5 - insomnie

52 6 4
                                    

L'écran de mon pc est la seule lumière dans la chambre. Il est plus d'une heure et demie du matin et au contraire de mes colocs, je ne dors toujours pas. Depuis deux ans maintenant, je suis insomniaque. J'ignore la raison et je n'ai même pas cherché, pour dire. A la place, j'ai choisi de mettre ce temps perdu de sommeil ou plutôt de non-sommeil pour continuer d'avancer dans mes écrit.

Mais ce soir, même ici, ça coince.

Je fixe avec désespérance ma phrase en cours sans trouver la suite. Je ne suis pas concentré sur mon histoire car tout ce que je vois encore et encore ce sont les bleus sur le visage de Tueur de Latte. Cela et la détresse d'Olivia. Apparemment, au vu de la réaction de mon amie, ce n'était pas la première fois qu'elle était confronté à une situation comme celle-là. Et le frangin non plus.

Moi, tout ce que je me pose comme question depuis qu'il est rentré, c'est comment s'est-il fait ça. Ou plutôt où et surtout pourquoi.

Je ne sais pas pourquoi soudainement la vie d'Evan m'intéresse alors que je le supporte peu. Voire pas du tout. Mais pour l'écrivaine que je suis qui écrit énormément de romance avec des héros torturés, j'ai l'impression que Evan est soudainement ce héros.

Mais tu n'es pas l'héroïne alors reste à ta place avant de faire quelque chose de vraiment stupide.

Sauf que la situation de tout à l'heure m'a vraiment troublé. Et je ne parle pas que de la tristesse d'Olivia mais également de la résignation dans la voix de son frère quand il lui a répondu. C'est comme s'il était hermétique à tout ça. Comme si rentrer chez lui après un cassage de gueule dans les formes était tout ce qui était de plus banal.

J'ai beau le détester depuis notre première rencontre au café, je ne peux m'empêcher de me demander comment il va. Ce ne sont pas mes affaires et je devrais m'en foutre de sa vie mais je n'y parviens pas.

Une part de moi se demande si je ne suis pas en train de confondre fiction et réalité. Ce qui serait très probable car quand je suis dans mon monde, parfois je ne me rends pas compte de certaine chose.

Pourtant...

Je ferme les yeux et soupire.

— Tant pis, j'ai besoin d'en avoir le cœur net.

Je ne parviendrai jamais à boucler mon chapitre si je n'ai pas viré la question « Evan » de mon esprit. Résolue à m'en débarrasser au plus vite, je pose mon pc à côté de moi sur le couette et saute du lit pour sortir de la chambre.

J'ai l'air complètement ridicule. Et pathétique aussi.

Avec un peu de chance, il ne sera pas hors de sa chambre et je pourrai retourner à la mienne sans que personne n'est eu vent de cette histoire embarrassante et un brin désespérée aussi, faut bien l'avouer.

Sauf que le karma est un connard.

Car quand j'arrive au bout du couloir, Evan est dans le salon. Affalé sur le canapé avec une bière à la main.

Une bière à une heure du mat ? Presque deux heures, même ?

Je devrais rebrousser chemin et c'est ce que je m'apprête à faire quand comme s'il avait senti une présence dans l'obscurité, il tourne la tête dans ma direction. Pétrifié, je n'ose plus un geste ni même respirer. Ce que mes poumons contestent fortement.

La lumière bleue de la télévision allumée éblouit et éclaire la pièce en entière. J'ignore combien de temps on passe à se fixer avant qu'il ne soit le premier à détourner le regard. Dieu merci, j'ai bien cru y rester !

— Le son est trop fort ?

Je sursaute, ne m'attendant pas à l'entendre.

— Euh, quoi... ?

Sans même me jeter un regard comme s'il s'était soudainement désintéressé de mon cas, il répète sa question, laconique.

— Oh, euh non... J'ai juste... Soif ! Ouais, c'est ça. J'avais juste soif. Mais c'est passé alors je vais te laisser...

Je commence déjà à reculer, pressé de retourner dans mon refuge quand il m'interrompt :

— Je t'indique pas la cuisine.

Effectivement, je sais où elle est. Bon sang ! Dans quoi est-ce que je me suis empêtré ? Le pire en plus est que je n'aie même pas soif ! Sauf que si je n'illustre pas ma pitoyable excuse, ça va être encore plus gênant.

Dépité, je soupire discrètement et sors de l'ombre du couloir pour contourner le canapé et aller me servir donc, un verre d'eau. Evan ne dit pas un mot, le son bas de la télévision comme bruit de fond.

Je suis en train de me forcer à boire mon verre que je viens de remplir quand sa voix intervient de nouveau. Plus hésitante. Concernée.

— Comment va Olivia... ?

Mal, abruti, aie-je envie d'aboyer mais je n'en fais rien. Pour ce soir, je crois qu'il a pris assez de coup. Au sens littéral du mot.

— Tu devrais lui demander, dis-je à la place.

Seul son silence me répond. Pour ma part, je m'empresse de finir mon eau avant de m'enfuir d'ici en vitesse.

— Bonne nuit, je lance en repartant dans ma chambre.

Il ne répond pas mais je m'en moque. Quand la porte se referme derrière moi, je pousse un profond soupir.

— Plus jamais je ne refais ça.

Une promesse que je sais d'avance que je ne tiendrai pas. Pas s'il continue de se ramener avec la tronche défoncée sans même s'en inquiéter. 

🤠🤠

Hayley commence à se préoccuper d'Evan...mais lui en revanche, semble s'en foutre complètement 🥲

La suite ->

Through your eyes (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant