7 - des limites à ne pas franchir

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Excepté ce rendez-vous de psy à la noix, le reste de ma journée se déroule plutôt bien. Quand je rentre à l'appart en fin d'après-midi, c'est avec une évidence même que je sais que je vais entièrement me concentrer sur la suite de mon histoire en cours. C'est le moment tant attendu d'aujourd'hui.

A peine la porte franchie, que plusieurs miaulements se font entendre. Joyaux se frotte contre mes jambes tandis que Snow moins démonstratif, se contente de me fixer. Mais il n'en attend pas moins autant de caresses que j'en accorde à mon chat. Je laisse tomber mon sac à mes pieds et me baisse à la hauteur des deux félins pour les saluer comme il se doit.

— Eh oui, je suis de retour, ça y est. J'espère que vous avez été sages, hein...

J'ai le droit comme réponse à leurs regards les plus innocents du monde. Bizarrement, cela ne me dit rien qui vaille. Je soupire, me remet sur mes jambes et inspecte l'appart. Je ne tarde pas à trouver la bêtise du jour ; la plante qu'a acheté il n'y a pas si longtemps Sophy est hors de son pot, de la terre au quatre coins de la pièce. Je n'ai même pas le temps de lancer un regard furibond aux coupables que comme s'ils avaient déjà deviné le courroux qui allait s'abattre sur eux, ils prennent instantanément la fuite.

— C'est ça, bande de chenapans, fuyez, oui, maugrée-je.

Et c'est qui, qui va devoir tout nettoyer ?

Je récupère mon sac et l'envoie valser sur le lit avant de revenir dans le salon, armé d'une pelle et d'une balayette. J'aurai très bien pu prendre l'aspirateur mais la fac est déjà bruyante et j'ai eu mon cotas de boucan pour la journée. Puis, prendre l'aspirateur juste pour un peu de terre, c'est ridicule.

Dix minutes plus tard, la connerie de Snow et de Joyaux est effacée. C'est comme s'il ne s'était rien passé. J'ai même replanté la plante de Sophy du mieux que j'ai pu et je l'aie remise à sa place. Et devinez qui remontre le bout de leurs museaux ?

— Vous avez de la chance que je sois la première à rentrer, aujourd'hui. Si c'aurait été Olivia, vous en aurez pris pour votre grade.

Joyaux miaule.

Et comme je suis faible devant ma boule d'amour, je ne résiste pas à l'attraper et la serrer dans mes bras.

Sauf que c'est au tour du chat blanc de miauler et je lève les yeux au ciel avant de l'attraper lui aussi.

— C'est pas possible d'être aussi jaloux...

Et voilà comment je me retrouve sur le canapé à câliner ses deux félins en manque d'attentions la journée. D'un côté, je me mets à leurs place mais de l'autre, des bêtises tous les jours ne vont pas être possible. On a intérêt à leurs trouver une occupation avec Olivia sinon l'appartement risque de devenir rapidement sans dessus dessous.

*

— Mais qu'est-ce que je fous... ?

Je relis ma phrase mais le fait reste le même. Elle n'a aucun rapport avec l'histoire en cours. Je ne sais comment, je me suis retrouvé à retranscrire mon interlude avec Evan sur mon écran. Bon, pas avec nos véritables personnes mais c'est la même chose. Les répliques sont les mêmes que nous avons échangés sauf qu'à la place de mon pétage de plomb à la fin et de mon sarcasme infini ou autre diversion, l'héroïne lui fournit ses foutus réponses que lui demande le psy.

Et ce que j'ai écrit ne me plait mais alors pas du tout.

Ca sonne trop désespéré. Un brin pathétique aussi. Et même si c'est la vérité, c'est pas pour autant que je vais l'accueillir à bras ouverts.

Through your eyes (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant