Chapitre 7- Sam.

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Vendredi matin, donc deux jours après que Nora et moi ayons accompagné Joshua chez son psychologue, mon cerveau carbure toujours à mille à l'heure. Cet humain ne me sort pas de la tête, je n'en peux plus. C'est pire depuis mercredi, car nous avons lu nos textes au parc, comme prévu. Il m'a appelé "mon amour", il a juste lu son texte, mais une part de moi s'imaginait des choses, ce qui m'a fait rougir quasiment toute la lecture. Comme si je ne rougissais pas assez en temps normal.

Comme si ça ne suffisait pas, je suis à côté de lui en français. Son maquillage est plus discret aujourd'hui, moins appuyé ; mais c'est toujours aussi joli. J'avoue être curieux, je me demande comment est son regard sans maquillage, parce qu'à chaque fois qu'il me regarde, j'ai l'impression étrange d'être transpercé par une lance.

Psssst Sam ! chuchote très peu discrètement Nora. Il faut faire quoi, j'ai pas compris ?

Elle est assise juste derrière nous.

Cherche les figures de style, tu pourras me donner les réponses comme ça !

Je suis nul pour trouver les figures de style.

Pas besoin d'attendre sur elle, tiens, déclare Joshua en faisant glisser sa feuille vers moi.

Comment suis-je censé changer d'opinion à son sujet s'il se comporte comme ça ? Et s'il remarquait que je ne le regarde pas comme un ami est censé le faire ? Nous ne sommes même pas encore vraiment amis, on est en train de le devenir, et je vais sûrement tout gâcher dès le début.

Je me dépêche de recopier sur ma feuille ce que Joshua a souligné sur la sienne. Comme j'apprends mieux si mes feuilles sont colorées, je me tourne rapidement vers Nora pour piquer un surligneur vert pastel dans sa trousse puis surligne les figures de style en indiquant à côté lesquelles c'est. Je repose le surligneur dans la trousse de ma meilleure amie qui n'a rien remarqué et remercie Joshua.

"Mon amour". Il va vraiment m'appeler comme ça devant toute la classe, et à la fin de l'année devant tout le lycée pour la représentation. Ce n'est pas la première fois que quelqu'un m'appelle par un surnom pour une pièce de théâtre, et d'habitude, ça ne me fait rien. Mais d'habitude, je ne suis pas...attiré par la personne qui me donne un surnom. Et ça, ça ne me plaît vraiment pas.

Je cligne des yeux pour me concentrer sur ce cours si inintéressant. J'ai déjà eu ce professeur l'année dernière, et comment dire que je le déteste ?

Je bondis presque de ma chaise à la sonnerie qui marque la fin des deux heures de français du jour. Enfin. Puis mon soulagement retombe instantanément. On a allemand après la récréation. Et cette fois-ci, ce n'est pas à cause du prof que je déteste la matière, c'est parce que je suis nul. Et que c'est de l'allemand. Les trois quarts de la classe sont nuls en allemand, de toute façon. Ce n'est pas de notre faute, c'est l'éducation nationale.

Joshua est déjà sorti de la salle, je suppose donc qu'il est parti s'isoler comme à chaque fois. J'aide Nora à ranger ses affaires parce qu'il lui faut toujours trois heures, - elle est lente, c'est atroce - et nous sortons à notre tour.

Vous en avez mis du temps, commente Joshua, appuyé contre le mur en face de la salle.

Tu nous as attendu ? lâché-je avec surprise.

Un rire - oui, un putain de rire - lui échappe, il se décolle du mur pour nous rejoindre.

Je n'ai pas le droit ?

Je ne vais pas tenir si il continue sur ce ton taquin. En deux semaines, il n'a pas été comme ça une seule fois, alors pourquoi maintenant ? Est-ce que ça veut dire qu'il se sent plus à l'aise avec nous ?

CINQ ACTESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant