Voici venu le temps des cathédr- Euh. Non. Voici venu le temps du mot de la fin (vous êtes contents d'avoir la chanson dans la tête ? Promis je vous aime).
Pfiou !
Voilà. C'est pas mal, comme mot de la fin, non ? Blague à part, ça résume en fait assez bien les choses. Qu'il fût étrange de se replonger avec vous dans cette histoire. Mais si vous lisez ces mots, c'est que vous faites sans doute partie de mes jolies rencontres de Wattpad, et je tiens à vous remercier du fond du cœur pour votre aide et votre soutien ♥
Avez-vous l'impression d'avoir lu une histoire d'amour ? Non parce que c'était ça, l'envie motrice derrière ce projet. Plus qu'une envie, d'ailleurs, un besoin : celui d'écrire une histoire d'amour qui se termine mal... mais qui se répète, à l'infini, sous différentes formes. Et qui de temps en temps, d'une époque à une autre, d'une enveloppe corporelle à une autre, fonctionne peut-être, fonctionne enfin.
Bon, on ne va pas se mentir, pour l'instant personne n'a repéré les indices (j'avais pourtant l'impression d'en faire des caisses, parfois, à parler de "nouvelle vie" tous les deux chapitres avec la subtilité d'une pub sur Times Square). Mais je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose : j'espérais que ce serait le genre d'histoire qu'on lit sans vraiment comprendre, jusqu'à la mise en lumière finale. Je sais pourtant qu'il existe un risque que le lecteur ne s'y investisse pas pleinement et qu'il soit trop tard, à la fin, pour raviver son intérêt. Ourale, si tu passes par là, sache que tu as quand même trouvé la clé, et très tôt (je ne savais même pas comment te répondre, j'étais bouche bée devant mon écran, à la fois surprise, mais rassurée)... mais ensuite tu as oublié que tu avais trouvé sans le savoir (non, je ne souris pas sournoisement, qu'est-ce qui vous fait penser un truc pareil ?). Et Leo, tu vas peut-être me dire qu'en te mentant je t'ai empêchée de trouver... mais pas vraiment, en fait je me suis justement débrouillée pour te répondre sans te mentir *ouvre son parapluie pour se protéger malgré tout du lancer de tomates*
Je voulais raconter les occasions ratées et les secondes chances. J'ai jamais su choisir, toujours eu du mal à ne pas voir les décisions comme des deuils. Alors je voulais écrire des personnages qui se trompent en beauté, mais qui ont la chance de se rattraper, de corriger, de faire autre chose, voir autre chose, être autre chose. Entre le temps qui passe et les nouvelles angoisses qui débarquent et consument, j'avais à cœur d'écrire une histoire dans laquelle tout est éternel.
Bon, évidemment, il a fallu que j'aille rajouter une ambiance dark academia, des meurtres, des gamins justiciers, la Prohibition, tout ça, hein, sinon ce n'est pas drôle et on s'ennuie. Mais on s'ennuie peut-être déjà, vous me direz (désolée si c'est le cas).
En partageant ce projet avec vous, je me suis aperçue qu'il fonctionne surtout pour moi. Peut-être que personne ne pourra comprendre, pardonner et souffrir avec Cyrielle comme je comprends, pardonne et souffre avec Cyrielle. Peut-être que le charme de Laurie n'opèrera sur personne comme il opère sur moi. Peut-être que personne ne souhaitera qu'ils finissent ensemble comme moi je le souhaite. Peut-être que personne ne comprendra que je voulais juste parler d'amour (ne me demandez jamais d'écrire une romance, vous risqueriez d'être mal servis). Et au fond j'imagine que c'est normal : ce roman, après tout, c'est un roman-thérapie, en témoigne le nombre astronomique de gros mots qui en salissent les lignes. Peut-être qu'il n'est pas fait pour résonner plus fort que ça.
Aujourd'hui j'ai plus d'amour pour ces personnages que pour les souvenirs qui leur ont donné vie. On gaspille parfois de son âme pour les mauvaises personnes, vous trouvez pas ? On s'érode pour rien, on devient froid bêtement, et on se dit que c'est dommage : si on avait pu choisir, revenir en arrière, tout réécrire. Mais je lis mon excipit et je ressens exactement ce que j'avais prévu de ressentir quand j'ai commencé à réfléchir à ce roman, l'esprit en spleen, la peau au contact du sable, le regard perdu dans l'océan et l'insolation au bout de mon chemin. Alors n'essayez pas de me faire croire que la magie n'existe pas ; c'est peine perdue.
Merci à vous si vous avez suivi les aventures de mes femmes-tornades jusqu'à la fin, ou même si vous n'avez lu que le début, une partie, peu importe. Vos retours sont précieux, ma reconnaissance infinie ♥
~c.b.h
P.S : Depuis quelques jours j'ai la phrase de Greta Gerwig en boucle dans la tête. "I write to figure out what the story is" [1]. Elle n'est pas la seule à dire ça, et je crois bien qu'ils ont raison. Parfois j'aimerais que la première version d'une intrigue soit la bonne, mais ce n'est pas toujours possible. Ici, en tout cas, je me rends bien compte qu'en l'état ça ne fonctionne pas. N'hésitez pas à me faire remonter les problèmes, ne vous censurez pas :)
En pêle-mêle, il y a au moins ceux-là (ne vous embêtez pas à lire cet horrible pavé, hein, je les mets surtout en mots pour m'aider à réfléchir) :
1) À Oxford : vous avez détesté Cyrielle et ça s'est avéré irrémédiable, la tragédie amoureuse oxfordienne n'a embarqué personne (zéro émotion du côté des lecteurs, c'est quand même un comble vu la façon dont ça me touche, moi), Hoffman (et sa relation avec Cyrielle) manque de crédibilité/développement, j'avais mal géré l'intrigue de l'incendie sur la fin dans la première mouture (quid de l'enquête, pas de coupable, pas de justice ?) mais j'espère avoir à peu près rattrapé le coup en corrigeant un peu, j'avais à cœur de donner à Cyrielle une fin heureuse (en apparence, du moins, parce qu'en creusant : Cyrielle mène une vie qui n'est pas celle qu'elle a choisi par intérêt mais celle pour laquelle se destinait son frère, elle perd son grand amour, et elle va mourir jeune, vers 27 ou 28 ans - ce qui donnera naissance à Bennett -, mais off camera) ... mais les lecteurs, eux, voulaient la voir sombrer/payer plus cher ses erreurs.
2) À Chicago : je pense que je dois étoffer cette intrigue. Elle ne fait que 20k mots (contre 30/40 pour Cyrielle et Bennett), elle est sans doute trop courte. Il faut que j'enlève l'histoire du phare cassé mal réparé par Harry (Harry n'a aucune raison de se sentir coupable de la mort de Charles, ça n'a aucun sens et n'apporte rien). Peut-être faudrait-il aussi que je développe davantage son personnage, son passé, ses secrets, son expérience de la guerre ? Idem pour Trevor ? Personne n'a aimé Trevor, d'ailleurs, si ? En fait je ne sais même plus si vous étiez censés aimer Trevor, ou juste le voir comme une erreur.
3) À Somerville : je ne suis pas sûre d'assumer le côté Club des Cinq/Disney, je dirais que je visais un côté rocambolesque/un peu déjanté... mais globalement vraisemblable. Je suis attachée à l'esthétisme de la littérature, c'est vrai, j'aime bien quand tout y est un peu plus beau, un peu plus fou, un peu plus vibrant de couleurs, mais je n'ai pas envie de prendre en otage l'incrédulité des lecteurs en permanence. J'ai aussi souffert avec la relation Bennett/Joey, le côté tyrannique de Bennett a été difficile à atténuer, je me suis acharnée à faire en sorte que ça reste équilibré, que ça ne soit jamais méchant, mais je ne suis pas certaine d'avoir réussi. Joey, c'est la réincarnation qui suit Laurie alors il traîne une certaine culpabilité, un besoin constant de veiller sur Bennett. Parce que c'était déjà là à l'époque de Laurie, parce que Cyrielle n'allait pas bien, parce que dans la vision que j'en ai, elle est morte avant lui et je pense qu'il est peut-être mort à son tour, ensuite, à cause de ça (et aussi parce que Bennett est un danger pour elle-même dans sa quête permanente de justice/d'héroïsme qu'elle doit aux erreurs de Cyrielle). Mais en même temps, je voulais aussi que chaque personnage ait son identité propre (chaque renaissance est un renouveau, ils portent leurs vies passés mais se reconstruisent aussi dans leur nouvelle existence), alors... Bon. Je ne sais pas. Il y a aussi le problème de l'intrigue de Cousin Bobby, qui est beaucoup trop floue. Comme on est du point de vue de Bennett, qui n'a pas toutes les infos, il me semble que ça s'explique en partie, mais pas complètement. Il faudrait expliciter que la police n'a pas de preuves des activités criminelles de Cousin Bobby, qu'ils essaient de le faire tomber pour une broutille façon Al Capone, d'où la nécessité de trouver des témoins, qu'il est en liberté conditionnelle parce qu'il a un bon avocat, etc, etc, bref rendre tout ça plus crédible. J'ai aussi un problème de technologie (mais bon, les années 60, 2019, c'est du pareil au même, non ?), et de caméras de sécurité, et d'âge (Bennett qui ne veut pas quitter l'enfance, versus Joey qui parle comme un adulte, bilan personne ne se conduit comme attendu).
C'est bon, cette fois j'arrête de parler. Après on va dire que si mes personnages sont bavards c'est parce que moi, je suis bavarde, mais pas du tout, hein ? Pas du tout, du tout, du tout. Quelle idée.
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Cyrielle
General FictionOxford, Angleterre, 1998. Cyrielle, dix-neuf ans, entre en première année de droit dans la prestigieuse université d'Oxford. Lorsqu'elle entend parler de fraternités secrètes et d'une dangereuse compétition qui se jouerait entre les murs de l'école...