Le lendemain matin, Mark et Jean se levèrent aux aurores. Il était à peine sept heures et ils avaient déjà élaboré un plan pour accéder aux archives sans se faire remarquer. Mark demanda à Antoine de pirater l'ordinateur du bureau des archives et de leur envoyer les plans du bâtiment. Quelques minutes plus tard, ils découvrirent que les archives étaient situées au sous-sol de l'hôpital et qu'elles disposaient d'une porte de secours donnant sur l'extérieur. –Parfait, dit Billy. Jean va se faire passer pour un chercheur et demander à consulter le dossier de Roberto sur place. Une fois dans la salle des archives, il nous ouvrira la porte de service discrètement. On aura alors tout le temps de fouiller les documents. Jean n'était pas très rassuré par cette idée mais il n'avait pas le choix. Andréa se réveilla vers sept heures trente et semblait aller mieux. Quand Billy lui demanda comment elle se sentait, elle lui répondit avec son humour habituel :- Comme un charme ! Rien de tel qu'une bonne nuit de sommeil et un bon café. Billy lui rendit son sourire mais il n'était pas dupe. Il voyait bien qu'elle était fatiguée et qu'elle avait maigri. Le père Rosso leur annonça qu'il allait informer l'Évêque de la situation. Il quitta donc la maison et Mark, Jean et Billy montèrent dans la voiture de Jean. Avant de partir, Mark recommanda à Andréa de se reposer et de le prévenir si quelque chose se passait en leur absence. Il demanda aussi à Antoine et Philippe de garder un œil sur Sylvia grâce aux caméras. Puis il rejoignit Jean et Billy qui l'attendaient dans la voiture. Le trajet se fit dans le silence. Comme prévu, Jean déposa Mark et Billy à l'arrière de l'hôpital où se trouvait la porte de secours et alla se garer sur le parking. Il entra dans l'hôpital et prit l'ascenseur. Il regarda le panneau et vit que le service des archives était au -2. Il appuya sur le bouton et attendit. L'ascenseur descendit lentement et s'ouvrit sur un couloir sinistre aux murs verts délavés et au sol usé. L'endroit était lugubre. Une ambiance oppressante y régnait et la lumière était faible. Il se dirigea vers le bureau et tomba sur l'employé qu'il avait eu au téléphone. L'employé lui demanda sa carte d'identité et, après avoir vérifié son identité sur le registre, le conduisit dans une immense pièce où les murs étaient recouverts de dossiers et où le centre était occupé par des étagères si serrées qu'on pouvait à peine s'y faufiler sans faire tomber quelque chose. Le technicien vit l'air désemparé de Jean et eut un geste d'excuse. –Je ne sais pas ce que vous cherchez exactement mais je vous souhaite bonne chance. Toutes les archives à partir de 1990 ont été numérisées mais avant cela, tout est encore sous format papier. Jean acquiesça sans rien dire et entra dans la pièce. –Prenez votre temps, lui dit l'employé. Ce n'est pas tous les jours qu'on a de la visite ici. Si vous avez besoin de quelque chose, n'hésitez pas à me le demander. Jean le remercia et l'employé sortit de la pièce en fermant la porte derrière lui. Jean attendit quelques secondes et quand il entendit le bruit du bureau qui grinçait, il fit signe à Mark et Billy d'entrer par la porte de secours. Comme ils s'y attendaient, Billy constata que la tâche allait être longue. Ils se mirent au travail sans perdre une minute. Après une longue recherche, ils finirent par trouver les archives contenant la liste des patients hospitalisés entre 1978 et 1980.
Ils mirent la main sur le dossier de Roberto parmi la trentaine de classeurs qui s'empilaient dans la pièce des archives. Le temps pressait. Mark tendit l'oreille et perçut les pas de l'employé qui se rapprochait. Il échangea un regard anxieux avec ses compagnons. Billy, sans réfléchir, attrapa tous les classeurs et entraîna Mark vers la sortie. Jean, surpris, les suivit en courant. Il arriva juste à temps pour ouvrir la porte et se retrouver nez à nez avec l'employé. Celui-ci le dévisagea avec curiosité. - Alors, vous avez trouvé ce que vous cherchiez ? Jean sentit son cœur battre la chamade. Il se força à prendre un air déçu et répondit que non, hélas, il n'avait rien trouvé. Il sortit de la pièce en claquant la porte derrière lui et l'employé lui emboîta le pas. Il lui demanda pourquoi il s'intéressait à ce patient. Jean inventa une histoire à la hâte : son beau-frère avait été interné après la mort tragique de son frère jumeau, tombé du toit, et il avait succombé à son chagrin. L'employé parut réfléchir un instant puis, alors que Jean atteignait la porte de l'ascenseur, il l'interpella. Jean se figea, craignant d'être démasqué. Mais l'employé n'avait pas l'air soupçonneux. Il s'approcha de Jean et lui souffla une idée qu'ils n'avaient pas encore envisagée. - Si c'était un suicide, il y a peut-être un rapport de police. Vous devriez aller voir aux archives du commissariat. Jean le remercia chaleureusement et se précipita vers sa voiture. Il s'installa au volant et sursauta quand Billy et Mark ouvrirent les portes en même temps. Billy éclata de rire en voyant la tête de Jean. - Du calme, l'ami. Mais on ferait mieux de filer d'ici. J'espère qu'on trouvera quelque chose dans ces documents et qu'on pourra les remettre en place rapidement. Jean démarra le moteur et quitta le parking de l'hôpital. Une fois sur la route, il se détendit un peu. Billy feuilletait déjà les dossiers à la recherche des noms des patients. Jean raconta à Mark ce que l'employé lui avait dit au sujet des archives de la police. Mark trouva que c'était une piste intéressante et qu'il fallait l'explorer. Ils rentrèrent à la maison et s'installèrent autour de la table, chacun avec une dizaine de dossiers à examiner. La journée s'annonçait longue. En arrivant, ils virent Andréa allongée sur le canapé, dormant profondément. Antoine et Philippe veillaient sur Sylvia, toujours plongée dans le coma. Mark leur demanda si tout allait bien et ils répondirent que rien d'anormal ne s'était produit pendant leur absence. Aucun bruit, aucune manifestation étrange ne venait troubler le silence de la maison. Quand les hommes se mirent au travail, Andréa se réveilla et les rejoignit. Mark lui fit part du conseil de l'employé concernant les archives de la police. Andréa approuva l'idée et alla s'asseoir à côté d'Antoine qui, grâce à un logiciel pirate, réussit à pénétrer dans la base de données de la police. Il savait que c'était risqué mais la situation l'exigeait. Pendant qu'Antoine fouillait le système, Andréa fit une liste des patients admis à l'hôpital le même jour que Roberto. Elle en comptait vingt-trois au total. Elle revint vers les trois hommes et se mit à éplucher les dossiers avec eux, les triant par catégories. Au bout d'une heure de recherches, ils écartèrent les dossiers qui ne concernaient que des accidents domestiques ou des morts naturelles. Il leur restait cinq dossiers à étudier plus en détail.
Ilsse plongèrent dans les dossiers avec une attention accrue, espérant y trouverun indice. Antoine avait réussi à se connecter aux archives de police, oùtoutes les anciennes affaires avaient été numérisées. Il chercha les dossiersdes morts accidentelles et des suicides. Il tapa l'année et le nom de Julio. Ledossier s'afficha, confirmant la déclaration de décès et le rapport du médecinlégiste. Celui-ci avait conclu à un suicide, malgré les nombreux hématomesinexpliqués sur le corps de Julio. Faute de preuves d'une agression, il avaitsigné les papiers sans plus de commentaires. Le dossier de Roberto étaitsimilaire. Un suicide par dénutrition, entraînant un arrêt cardiaque. Antoinese tourna vers la liste de noms que lui avait donnée Andréa et commença à lesentrer un par un. Les dossiers défilaient sur l'écran, accompagnés de photos.Anne Sacler, 62 ans, morte d'une pneumonie ; Luigi Vital, 82 ans, mort d'unechute dans les escaliers ; Raymond Dubois, 35 ans, mort dans un accident de laroute. Rien qui ne sorte de l'ordinaire. Andréa venait de finir le dossier deRaymond Dubois. Rien de particulier non plus. L'homme était mort sur le coup,avant d'arriver à l'hôpital. Elle prit le dernier dossier et sentit un frissonlui parcourir l'échine. Comme si elle savait que la réponse était là. Elle nesavait pas comment, mais elle le sentait. Elle ouvrit le dossier et au mêmemoment, Antoine s'exclama : Venez voir ! J'ai peut-être trouvé quelque chose !Mark, Jean, Billy et Andréa se précipitèrent vers l'écran. Ils restèrent bouchebée devant le visage qui s'y affichait. Un homme au visage pâle et étroit, auxcheveux longs et gras, noirs comme l'ébène. Son visage était marqué par denombreuses cicatrices. Mais ce qui glaçait le sang, c'était son regard. Sesyeux gris acier semblaient vous transpercer l'âme. Même sur la photo, on avaitl'impression qu'il vous dévorait des yeux. Et il souriait. Pas un sourire gênéou timide, comme on en voit souvent sur les photos d'identité. Non, un sourirede prédateur. Quand Andréa vit son visage, elle eut l'impression de recevoirune décharge électrique. Ses mains se mirent à trembler et elle reculalentement, jusqu'à tomber sur une chaise. Elle regarda le dossier qu'elletenait dans ses mains et réalisa avec horreur qu'il s'agissait du même hommeque sur l'écran. Les autres la rejoignirent, inquiets de son état. Billy pritle dossier et lut le rapport de l'hôpital. Homme de 45 ans, origine américaine,cause du décès : abattu par les forces de l'ordre. Heure du décès : 3h03. Billypassa le dossier à Mark avec un air grave. C'était donc un criminel. Mais quelgenre de criminel ? Mark demanda à Antoine d'ouvrir le dossier complet del'homme en question. Ils se plongèrent dans les dossiers avec avidité, guettantle moindre indice. Antoine s'était connecté aux archives de police, où toutavait été numérisé. Il chercha les dossiers des morts accidentelles et dessuicides. Il entra l'année et le nom de Julio. Le dossier apparut, confirmant ladéclaration de décès et le rapport du médecin légiste. Celui-ci avait opté pourun suicide, malgré les hématomes inexpliqués sur le corps de Julio. N'ayant pasde preuves d'une agression, il avait signé les papiers sans plus de détails. Ledossier de Roberto était identique. Un suicide par dénutrition, provoquant unarrêt cardiaque. Antoine se tourna vers la liste de noms qu'Andréa lui avaitdonnée et commença à les taper un par un. Les dossiers s'affichaient surl'écran, avec des photos. Anne Sacler, 62 ans, morte d'une pneumonie ; LuigiVital, 82 ans, mort d'une chute dans les escaliers ; Raymond Dubois, 35 ans,mort dans un accident de la route. Rien qui ne sorte de l'ordinaire. Andréavenait de finir le dossier de Raymond Dubois. Rien de particulier non plus.L'homme était mort sur le coup, avant d'arriver à l'hôpital. Elle prit ledernier dossier et sentit un frisson lui parcourir l'échine. Comme si ellesavait que la réponse était là. Elle ne savait pas comment, mais elle lesentait. Elle ouvrit le dossier et au même moment, Antoine s'exclama : Venezvoir ! J'ai peut-être trouvé quelque chose !
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La prison de verre - Derrière Le Miroir
TerrorMichaël Blanchart, adolescent français doit quitter la France avec sa famille pour vivre en Belgique dans un petit village reculé de la région binchoise. Dès son arrivée dans la maison de son grand-père, une sinistre maison de corons, des phénomènes...