La Vengeance n'est pas la Justice (Fanfiction Wednesday) tome 2

Part I - Le Manoir Addams

Son thé aux fruits rouges dégageait un parfum sucré et une légère vapeur s'échappait de la tasse en céramique. Son livre, « Le Procès » de Franz Kafka, reposait sur le coin de la table, parfaitement alignée avec le bord du meuble. Sa montre argentée, un cadeau de ses grands-parents pour l'anniversaire de ses dix-huit ans, trônait à côté du roman. Une vielle habitude que le professeur Barthélémy entretenait depuis qu'il avait quitté l'université du Miskatonic.

Il n'y avait passé que deux semaines et pourtant, les événements qui s'y étaient produits continuaient de le hanter. Rien qu'au souvenir de cette fameuse après-midi...

Barthélémy laissa s'évaporer cette réminiscence de son passé en avalant une gorgée de son infusion. Le gout sucré du liquide rouge lui remplit la bouche. Assis à la table de sa cuisine, il profitait de cet instant de la soirée pour se détendre. Avant d'aller dormir, il prenait une heure pour s'assoir avec une tasse de thé et profiter d'un bon livre. Le paradis sur terre, selon lui. Du moins, ce qui s'en approchait le plus.

Il avait passé la première semaine des vacances de printemps à préparer ses cours pour la fin de l'année. Les examens approchaient à grand pas et il ne voudrait pas voir un seul de ses élèves échouer. Mais tous ses cours étaient fin prêts et ne demandait plus qu'à être donné. Alors il pouvait se permettre une semaine de vacances. Il l'avait bien mérité.

« Oui, je pense l'avoir mérité. »

Sur ses mots qu'il avait prononcé pour lui-même, il ouvrit son livre et repris sa lecture qu'il avait abandonné la veille. Ainsi, il reprit le récit qu'il comptait bien faire étudier à ses élèves au cours de l'année prochaine. Cela ne l'empêchait pas d'apprécier la psychologie du personnage devant une situation absurde. Il se souvenait encore lorsque son professeur de littérature, en dernière année de lycée, lui avait parlé de ce livre. Ce même professeur qui des années plus tard, allait lui servir d'exemple...

Barthélémy lut jusqu'à ce que son thé soit entièrement vidé. Après quoi, il remit le marque-page dans son livre, qu'il reposa sur la table, bien aligné avec le rebord. Il prit sa tasse et se leva pour aller la laver dans l'évier. Sachant qu'il pourrait reporter cette vaisselle à demain, il préféra toutefois se débarrasser de cette tâche au plus vite.

Une fois la tasse nettoyée et remise dans l'armoire, il retourna vers la table de la cuisine. Soudain, il se figea devant l'étrange spectacle qui se jouait devant lui. Un corbeau, au plumage aussi noire que les cheveux d'une élève qu'il connaissait bien, se tenait, au centre de la table, le transperçant de son regard. Il était magnifique. Dans son bec, il tenait une enveloppe aussi noire que son plumage. L'oiseau regarda le professeur avec un air presque... condescendant avant de déposer la lettre devant lui.

Après quoi, le corbeau s'envola par la fenêtre dans un sinistre bruissement d'aile. Une plume sombre se déposa sur la table, unique preuve de ce qui venait de se passer. Enfin, ça et la lettre aussi qui trônait sur le bois verni de la table à manger. Si ces deux éléments ne semblaient pas nargués le professeur, celui-ci penserait surement avoir halluciné.

Lentement, il s'avança vers l'enveloppe et la prit délicatement. Elle était scellée par un sceau en cire noire. Ce dernier représentait une tête de corbeau, l'emblème d'une famille qu'il n'avait aucun mal à reconnaitre. Mais pourquoi la famille Addams lui envoyait-elle une lettre ? Bien qu'il soit à peu près certain que Mercredi ne se méfiait plus autant de lui, il y avait une légère appréhension vis-à-vis du contenu de ce message singulier.

Lorsqu'il brisa le sceau pour ouvrir l'enveloppe, il ne perdit pas de temps pour en sortir la lettre, blanche celle-ci. C'était du papier de très bonne qualité. On pouvait y voir la marque d'une famille aisée qui se permettait d'envoyer des messages sur du papier Thiberge. Le regard de Barthélémy se posa sur la filigrane, écrite avec grand soin.