"Time to see if my luck is any better than the next time"
Lee
Il n'avait encore rien dit, mais il la dévorait du regard. Une lueur de joie sincère irradiait au fond de ses yeux gris. Presque. Presque sincère. Il n'était pas accompagné de son meilleur ami, ce soir-là, mais d'une femme d'une beauté éblouissante, cheveux blonds coupés à la garçonne, regard souligné d'un trait de khôl. Ses colliers tombaient avec grâce sur son décolleté ; Lee pouvait voir les perles trembler à chaque fois que sa poitrine se soulevait. Son cœur, de toute évidence, battait la chamade. Et sa tête était posée négligemment sur l'épaule de Trevor O'Sullivan, dont la joue portait des stigmates de rouge à lèvres.
« Vous avez quelque chose qui m'appartient », dit-il en s'adressant à Lee.
Cette dernière fixait sans s'en rendre compte la main de Trevor, qui caressait dans des gestes distraits le genou de sa partenaire pour la soirée.
« Ma montre, précisa-t-il, et Lee plaça ses deux poings sur ses hanches, sentant une étrange colère grimper du fond de son être.
— Votre montre était un gage de votre honneur et de votre respect. Si vous avez traîné votre petit air sournois jusqu'ici les mains vides, croyez-moi sur parole, vous en repartirez les pieds devant. Sans votre montre, de surcroît. »
Les doigts de Trevor s'étaient perdus sous la robe de celle qui l'accompagnait. Il y avait quelque chose d'hypnotique, de magnétique, dans la lenteur, la langueur de ses mouvements. Lee sentait sa peau s'empourprer et savait que Trevor discernait chaque nuance qui, progressivement, l'emmenait du bronze vers le rouge sang.
« Où est votre ami, chaton ? », demanda-t-elle pour retrouver une certaine maîtrise de la situation.
Il sourit en entendant ce surnom presque affectueux, presque insultant, et captura entre ses lèvres celles de sa partenaire tout en fouillant sa veste.
« Il ferait mieux d'être en chemin.
— Inutile », déclara-t-il en laissant la jolie blonde respirer.
L'avait-il mordue ? Sa bouche était si rose. Trevor sortit de sa poche une liasse de billets, qu'il compta un par un avant de les tendre vers Lee.
« Six cents dollars. En échange de ma montre, s'il vous plaît. »
Elle attrapa l'argent et pivota sur ses talons pour lui tourner le dos, le temps de saisir l'objet qu'elle avait dissimulé contre sa peau, sous le tissu de sa brassière.
« J'ai entendu beaucoup de choses à votre sujet, Marissa, annonça Trevor en récupérant ce qui lui appartenait.
« Ah oui ? Vous vous renseignez sur toutes les serveuses des établissements que vous fréquentez ?
— Seulement celles que je pourrais envisager d'épouser, et celles qui menacent de me tuer.
— Que de monde cela doit-il faire. J'espère bien que vous prenez des notes pour n'en oublier aucune.
— La première chose que j'ai apprise à votre propos, c'est que Marissa n'est pas votre vrai nom.
— Ça l'est entre ces murs.
— Ce qui fait de Marissa...
— Une performance », riposta-t-elle en haussant les épaules.
Trevor se recula au fond de son siège. Ses yeux jetaient des éclairs tout autour de lui et une drôle d'électricité statique semblait s'échapper de ses doigts.
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Cyrielle
Ficção GeralOxford, Angleterre, 1998. Cyrielle, dix-neuf ans, entre en première année de droit dans la prestigieuse université d'Oxford. Lorsqu'elle entend parler de fraternités secrètes et d'une dangereuse compétition qui se jouerait entre les murs de l'école...