Through your eyes (EN PAUSE)

17 - quand insomnie rime avec analyse, je prends le risque

Evan

Habituellement, le chat de ma sœur ne m'apprécie pas. Mais comme j'ai dit, « habituellement » car aujourd'hui, rien ne me semble habituel. Que ce soit de la thérapie tout sauf professionnelle de cet après-midi avec Hayley ou bien le fait que je la retrouve dans une rue auquelle elle n'aurait jamais dû mettre les pieds, menacé par Roy qui tenait un couteau sous sa gorge. Ou encore, le fait que ma sœur rentre à la maison complètement ivre morte sans aucune explication.

Ou aussi le fait que je suis en train de faire une recherche sur le web tout sauf professionnelle une fois de plus à propos du passé de ma colocataire. J'ai besoin de comprendre le pourquoi du comment de tout ça. Que ce soit ce que j'ai lu ou qui cherchait à la menacer sans pour autant se montrer mais filant le boulot à quelqu'un d'autre. Mes pensées de meurtres ne se sont pas tari envers Roy. Bien au contraire. Rien que de revoir la scène, je me demande encore ce qui me retient d'aller lui refaire le portrait et qu'il ne touche plus jamais un seul cheveu d'Hayley Sullivan.

Je ne sais pas pourquoi d'un coup cette fille m'importe autant. Surtout qu'on se connaît toujours à peine malgré qu'on vive sous le même toit et que nous nous voyons régulièrement à la fac. Elle reste toujours un profond mystère pour moi, une énigme à résoudre et peut-être, je dis bien peut-être que je souhaite gagner sa confiance.

Mon côté psychologue veut l'aider mais le côté homme et juste celui-ci semble vouloir quelque chose d'autre où je ne préfère pas m'attarder.

Mais c'est impossible de ne pas sentir cette tension quand nous sommes seuls. Ses regards comme si elle essayait de lire à travers mon âme ou ce soir-là... Quand sa tête s'est posée si familièrement sur mon épaule que pendant un instant, j'ai perdu le sens de la réalité. Tout ce que je pouvais sentir étaient la façon dont mon pouls s'était affolé, ses doigts entre les miens et son souffle qui me faisait frémir contre mon cou.

J'ai essayé d'oublier cet instant mais c'est impossible. Comme de l'ignorer elle. Comme j'ai dit, elle est pas quelqu'un qu'on ignore et faudrait me montrer qui aurait eu le courage de passer son chemin sans même se retourner vers elle.

Ou alors c'est juste moi qui se sent inexplicablement attiré vers elle. Or, Hayley est très éloigné de mon genre de filles. Je m'intéresse aucunement aux personnes renfermées sur elle-même quand moi-même je le suis déjà. Alors pour éviter d'attirer trop l'attention sur moi et ma putain de vie, je ne chope que des nanas qui dévient l'attention des autres sur elles et elles seules. Et bien que ça devienne rapidement chiant, au moins je suis tranquille.

Je pousse un soupir et me frotte les yeux. La lumière bleu de mon ordi commence à m'épuiser et mes recherches n'ont absolument rien donné. Ce qui est très étrange car de nos jours, qui ne poste pas sa vie entière sur les réseaux ? Eh bien apparemment, ma coloc qui est un véritable fantôme sur Internet. Aucun profil sur les réseaux ni aucune photo ou vidéo. J'ai même essayé les plateformes d'écritures mais à moins qu'elle utilise un pseudo, il n'y a rien à son identité.

A ma droite, Snow ronronne, enroulé sur lui-même. Je n'ai pas eu beaucoup d'occasions de faire connaissance avec le chat d'Olivia et les rares fois où je revenais chez moi, ce félin passait son temps à feuler dans ma direction. J'ignore qu'est-ce qui a changé dans son avis de ma personne mais je ne vais tout de même pas me risquer à y laisser deux ou trois doigts en tentant de le caresser. Qui sait ce qu'il pourrait me faire sur un coup tête ?

Un peu plus loin couché sur le radiateur et ses yeux verts grands ouverts, le second félin d'un poil gris qui donnent l'impression d'avoir des reflets bleus me fixent depuis maintenant plusieurs heures. Rendre le regard au chat d'Hayley me fait indubitablement penser à elle. En plus d'être une amoureuse de son pc et de ses livres – autant les siens que ceux des autres – elle a une véritable dévotion pour ses compagnons à quatre pattes. Je ne regrette pas de lui avoir dit de garder sa chienne avec elle. Je sais que les animaux peuvent être bien plus thérapeutiques que les êtres humains quelque fois. Et le cavalier King Charles blanc et feu semble prendre son rôle très à cœur. Et puis, je dois bien admettre que cette chienne est absolument adorable.