Chapitre 8- Joshua.

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J'ai absolument tout gâché. Deux semaines, et j'ai tout gâché. Je suis presque certain qu'ils ne voudront plus me parler après ça.

Le regard de Sam sur moi se fait lourd, difficile à supporter.

Récapitulons ce qui s'est passé. Nora avait très envie de faire un jeu de société, sauf qu'elle a perdu, et que visiblement, elle est trop enthousiaste quand elle gagne. Elle a commencé à faire des mouvements brusques, un peu trop près de moi. Si bien que j'ai sursauté quand sa main s'est retrouvée trop proche de mon visage, je n'ai pas réussi à empêcher ce stupide réflexe qui continue de me suivre et j'ai protégé mon visage avec mes bras. Tout ça avant de réaliser que ce n'était que Nora, et qu'elle n'avait nullement l'intention de me frapper. Sauf que c'était trop tard, leurs regards étaient déjà posés sur moi.

Retournons au présent.

Leurs regards, j'ai du mal à le supporter. C'est un mélange d'inquiétude, et de quelque chose qui ressemble à de la pitié. Je ne veux pas de pitié, je me fais déjà assez honte à moi-même.

Je me racle la gorge, assez nerveux, attendant que l'un d'eux dise quelque chose. N'importe quoi, mais qu'ils parlent. Par pitié.

C'est alors que mon téléphone sonne. Je me dépêche de décrocher pour échapper à leurs regards, sans regarder le contact ou le numéro.

Hey, tu fais quelque chose ce soir ? Ça fait longtemps que tu m'as pas contacté.

Merde. Merde merde merde merde merde merde merde merde merde. Putain. Pas lui.

J'ai déménagé, loin. Ne me rappelle pas, dit aux autres que je ne suis plus disponible.

Putain, t'aurais pu prévenir ! s'énerve-t-il. Mec, je vais devoir me trouver un autre cul à baiser ce soir, tu fais vraiment chier !

Je raccroche, totalement conscient que, à cause du timbre de voix élevé de mon interlocuteur, les deux personnes assises en face de moi ont tout entendu. Heureusement que Luna n'est pas dans la chambre. J'espère qu'ils ne me voient pas trembler. Un mélange d'un peu de stress et de beaucoup de colère. De colère contre celui qui vient de m'appeler, de colère contre moi-même surtout. Je m'en veux.

Joshua...? Est-ce que ça va ?

Il parle enfin. Sa voix est douce, véritablement inquiète, et il semble vraiment se préoccuper de mon état au lieu de ce qu'il vient d'entendre.

Désolé que vous aillez entendu ça. Pardon, vraiment. Je crois que je vais rentrer.

Dans un geste doux - probablement pour que je ne recommence pas comme tout à l'heure - Sam pose une main sur mon poignet.

Déjà ? On te posera pas de questions si tu veux pas, on te demandera rien, c'est ta vie, ton choix d'en parler ou non. Mais t'es pas obligé de partir, personne ne te juge ici...

Nora, elle, ne dit pas un mot. Mais je me sens un tout petit peu rassuré, car je crois que mon inconscient craignait la réaction du blond en priorité.

Il y a une pièce où je pourrais être seul ? Il faudrait que j'appelle quelqu'un, finis-je par répondre.

La pièce juste en face.

Je le remercie et sort de la pièce pour ouvrir la porte en face. Je la referme soigneusement derrière moi, trouve l'interrupteur pour allumer la lumière, puis cherche le numéro de mon ancienne psychologue dans mes contacts. On est samedi, il est onze heures, elle n'a pas de consultation normalement. Je l'espère en tout cas.

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