Chapitre 4- Joshua.

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Je me sens un peu coupable, ça fait trois fois que je les abandonne le soir, après les cours. Eux m'ont attendu après chaque heure de cours depuis lundi, pourtant.

Au moins, aujourd'hui, j'ai une bonne raison. Je suis censé rencontrer la psychologue que ma grand-mère m'a trouvé. Je ne suis pas particulièrement enthousiaste à cette idée, j'ai beaucoup de mal à m'ouvrir ou à parler de moi, mais mamie a peur que je recommence comme les deux autres années, alors j'ai cédé. Je finis toujours par céder, tant que ça peut la rassurer.

Je rallume mon téléphone que j'avais glissé dans ma poche après avoir mis de la musique, je cherche l'adresse dans mes notes et la copie sur le plan. Quinze minutes de marche, à peu près. Je lance un chronomètre pour voir le temps exact que je vais mettre.

Anna vient à la maison, ce week-end. Elle me manque, j'ai hâte de la voir.

Exactement seize minutes et douze secondes plus tard, je suis devant le cabinet de la psychologue. Docteure Aronne je crois. J'espère qu'elle ne va pas essayer de me faire parler aujourd'hui, elle risque d'être déçue.

Il m'a fallu trois mois avec mon ancienne psychologue pour réussir à lui parler vraiment et à ne pas répondre par monosyllabes. C'est d'ailleurs elle qui m'a trouvée cette nouvelle psychologue, m'assurant qu'elle me conviendrait. Je l'espère. Au pire, j'ai toujours le numéro de mon ancienne psy, elle pourra me trouver quelqu'un d'autre.

Je pousse la porte et entre dans la salle d'attente. Il me reste un quart d'heure avant que ce soit mon tour, j'ai encore le temps. Je suis en avance, tant mieux, je déteste être en retard.

Je pose mon sac sur mes genoux après m'être assis. Mamie a glissé une barre chocolatée dans la poche avant de mon sac ce matin, je l'ai remarqué à midi seulement. Ça m'a fait réaliser qu'elle a vraiment peur pour moi, et je m'en veux un peu plus de jour en jour.

Je la déballe et mords dedans tout en lui écrivant un message pour la remercier. Elle ne répond pas immédiatement, je suis sûr qu'elle galère encore à déverrouiller son téléphone.

Mon tour arrive, la psychologue entre dans la salle. Je retire mon casque que je laisse autour de ma nuque, met mon téléphone dans ma poche et me lève en détaillant discrètement du regard la femme qui se tient dans l'encadrement de la porte.

Un sourire chaleureux est présent sur ses lèvres, ses cheveux roux sont ramenés en deux nattes collées sur son crâne. Elle est plus grande que moi, et quand je passe à côté d'elle pour la suivre dans la salle de consultation, je remarque qu'elle sent la vanille.

Son cabinet est plutôt grand, dans des couleurs pâles vertes et brunes. Son siège est un simple fauteuil, de couleur brune lui aussi, et celui qu'elle me montre pour que je puisse m'asseoir est violet, également un fauteuil.

Je m'assois, elle aussi. Elle ramène un carnet sur ses genoux, me sourit poliment.

Est-ce-que ça te dérange si je te tutoie ?

Non.

Bien. Je n'ai pas encore consulté ton dossier, je voulais d'abord savoir si tu voulais que je le fasse ou non.

Je retiens un léger soupir. Pourquoi s'embêter, en ne regardant pas mon dossier ? Il y a tout ce qu'il faut savoir sur moi dedans.

Regardez-le.

Maintenant ? s'étonne-t-elle.

Oui.

Elle attrape mon dossier sur le bureau derrière elle. Au moins, le temps qu'elle lise tout ça, ça comblera un peu le silence que je ne risque pas de rompre.

CINQ ACTESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant