Part XVIII - Si Vis Pacem...

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La chambre de Yoko était hantée par un silence mort. La vampire, assise sur son lit, regardait sa meilleur amie se préparer pour le jour le plus angoissant de son existence. La louve prenait un temps considérable pour s'habiller, optant finalement pour un pantalon blanc et un pull rose pâle. L'ensemble, ordinaire pour la jeune fille, semblait bien terne en cette matinée. Un teint triste que même le maquillage élaboré de la louve ne parvenait pas à masquer. Une épée de Damoclès suspendu au-dessus de sa tête, Enid faisait de son mieux pour occuper son esprit. Le procès commencera deux heures plus tard. Deux heures. Les deux derniers grains de sable dans ce vaste sablier. Pendant un instant, elle hésita à coiffer sa chevelure blonde, teinté de bleu, de rose et de vert. Cette idée s'évanouit lorsque son mascara se mêla aux larmes qui lui piquaient les yeux. La journée promettait d'être éprouvante.

Mercredi était assise à son bureau, fixant avec intensité sa machine à écrire, dotée d'une feuille vierge. Elle s'était levée tôt dans la matinée, sans avoir pu fermer l'œil de la nuit. Même si elle refuserait de l'admettre, elle avait peur. Peur de la tournure que prendrait les événements. Malgré les signes encourageant de la Chose, elle restait plongée dans ses pensées. Elle avait pris une douche glacée pour se détendre, s'était vêtue d'une robe noire tacheté de blanc et muni d'un large col. Ses ongles avaient été aiguisés et peint de ténèbres. Ses tresses avaient été élaborer avec le même soin que d'ordinaire. Tout dans son apparence étaient étudier au papier millimétré. Mais derrière ce masque de perfection se dissimulait un doute corrosif. Elle avait passé la matinée à observer la vie qui s'étendait dans Nevermore, au fur et à mesure que le temps passait. Voulant tromper son anxiété, elle avait opté pour une séance matinale de violoncelle. Très vite, elle se retrouva à jouer « Light of the Seven » de Ramin Djawadi. Une musique qui revenait souvent dans les vidéos qu'Enid regardait. Un thème triste qui collait à la situation. Désormais lassée de cette exercice, elle attendait que le procès commence, assise à son bureau, fixant une machine à écrire abandonnée.

Trent enfilait pour la première fois depuis longtemps un costume gris, au-dessus d'une chemise blanche. Il avait reçu ses nouveaux vêtements, fait sur mesure bien entendu, dans un paquet envoyé par son père. Ce cadeau était accompagné d'un mot disant : « Ne me fait pas honte. » Alors, malgré ses doutes, Trent s'habillait pour sa marche vers la liberté... ou vers l'échafaud. Dans l'état actuel des choses, il ne savait pas quel chemin lui serait préférable. Il reconnaissait pleinement ses torts, surtout depuis qu'il avait vu les stigmates du traumatisme sur le visage d'Enid Sinclair, lors de la mise en Etat. Mais il n'avait pas le choix. S'opposer à son père revenait à choisir un sort bien pire qu'une vie entre ces barreaux. Il noua autour de son cou une cravate anthracite, parfaitement assortie au veston de son costume. Les autres loups-garous étaient tous aussi élégant que lui. Quelle image absurde...

Devant le miroir de la salle de bain, Atticus faisait glisser la lame de son rasoir sur le grain de sa peau. Ses cheveux poivre et sel étaient parfaitement peignés et maintenus par une once de gel. Il prenait de l'âge mais personne ne pouvait s'en rendre compte. Un combat important s'apprêtait à se dérouler et il devait être à son avantage. Il avait hâte de détruire Enid Sinclair. Cette petite pute qui avait souiller la réputation de sa famille en refusant de se soumettre et en envoyant son incapable de fils en prison. Il méritait d'y rester et même d'y mourir. Mais quel mauvaise image ce serait pour son clan. Atticus accrocha sa broche en or à son veston avant de garnir sa chemise de bouton de manchette assorti. Sa canne, dans laquelle reposait un sable au fil aiguisé, l'attendait près de l'entrée de sa chambre d'hôtel. Aucune peur, aucun doute ne venait embrumer l'esprit du vieux loup. Sa victoire sur Enid Sinclair et la famille Addams était inéluctable. Il s'en était assuré.

Barthélémy terminait de lasser ses souliers qu'il venait de cirer. Les cernes sous ses yeux trahissaient une fatigue due à un cruel manque de sommeil. Il avait tenté de lire quelques pages de « Dolores Clairbones » de Stephen King mais l'angoisse vis-à-vis du procès de son élève l'avait empêcher d'accrocher à l'histoire. Il avait tenté de travailler sur les examens qui continuait de se rapprocher mais encore une fois, son esprit était obsédé par le tribunal. Il aimerait tellement aider Enid et Mercredi dans ce combat mais il ne pouvait rien faire. Il se sentait tellement impuissant... Mais que pouvait-il bien arrivé ? Tout allait pour une condamnation des accusés. Les preuves et les témoignages étaient légions. Lui-même témoignerait et ferait preuve de la plus grande efficacité dans ses déclaration pour appuyer la version de ses élèves. Alors pourquoi la boule d'angoisse dans son estomac continuait de le faire souffrir ?

La Vengeance n'est pas la Justice (Fanfiction Wednesday) tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant