Through your eyes (EN PAUSE)

1 - la mauvaise commande

  Voilà comment tout a commencé.

D'un point de vue extérieur, moi-même je peux vous confirmer que c'est stupide et pourtant... Il a suffi d'une seule minuscule erreur de commande pour que depuis je le retrouve sur mon chemin. Pire qu'un chewing-gum collé sous votre semelle de chaussure ou une tique dans les poils de votre animal de compagnie.

Là aussi, je sais de quoi je parle, croyez-moi !

Mais bon, commençons par le commencement.

Comme toujours, j'ai la tête ailleurs lorsque que je me retrouve chez Latte & Co ! mon endroit préféré dans toute la ville de Londres. C'est dans ce lieu toujours calme et paisible que je choisis d'écrire mes histoires sur mon MackBook que j'embarque partout avec moi. C'est mon amant à moi. Je ne fais pas un pas sans lui, ce bien technologique beaucoup trop précieux. Il m'a été offert à Noël dernier par ma tante après que mon pc portable m'avait lâchement lâché. Pour sa défense, j'en suis la responsable. Ca m'apprendra à prendre mon petit déjeuner dessus. Mon jus d'orange avait inondé ses circuits intérieurs et avait rapidement rendu l'âme. Ca faisait que deux mois que je l'avais et mes parents n'ont pas voulu m'en racheter un.

« T'as qu'à te le payer avec ton propre argent ». Voilà ce qu'ils m'avaient dit. Je m'étais retenu de leur rire aux nez. Ca n'aurait pas arrangé mes affaires mais cette réplique, je l'avais entendu un million de fois, qu'elle me faisait l'impression d'un robot défectueux qui répétait en boucle la seule chose qu'il savait dire.

Non que je ne voulais pas devenir indépendante de ce côté-ci. Ce n'était pas un manque de volonté. C'était surtout un manque de temps. La fac me prend la plupart de mon temps et le mercredi ainsi que les weekend – les seuls jours où je peux aller chez Latte & Co ! sont réservés à mon écriture. Je passe mes journées entières à écrire et parfois, il m'arrive de sauter quelques repas tellement je ne peux pas lâcher mon clavier. Quand l'inspiration est là, il vaut mieux tout écrire de suite qu'attendre et tout perdre. Surtout si on a mon cerveau. J'ai des idées dans tous le sens et mon ordi doit compter une bonne dizaine de manuscrit tous commencés mais jamais terminés.

Alors je m'étais tourné vers ma tante qui était mon soutien infaillible dans ma passion où j'espérai bien en faire mon avenir. Compréhensive et me voyant dans le besoin, elle m'avait donné son accord en me faisant promettre de ne rien dire aux parents. Comme si je l'aurais fait ! Depuis que j'avais déballer le MackBook le matin de Noël, j'étais aux petits soins avec lui autant que je pouvais l'être avec Joyaux et Princesse.

Mes amours à poils.

Je suis en plein milieu de la rédaction d'un chapitre qui me happe quand je suis interrompue dans mon élan par le serveur. Habitué à la présence silencieuse de Ricky, qui savait combien m'interrompre était une malédiction pour les années à venir, je relève les yeux de mon écran pour croiser deux iris gris-bleus à la place de son regard noisette familier.

Visiblement, c'était pas Ricky aujourd'hui.

Le nouveau serveur se passa une main à l'arrière de sa nuque comme s'il était soudainement embarrassé, ses yeux furetant partout sauf sur moi.

— Bonjour, je peux vous aider ?

En principe, je ne suis pas l'âme généreuse. Je souhaite juste qu'on me laisse écrire tranquillement. Sauf que ce pauvre garçon pour qui ça a l'air d'être son premier jour me fait pitié. Puis, plus vite il partira et plus vite je pourrais retrouver Zaria et Drake, mes personnages qui occupent ma vie depuis... Eh bien seulement deux semaines.

— Je sais que je ne suis pas censé vous interrompre mais je suis nouveau ici et je ne connais pas encore les habitués des lieux...

Apparemment, Ambroise, le propriétaire des lieux à déjà fait ma fiche à ce nouveau serveur. Comme vient de le dire notre jeune ami, je suis effectivement une habituée du salon de café. Et Ricky que j'ai croisé pas plus tard que le week-end dernier était devenue une excellente amie. A ses heures de pauses et quand je n'écrivais pas, on bavardait tout le long et quand j'écrivais, elle restait quand même à ma table en se faisant la plus discrète possible. J'adore Ricky et je trouve ça étrange qu'elle ne soit pas là aujourd'hui. J'espère qu'elle va bien, au moins...