J'ai faim.
J'ai même la dalle et l'odeur émanant de la cuisine ne m'aide en rien. Ca s'infiltre sous ma porte pour me narguer. Je pourrais aller manger mais pas tant qu'Evan sera là. Pour une fois que je souhaite le voir absent, le voilà qu'il reste.
Pourquoi le karma me déteste à ce point ?
Et comme si ce dernier venait de m'entendre, voilà qu'on frappe à ma porte. Moins d'une seconde plus tard, c'est la voix de la seule personne ici que j'entends :
— Tu viens manger ?
Je suis tellement stupéfaite devant sa question posée comme si rien ne s'était passé juste avant que je mets du temps à trouver comment formuler une phrase. Et Evan derrière la cloison, s'impatiente :
— Hayley... ?
Je déteste quand il prononce mon prénom.
— Je n'ai pas faim, réponds-je en regrettant déjà d'avoir dit ça.
Mais heureusement pour moi, Evan est du genre obstiné.
— Pourquoi je n'y crois pas ? (je ne sais pas pourquoi cela semble l'amuser soudainement) Tu ne crois pas qu'il faudrait qu'on se comporte en adulte ?
— Dit celui qui se fait bastonner quotidiennement.
Je plaque aussitôt une main devant ma bouche mais c'est trop tard. Les mots ont éclatés et cette fois, je regrette vraiment d'avoir laissé parler mon impulsivité. Derrière la porte, un lourd silence se fait.
— Je suis désolée, dis-je, le pensant sincèrement.
C'était pas fair-play. Je lui ai demandé de ne pas franchir mes limites mais voilà que je le provoque sur les siennes. Je vaux mieux que ça, bon sang.
Je crois discerner un lourd soupir.
— Sors de là alors.
Une perche. Pourtant j'hésite. Pas longtemps cependant, car mon estomac se met fortement à protester et me hurle d'aller le nourrir. Autant se rendre à l'évidence, je crève la dalle. Alors j'ouvre la porte, me trouvant nez à nez face à Evan, une hanche appuyée contre le mur à côté, les mains dans les poches de son jogging qu'il lui va un peu trop bien.
Il est beau, est la première chose que je pense avant de l'ignorer aussi sec en suivant.
— Qu'est-ce qu'on mange ? m'informé-je en le dépassant pour rejoindre la cuisine où la délicieuse odeur m'allèche et m'attire comme un ours devant du miel.
— Je sais pas si t'aimes le lapin mais ma sœur en a préparé, répond-il dans mon dos.
J'attends qu'il soit dans mon champ de vision avant de rétorquer, sarcastique :
— Et là, laisse-moi deviner : tu t'attends à ce que je sois horrifié comme tout le monde parce qu'on va manger du lapin. Je me trompe ?
Le rire coupable que j'entends me confirme que j'ai vu juste.
— Mais à ce que je vois, ce n'est pas le cas.
— Je suis rarement comme tout le monde, marmonné-je.
— C'est ce que je suis en train de comprendre oui. Parce que si tu étais comme tout le monde, tu ne serais pas ici mais à la soirée où les autres sont allés.
— Et toi, alors. Qu'est-ce tu fais ici au lieu d'aller je ne sais où comme d'habitude ?
Je m'attends à tout moment à ce qu'il m'envoie me faire foutre mais il me surprend en me fournissant une véritable réponse. Enfin c'est déjà mieux que rien, je suppose.
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Through your eyes (EN PAUSE)
RomanceOn dit que les yeux sont le miroir de l'âme. Hayley rêve depuis toujours de vivre en colocation alors quand son rêve devient réalité, elle saute sur l'occasion. Mais parmis les adorables Olivia, Ella et Sophy qui l'accueille, ainsi que Snow le chat...