s'échapper.

Le docteur se rappela le jour de sa mort terrestre. Il avait lui aussi traversé le miroir et passé dans ce monde parallèle. Heureusement qu'il avait été formé par la meilleure sorcière vaudou qu'il ait connue. Sans elle, il n'aurait pas pu mettre son plan à exécution. Mais ça n'avait pas été facile. S'évader du fourgon de la gendarmerie n'avait pas été difficile. Il lui avait suffi d'hypnotiser les gardiens qui l'accompagnaient et de les convaincre de le libérer. Ils lui avaient même ouvert la porte ! Mais ensuite, la course-poursuite avait été épuisante et quand il avait enfin atteint sa rue, il avait dû user de ruse pour atteindre sa destination. Il était malheureusement tombé sur un jeune policier qui, sans le savoir, avait le don de voir à travers les illusions. Il n'était pas tombé sous le charme du docteur et lui avait tiré dessus à plusieurs reprises. Heureusement pour le docteur, l'autel et le miroir étaient toujours là, avec ses offrandes et ses maléfices, et il avait pu transférer sa conscience dans le miroir avant que son cœur ne s'arrête de battre. Néanmoins, il était resté longtemps dans ce monde parallèle et avait eu le temps de réfléchir à comment regagner le monde des vivants. Et c'est là qu'un miracle était arrivé. Une maison avait été construite au-dessus des fondations de sa demeure et ce cher Robert avait pu utiliser l'énergie vitale de ses habitants pour reprendre des forces. Mais ça ne suffisait pas. Il fallait un sacrifice de sang. Alors, quand cette bande de gamins imprudents avaient décidé de traverser le toit, le docteur y avait vu une occasion unique. Il pouvait interagir avec les matériaux de la maison et avait détaché les tuiles du toit, ce qui avait provoqué la chute de ce cher Julio et lui avait donné le sang nécessaire pour reprendre des forces. Ensuite, vu l'état du cerveau de ce pauvre garçon, il avait été facile de le manipuler et de lui faire perdre la raison. Mais il s'était trompé sur la force mentale de ce jeune homme. Malgré le harcèlement dont il était victime, le docteur n'avait pas pu l'inciter à tuer sa famille. Les catholiques et leurs principes ! Il s'était donc tourné vers le jumeau de celui-ci, mais lui non plus n'avait pas cédé. Quand Roberto avait enfin réalisé que l'entité qui était avec lui n'était pas son frère jumeau, il avait décidé d'arrêter de se nourrir. Le docteur l'avait pourtant assailli d'images horribles de sa famille agonisante, mais Roberto n'avait pas cédé. Quand il était mort à son tour, le docteur n'avait pas eu d'autre choix que de rejoindre le miroir. Il était plus fort, oui, mais pas assez pour trouver le réceptacle qu'il recherchait. Il avait bien tourmenté le vieil homme, mais celui-ci ne l'intéressait pas. Il préférait un jeune homme en pleine forme. Alors, il eut l'idée de le terroriser au point que la santé du vieil homme décline et qu'il soit obligé de quitter les lieux. Tout se passait comme le docteur l'avait espéré. Au fil des années, il avait pu se nourrir de nombreux locataires, mais ceux-ci ne restaient jamais assez longtemps pour qu'il puisse mettre son horrible projet à exécution. Il se contenta donc de se nourrir de leur peur pour gagner en pouvoir et attendit patiemment le jour où il trouverait enfin sa perle rare. Et ce jour était arrivé ! Le vieil homme était revenu dans sa maison et, comble de la joie, il était accompagné de sa famille.

La prison de verre - Derrière Le MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant