25 - foutue jalousie

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J'étais en pleine écriture quand j'ai commencé à entendre Olivia sangloter. Je ne suis pas sorti pour aller voir sachant que Zaria était enfin en train de s'ouvrir à Drake et vice versa. Rien n'aurait pu me faire bouger de ma chaise, pas même mes colocataires aux mille et un problème.

Enfin ça, c'était avant que je ne reçoive un message d'Evan et que je me poste devant la fenêtre. Parce que bien que j'adore mes personnages, ma tête semble encore plus apprécier Tueur de Latte. Quand je l'ai vu dehors, sans blouson et juste à fixer la fenêtre de ma chambre malgré les étages, j'ai saisi que quelque chose n'allait pas. Les demi-confidences d'Ella n'y sont pas pour rien non plus. Pour autant, bien qu'une partie de moi crevait de descendre le rejoindre, j'ai préféré le faire mariner un peu.

C'est son dernier message qui m'a fait ciller. Quelque chose où j'ai senti mon cœur se briser pour cette homme. Alors je l'ai rejoint en ayant penser à prendre le blouson laissé à l'appartement. J'ai vu que mon geste l'a touché même un peu troublé mais soudainement gêné, j'ai préféré minimiser la situation.

Et voilà maintenant où on se trouve : chez mon café préféré avec un latte chocolat pour moi et deux abysses profonds qui ne cessent de m'observer. Il me déconcentre, me stresse à me fixer ainsi et si seulement c'était le seul mais non. Ma nuque me brûle d'un autre regard et je n'ai pas besoin de vérifier pour savoir que c'est Ricky. En venant ici avec Evan sous ses yeux, c'est clair que je vais avoir droit à mon interrogatoire dans les règles. Tout ce que je ne veux pas. Ce style de situation, dans les livres je gère mais pas dans la vie. Excepté Nick qui m'a manipulé, je n'ai jamais eu d'autre relation si tant qu'on peut aller ça ainsi. Je ne sais même pas ce qu'on est et je crois qu'une partie de moi refuse de savoir également. Parfois, mettre des étiquettes sur tout et n'importe quoi, ça ne fait que nous faire entrer dans des cases qui ne sont peut-être pas faites pour nous. Mais est-ce que rester dans l'inconnu, dans l'indécision est fait pour moi ? Je n'en suis pas sûre non plus. Mais je n'ai pas envie de me prendre la tête et peut-être aussi pas envie de me prendre un râteau ou une désillusion en manifestant mes interrogations. Je pourrai tout gâcher et c'est pas ce que je veux.

Tout est bien plus facile derrière un écran et des personnages fictifs.

Je sirote mon latte que j'ai laissé un peu refroidir tandis qu'entre nous, le silence s'éternise. Cependant, ce n'est pas gênant. C'est apaisant. Il y a quelque chose de familier quand je me retrouve seule avec Evan, comme si je le connaissais depuis toujours et ça, en revanche, c'est vraiment troublant.

J'ai envie de lui demander ce qu'il ne va pas, l'écouter se confier mais je sais qu'il n'en fera rien. Alors je garde mes questions pour moi, par respect pour lui. S'il désire seulement ma compagnie, qu'il en soit ainsi. Je mentirai si je disais que ça ne me touche pas qu'il m'ait demandé de le rejoindre. J'en suis flattée.

Néanmoins, je reste encore abasourdie par le fait que j'ai abandonné la rédaction de mon chapitre juste pour lui.

Bon sang.

Jamais je n'ai fait cela pour quiconque mais absolument jamais.

Je soupire mentalement et vide d'un trait ma boisson chaude. Ca brûle mais ça fait une parfaite diversion. Je réprime la grimace et quand j'ouvre les yeux, c'est les sourcils relevés d'Evan que je trouve.

Bien évidemment, aie-je envie de ricaner nerveusement. Rien n'échappe à ses radars d'observateur !

— Tout va bien... ?

Quelle ironie. Ce serait à moi de lui demander ça et non l'inverse. J'hoche la tête en reposant le verre en carton vide.

— Nickel !

Through your eyes (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant