Chapitre 44- Joshua.

171 18 87
                                    

Quand j'étais plus jeune, j'aimais beaucoup les fleurs. Je me rappelle que ma mère partageait cette attirance pour ces jolies plantes parfumées, et que mon père ne disait trop rien. Enfin, ça, c'était avant le décès de ma mère, bien évidemment. La seule fois où j'ai essayé de m'intéresser aux fleurs après sa mort, plusieurs zones de mon corps se sont retrouvées, respectivement, des mêmes couleurs que les coquelicots, que la lavande. En bref, des fleurs rouges, roses, bleues et violettes. Et mon intérêt pour les fleurs a rapidement disparu après cet incident.

Mais je crois que j'aime à nouveau les fleurs. Sam, debout en face de moi, me tends timidement quelques pauvres tiges de lavande, accompagnées d'une petite rose de couleur jaune pâle, le tout dans un petit bocal rempli d'eau.

C'est le dernier jour des vacances, il neige toujours, et je me demande bien d'où viennent ces fleurs. C'est donc la première question que je lui pose après avoir accepté son cadeau.

Ma grand-mère a une serre dans son jardin pour avoir des fleurs toute l'année, il y a même des petites lampes chauffantes et tout...Donc, j'en ai pris pour toi, j'ai eu le droit d'en choisir quelques-unes.

Sam, c'est...vraiment adorable.

Je pose le bocal sur le meuble de l'entrée et fait entrer Sam dans la maison en l'attirant dans mes bras. Je colle mon nez contre son épaule en inspirant profondément son odeur, sans me soucier des empreintes de pas mouillées qu'il laisse sur le carrelage du couloir. Il n'hésite pas, ses bras se rejoignent dans mon dos et il se blottit contre moi.

Je ne m'attendais pas à le voir aujourd'hui, cela faisait depuis dimanche dernier qu'il était chez ses grands-parents, et il était censé rentrer ce soir. On se serait vus demain, au lycée. Sa visite me procure donc la plus grande joie, car encore une fois, passer du temps sans lui m'est un peu compliqué. Je me suis découvert une passion pour les contacts physiques, avec lui.

Seulement avec lui, par contre. Alors que lui est tactile avec beaucoup de gens. Mais tant qu'il l'est aussi avec moi, ça me convient parfaitement.

Ta grand-mère est pas là ? Je lui ai pris une tulipe, demande mon amoureux en me montrant le deuxième pot qu'il garde précieusement dans sa main.

Mon cœur gonfle dans ma cage thoracique.

Elle est au scrabble, et semble décidée à faire des folies car je cite "ne m'attends pas ce soir pour manger, je serai bien occupée !".

Ta grand-mère est incroyable, rit Sam contre mon épaule. Mon père m'a dit que je pouvais rester chez toi jusqu'à dix-neuf heures trente, il viendra me chercher. Je te dérange pas ?

Il est onze heures. Je vais pouvoir passer ma dernière journée de vacances entièrement seul avec mon copain. Ma sœur n'est pas là non plus, elle n'est pas venue ce week-end, car elle le passe chez une amie. Je suis content pour elle, elle mérite des amis plus que n'importe qui sur terre.

Tu ne me déranges pas, Sam. Jamais. Il faut donc que je te rappelle que je suis amoureux de toi ?

Celui dont je suis amoureux commence à rougir considérablement et se détache de mon étreinte. Il retire ses chaussures et sa veste, puis repose son regard sur moi en remarquant que je le fixe toujours.

J'ai trop chaud, bougonne-t-il pour se justifier.

Viens, je vais te mettre la tête dans le frigo, tu auras moins chaud.

Les yeux de Sam s'écarquillent de surprise.

T'as mangé quoi ce matin ? Le whisky, ça se met pas dans les céréales Jojo. Depuis quand tu fais des blagues ?

CINQ ACTESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant