Quand mon grand-père eut terminé son histoire, je fus pris d'un accès de terreur mais aussi d'un immense soulagement. Contrairement à ce que je pensais, tous ces événements étaient bien réels. Je ne perdais pas la raison. Je demandais donc à mon grand-père comment s'y prendre pour arrêter ces phénomènes. Il me regarda d'un air malheureux et m'avoua qu'il n'en avait aucune idée. Il avait espéré que tout était fini, sinon il ne nous aurait jamais invités à séjourner dans cette demeure. Vittorio gérait lui-même la venue des locataires et envoyait le loyer sur le compte de mon grand-père. Il n'avait jamais signalé aucune manifestation et Antonio ne lui avait jamais demandé non plus. Je lus la tristesse dans ses yeux mais je le rassurais en lui promettant de trouver une solution. Il me serra la main en m'implorant d'être prudent. Je lui promis et l'aidais à monter les marches et à s'installer dans son lit. Avant de monter dans ma chambre, j'entendis mon Nonno m'appeler. Je me retournais et attendit mais il s'était endormi. Avouer tous ses secrets avait dû être éprouvant pour lui. Mais j'étais heureux qu'il l'ait fait car je sais aujourd'hui qu'il a fait de son mieux pour me protéger. Je l'observais donc encore un moment puis m'apprêtais à monter l'échelle conduisant à ma chambre. La chambre des jumeaux. C'était une pièce mansardée avec deux lits séparés par une commode. Sur les murs, il y avait des posters de footballeurs et de chanteurs italiens. Je passais devant la chambre de mes parents et entendis les ronflements de mon père. J'allais monter l'échelle quand j'entendis une porte s'ouvrir. Je restais un instant sans bouger et je fus soulagé d'entendre la voix de ma mère me demandant si tout allait bien. Je me tournais vers elle en lui disant que grand-père s'était endormi et que j'allais me coucher. Comme la rentrée était proche, je voulais être en forme pour mon premier jour. Elle me souhaita donc bonne nuit et alla se recoucher. Je montais donc et inspectais la pièce. Rien à signaler, tout était à sa place. Je jetais un coup d'œil au crucifix et constatais qu'il était toujours au-dessus de la porte du placard. Cette nuit-là fut calme et je m'endormis sans problème. Le lundi arriva sans aucun phénomène à signaler. Puisque le crucifix avait rempli son office, je commençais à me dire que le calme reviendrait dans nos vies. Je me levais de bonne heure, m'habillais et pris mon cartable. Je descendis dans la cuisine. Ma mère était déjà debout et me préparait mon déjeuner. Je me mis à table et lui demandais ce qu'elle avait prévu pour la journée. Elle m'annonça qu'elle allait faire quelques emplettes avec mon père car ils envisageaient de changer le papier peint des murs et me demanda de rentrer tout de suite après les cours. Je l'embrassais et me dirigeais vers l'arrêt de bus qui se situait pratiquement devant la maison. Quatre garçons s'y trouvaient déjà. Quand j'arrivais à leur hauteur, ils se présentèrent. C'étaient les fils de Salvatore et Sylvio, Mario et Massimo et leurs cousins Lucas et Pietro. Leurs pères leurs avaient demandé de veiller sur moi pour ma première journée d'école. J'étais assez content. Ils avaient l'air sympa et le courant passa immédiatement entre nous. Ils me demandèrent ce que je pensais de ma nouvelle demeure mais ne sachant que répondre, j'haussais les épaules en leur répondant que c'était pas mal. Le bus arriva. Nous montâmes et nous dirigeâmes vers l'arrière. Mario me montra le fonctionnement de ma carte de bus et après avoir validé mon ticket, je m'installais à leur côté. Massimo me regardait avec curiosité. Il ne lui fallut pas longtemps pour me demander comment était la vie en France, les cours que j'y avais suivi et si les françaises étaient plus jolies que les filles d'ici. J'étais rouge comme une tomate. Fichue timidité. Son frère Mario, voyant mon embarras, demanda à Massimo de me lâcher un peu et celui-ci se calma, un grand sourire sur le visage. Arrivé devant l'école, ils m'accompagnèrent au secrétariat où je fis mon inscription. La secrétaire me donna mon emploi du temps.
Mario m'observa et m'annonça que nous étions dans la même classe. Je fus soulagé. J'avais au moins quelqu'un que je connaissais pour mon premier jour. Nous arrivâmes en classe et, après les présentations habituelles, nous commençâmes avec une de mes matières préférées, le latin. Sur le temps de midi, après avoir mangé, il me fit visiter l'établissement. C'était un immense bâtiment rempli de couloirs. J'espérais me familiariser rapidement avec ce dédale de couloirs. Quel labyrinthe ! Il dut voir mon trouble car il me prit par les épaules et me dit : T'inquiète pas, l'ami. On s'y habitue vite. N'est-ce pas un mini Poudlard avec ses rangées interminables d'escaliers, ses grandes allées et ses nombreuses classes ? Il abordait un sourire malicieux et je compris aussitôt que nous étions amis. A la fin de cette première journée, je faisais donc partie de la bande. Mario était très intelligent et me proposa de me remettre en ordre pour les cours que j'avais manqué. J'acceptais et l'invitais donc chez moi en début de soirée. Il parut hésiter mais me promit d'être là. De retour à la maison, ma mère était déjà en train de préparer le dîner. Elle me demanda comment s'était passée ma journée. Je lui parlais de mes amis et elle parut heureuse de voir que je m'adaptais bien. Je l'informais que Mario passerait chez nous ce soir. Mon père arriva à ce moment-là, les bras chargés de rouleaux de papiers peints. Mes parents avaient passé la journée à feuilleter des catalogues et avaient choisi un papier peint de couleur beige doré, espérant donner plus de luminosité à la pièce. Il déposa le tout sur la table de la salle à manger et me lança un catalogue pour que je puisse choisir les tons de ma chambre. Je jetais un coup d'œil sur la couverture et vis que ça venait d'un magasin appelé Leroy Merlin.
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La prison de verre - Derrière Le Miroir
TerrorMichaël Blanchart, adolescent français doit quitter la France avec sa famille pour vivre en Belgique dans un petit village reculé de la région binchoise. Dès son arrivée dans la maison de son grand-père, une sinistre maison de corons, des phénomènes...