CINQ ACTES

Chapitre 39- Sam.

— Ma cousine vient pour Noël, elle me fatigue d'avance, soupiré-je.

— Celle que j'ai rencontrée l'année dernière ? Laurine ? questionne ma meilleure amie en retirant une poussière de mes cheveux.

— Oui, celle-là. J'ai presque envie d'esquiver Noël à cause d'elle, elle m'énerve trop. Je comptais en parler à mes parents, de Jojo et moi, mais comme elle sera là je pourrai même pas.

— En parlant de ton mec, il te regarde depuis cinq minutes derrière son téléphone. Je sais pas si je trouve ça chou ou un peu flippant, mais tu devrais aller le voir. Je vais aller avec Léna, elle avait besoin d'aide pour un truc ! Bisous Sammy !

Ma meilleure amie s'éloigne, je tourne les talons pour rejoindre Joshua qui me regarde arriver avec un petit sourire. Je me plante devant lui, il range son téléphone dans sa poche.

— Dis, je me posais une question, commencé-je.

— Oui ?

— Quand je t'évitais parce que je flippais, t'as été jaloux d'Annie. Mais maintenant t'es plus du tout jaloux de personne ?

— Je ne suis pas jaloux comme personne, je crois. Et puis je te fais confiance, tu fais ce que tu veux, tu peux faire des câlins à tes amis et tout, je m'en fiche. Bon, ne me trompe pas parce que je t'aime et tout ça, mais tu fais ce que tu veux. Je suis là pour t'aimer Sam, pas pour te surveiller ou te dire ce que tu peux faire.

Envahi par une vague d'affection, je franchis l'espace qui nous sépare et l'entoure de mes bras.

— Tout le monde peut nous voir, tu sais...murmure-t-il, étonné.

— Je sais, mais j'ai envie de te faire un câlin.

Je recule tout de même assez rapidement, et je lui souris. Il ne sourit pas, je sais qu'en public il a beaucoup de mal, mais ses yeux le font à sa place, et ça me suffit.

— Tu viens avec moi chez le psy ce soir ?

Nora nous a déjà dit ce matin qu'elle devait garder ses frères ce soir, et qu'elle ne pouvait donc pas rester avec nous après les cours.

Sans attendre ma réponse, il effleure tendrement ma joue de son index et s'éloigne, me laissant seul près du poteau contre lequel il était appuyé. Nous avons le même cours après, donc je ne comprends pas trop pourquoi il s'en va, peut-être pour la symbolique ? En tout cas, son geste d'affection en public était vraiment léger, et ça m'a plu.

Nous nous rejoignons tous les trois devant la porte de la salle de théâtre, à la sonnerie. Jojo me chuchote qu'il était parti aux toilettes, mais qu'il ne l'a pas dit sur le moment pour ne pas gâcher l'instant, ce qui me fait pouffer de rire.

***

A la sonnerie, après le théâtre, Joshua et moi sortons de l'établissement. Il attend de ne plus voir personne du lycée pour glisser délicatement sa main dans la mienne.

— Je t'attends dans la salle d'attente ?

— Si ça ne te dérange pas d'attendre une heure, oui j'aimerais bien que tu restes.

— Tu veux venir chez moi après ? Ma maman a fait des crêpes, proposé-je.

— Avec plaisir.

Il lâche ma main après avoir fait une petite caresse sur mes doigts, nous sommes arrivés devant le cabinet du psychologue. Il replace rapidement ses cheveux.

— Tu es nerveux ?

— Je n'aime pas vraiment y aller, j'ai du mal à parler avec quelqu'un qui n'est pas proche. Je préfère te parler à toi.