14 - la traque

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Je suis à ça d'hurler dans la rue et d'être prise pour une folle. Mon dos me lance à force d'être aussi raidie et mon cœur me supplie de me calmer avant qu'il ne me lâche. A mes pieds, suivant la même allure de marche que la mienne, Princesse pousse un grognement qui n'arrange rien à mon état déjà bien paniqué. Et moi, je n'arrange pas le sien. Depuis que j'ai quitté la fac, je me sentais comme suivie mais sans signe de Nick lui-même ou de sa bande, j'ai mis ça sur le compte de ma paranoïa. Sauf que mon intuition ne s'est pas envolée, même après avoir fait un détour chez mes parents pour passer le peu de temps libre que j'ai avec ma chienne.

Alors quand celle-ci, à peine sortie de la maison s'est mise à grogner et montrer les dents, j'ai compris que je n'étais pas paranoïaque. J'ai agis comme si tout allait super bien. Juste une personne banale promenant son chien dans la rue.

Mais rien n'est banal car je suis suivie. Mieux encore, je dirai qu'on me traque. J'ai pas l'impression que le ou les coupables essaient vraiment de se cacher. Je miserai plus sur me faire une énorme frousse et je les déteste parce que ça marche. Plusieurs fois j'ai regardé par-dessus mon épaule mais je n'ai jamais vu un seul visage familier et plusieurs fois j'ai accéléré l'allure sans qu'on ne tente de me rattraper.

Mais on est toujours sur mes talons, je le sens et Princesse aussi. Je ne peux pas compter sur elle pour me défendre juste au cas où. Elle a toutes les qualités du chien de salon mais absolument pas celui de garde.

Je m'oblige à inspirer et expirer lentement mais je n'en peine pas large. Ca va faire bien trop de temps que j'essaie de les semer, en vain. Je ne sais pas combien ils sont ou s'il est tout seul. Je ne sais même pas si c'est un coup de Nick ou pas. Je ne sais rien et ça me rend folle. Avec la chance que j'ai, je pourrai tout aussi bien tomber sur le plus gros tueur en série de l'univers et personne n'en saura jamais rien.

L'heure tourne et la clarté disparaît de plus en plus. Je devrai déjà être rentré avec Princesse depuis un moment et de retour à la coloc. Mais non, parce que je suis traqué et je sens qu'un piège va pas tarder à me tomber dessus.

A peine je termine de le penser que je suis brutalement tiré vers l'arrière et qu'une main - qui n'est absolument pas celle de Nick au vu de la puanteur et de l'épaisseur que je sens – se plaque contre ma bouche à m'empêcher presque de respirer par le nez. Cette fois, je suis vraiment terrifié. Dans la foulée, je lâche la laisse de Princesse qui se met violemment à aboyer contre mon agresseur contre lequel j'essaie de me débattre. Aucune chance, le colosse est bien plus imposant que mon poids plume et je n'ai aucun moyen de crier. Toute façon, je crois que mes cordes vocales sont pétrifiées pour oser prononcer un seul mot.

— Fais taire le cabot si tu ne veux pas qu'il lui arrive un malheureux incident, m'ordonne le type d'une voix que je connais pas.

Il dégage juste pendant trois secondes sa main, secondes dont je profite pour crier à ma chienne :

— Sauve toi, Princesse !

Il est hors de question qu'on touche à un seul poil de ma chienne. Moi, j'en ai rien à foutre mais elle, c'est inimaginable. Princesse continue d'aboyer alors que je suis de nouveau bâillonnée et soudainement soulevée sans que je ne comprenne ce qu'il se passe. Puis, tout à coup ma chienne prend enfin la suite après un dernier aboiement, me laissant complètement seule avec un inconnu où tout mon corps me hurle de fuir.

Je tente de crier à travers la main du type dans mon dos mais cela n'a aucun effet. Juste celui de l'énerver et de sentir soudainement un objet froid contre ma gorge. Mes yeux s'écarquillent, horrifié en comprenant qu'il s'agit d'un couteau et qu'il hésitera pas à l'utiliser si besoin.

Through your eyes (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant