CINQ ACTES

Chapitre 32- Joshua.

Après le petit-déjeuner, nous sommes remontés dans ma chambre. De toute façon, mamie a bien remarqué ce qui se passe entre moi et Sam. Je crois qu'elle est contente, je l'ai vue nous regarder plusieurs fois. J'espère qu'Anna sera contente aussi.

Depuis que je sais que Sam m'aime, et qu'il sait que je l'aime, j'ai vraiment du mal à ne pas être collé à lui tout le temps. Je pensais que c'était Sam, le plus tactile, mais il faut croire que ça a évolué. Sam est toujours tactile, mais j'ai l'impression qu'il n'ose pas trop. Il lui faudra peut-être du temps pour s'habituer, et il peut prendre tout le temps qu'il lui faut, de toute façon.

Tout va bien depuis qu'on a parlé dans la salle de théâtre, hier. Mais je me doute bien que tout ne va pas rester tout rose et tout mignon comme ça. Je ne parle pas de disputes, mais plutôt de mon père ou de ma vie d'avant qui peuvent ressortir, par exemple avec un cauchemar ou des questions de Sam.

Il peut me poser des questions s'il le veut, je ne vais jamais lui en vouloir pour ça. Il a le droit de vouloir savoir ce genre de choses.

Je sais aussi que ce n'est pas juste qu'il doive garder tous mes secrets seul. Il faudra que je lui dise qu'il peut en parler à Nora, il n'a pas à contenir ça tout seul, c'est compliqué et je le sais.

— Nora veut aller au cinéma cet après-midi, tu veux venir ? Et tu crois que ta sœur voudra venir aussi ?

— À quelle heure ?

Il fronce un peu les sourcils en commençant à réfléchir.

— Le film qu'elle veut voir commence à seize heures quinze, donc il faudrait partir vers...euh...quinze heures cinquante ?

Il est mignon quand il essaye de calculer.

— Je demanderai à Anna quand elle sera là. Mais moi je veux venir, en tout cas, accepté-je.

Je ne me suis pas encore maquillé, aujourd'hui, et je crois que Sam aime bien. Mais si on va au cinéma, je me maquillerai avant. Je n'aime pas sortir sans, c'est comme une protection contre le monde extérieur. Je n'en ai pas besoin avec Sam, mais avec les autres si.

Devinez ce que j'ai envie de faire. C'est vraiment compliqué à trouver.

J'ai envie d'embrasser Sam, voilà. Encore. Il faut vraiment que je me calme un peu, je vais finir par le faire flipper si je continue comme ça. On sort ensemble depuis moins de vingt-quatre heures, et je veux que ça dure longtemps. Vraiment longtemps.

— Je crois que je vais gâcher l'ambiance, chuchote Sam contre moi. Je peux te poser une question ?

J'embrasse ses cheveux avant de répondre qu'il peut.

— Ton père...ça s'est arrêté quand, tout ça ?

— Ça a duré de mes sept ans à mes dix ans. A partir de la mort de ma mère jusqu'à ce qu'il manque de tuer Anna, que je réussisse à appeler la police je crois, et qu'il manque de me tuer aussi après que j'ai appelé. Ce jour-là, je me suis réveillé à l'hôpital, j'avais mal littéralement partout. J'ai mis plusieurs minutes à comprendre ce que je faisais là et pourquoi ma sœur n'était pas dans la même chambre. L'infirmière qui est venue après m'a expliqué que j'étais en salle de réveil parce que j'avais fait une hémorragie interne et donc j'avais été opéré. J'ai passé un mois et douze jours à l'hôpital, puis trois mois et deux jours en foyer avant que ma grand-mère ne réussisse à avoir notre garde.

— Je comprends vraiment pas comment tu fais pour encore tenir debout encore aujourd'hui. T'es vraiment courageux Jojo, dit le blond d'une petite voix.