Bobby partit d'un grand éclat de rire.
« Mais détends-toi, ma jolie, je ne fais que m'amuser. » Il se saisit de l'araignée et, doucement, la replaça dans son vivarium. « Nous n'avons pas besoin que tu nous aides à mettre le grappin sur ton oncle. » Il claqua des doigts et un homme s'avança vers elle, son téléphone portable à la main. « Danny-boy accourra dès lors qu'il recevra ce message, ne t'en fais pas. Souris pour la photo. » Bennett fut aveuglée par un flash. « Je voulais juste te faire un peu peur. » Elle entendait sa voix, n'avait toujours pas recouvré la vue. « T'apprendre à te tenir tranquille comme une gentille petite fille modèle. J'espère bien que t'as retenu la leçon. »
Il posa une main sur son crâne, lui ébouriffa les cheveux, rit davantage, et puis les laissa seuls.
« Danny ne viendra pas », murmura-t-elle lorsqu'il fut parti.
Elle était à bout de souffle, avait envie de vomir. Voyait de nouveau, et aurait préféré rester plongée dans le noir.
« S'il est en danger, il cherchera à se sauver, lui, et puis c'est tout. »
Il ne se démènerait pas pour secourir l'aimant à problèmes qui lui servait de nièce.
« Bien sûr, qu'il viendra », lui rétorqua Joey sans hésiter une seule seconde. Son visage était livide, mais sa voix ne tremblait pas. « Tu lui causes des milliards de soucis, mais tu sais bien qu'il t'aime. Il ferait n'importe quoi pour toi. »
Bennett secoua la tête.
« Non, Joey, tu ne... Tu ne sais pas. Tu n'étais pas... Tu ne comprends pas, tu ne peux pas comprendre. »
Tout était devenu si confus dans son esprit qu'elle ne savait plus très bien qui parlait de qui. Qui avait trahi qui. Qui avait abandonné qui.
(C'était elle, bien sûr.)
(Elle, qui avait trahi tout le monde.)
« Danny viendra, répéta Joey avec fermeté, la défiant presque de remettre une nouvelle fois en cause son avis. Et s'il se défile, ton père nous tirera de là. »
De cela non plus, Bennett n'était pas sûre, mais elle se retint de partager ses doutes avec lui. Joey n'était pas là. Il ne savait pas à quel point Ted l'avait haïe ce matin, à quel point il devait la haïr au moment même, et à quel point elle méritait toute cette haine. Il ne comprenait pas, comment aurait-il pu, il ne l'avait pas entendu hurler son ire, sa déception, son désespoir, ne l'avait pas entendu s'époumoner à en frôler la mort.
Ted hurla son nom et elle se figea, debout sur la dernière marche de l'escalier. Il avait tout découvert. Évidemment, qu'il avait tout découvert. Elle rassembla son courage et grimpa jusqu'à l'étage.
Cousin Bobby surgit dans la pièce et se précipita vers les araignées. La porte claqua derrière lui et les deux enfants sursautèrent d'un même mouvement. Le forcené dénombrait les insectes en les désignant chacun de l'index. Il marmottait en dialecte, de nouveau. Avaient-elles donc des noms ? Il s'arrêta, leva la tête vers le plafond en fermant les yeux comme pour se souvenir de quelque fait important, puis recommença à compter en repartant depuis le début.
« T'en fais pas, elles sont toutes là, pesta Bennett sous cape. Et j'aimerais qu'elles te dévorent tout cru. »
Il se retourna vers elle d'un geste brusque. S'approcha d'un pas lent.
« Un ange au milieu des flammes, dit-il en caressant ses cheveux. C'est comme ça qu'on a décrit la fillette, tu sais. Une fillette à la chevelure blanche comme neige, tombée du paradis. Un ange au milieu des flammes.
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Cyrielle
Ficção GeralOxford, Angleterre, 1998. Cyrielle, dix-neuf ans, entre en première année de droit dans la prestigieuse université d'Oxford. Lorsqu'elle entend parler de fraternités secrètes et d'une dangereuse compétition qui se jouerait entre les murs de l'école...