Part VI - La Fenêtre Découpée

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Les toits de Nevermore crevaient le ciel comme des épées affutées de l'armurerie du Manoir des Addams. Ses tuiles sombres reflétait le soleil d'après-midi, lui offrant une aura bien plus chaleureuse que les murs noirs de la maison de Mercredi. Le temps clément du printemps offrait un ciel bleu azur qui laissait passé les larmes dorée du soleil. Les arbres qui entouraient le domaine, des cerisiers du japon, étaient en fleur. Les pétales roses pleuvaient et tourbillonnaient sous le joug d'une brise printanière. L'herbe en était recouverte, si bien que le vert de ses brins peinait à se distinguer de ce tapis florale. Un cadre annonciateur d'une mauvaise journée pour Mercredi Addams, mais qui encouragea sa petite amie à entamer ce dernier trimestre. Celui-ci serait très éprouvant à cause des examens de fin d'année et du potentiel procès qui se profilait à l'horizon. Alors Enid devait piocher son courage là où elle le pouvait.

Le voyage avait été hanté de silence, spectre d'un malaise évident entre les deux adolescentes. Enid était habituée au mutisme de la gothique. Elle avait réussi à l'apprivoiser au terme de plusieurs mois de cohabitation. Mais son comportement actuel était différent. Elle ne se taisait pas, elle évitait de parler. Comme si elle avait envie de discuter mais se retenait. Cela inquiéta beaucoup Enid qui se tourna vers ses beaux-parents. Ceux-ci ne prêtèrent pas attention aux deux filles, préférant chanter en cœur un vieil opéra italien dont Enid n'avait jamais entendu parler.

L'attitude de Mercredi tracassait énormément la louve. Depuis qu'elles s'étaient mises en couple, la nuit de son viol, la gothique avait fait preuve de tendresse et d'attention. Bien plus que ce qu'Enid n'avait osé espéré. Mercredi restait Mercredi et avait parfois du mal à communiquer ses émotions. Pourtant, c'est la première fois qu'elle causait de la souffrance réelle à sa petite amie. Et bien que celle-ci en aurait le droit, elle n'éprouvait pas de colère. Juste un sentiment d'incompréhension qui frôlait avec l'impuissance. Mais après les épreuves qu'elle avait traversées, cela ne l'affectait plus autant. Du moins, elle aimait le penser. Biensur, elle se trompait.

Ce que la louve ne pouvait pas savoir, c'était que Mercredi était plongée dans une intense réflexion. Des flash de sa vision lui revenaient en tête à chaque fois que son regard se posait sur... sur celle qui la rendait heureuse. Plus elle y pensait, plus elle comprenait qu'Enid s'était frayé un chemin jusqu'à son petit cœur noir. Plus grave encore, elle prenait conscience que ce maux était incurable. Elle se sentait tellement impuissante face à cette entrave. Si, quelques jours auparavant, elle n'y aurait pas prêté attention, les avertissements de sa vision l'empêchait d'ignorer ce changement dans sa vie.

Depuis sa rencontre avec Enid, elle avait pris soin de quelqu'un. Elle se souvenait encore de la sensation de leur premier câlin, juste après la défaite de Crackstone. Malgré le nombre incalculable d'étreinte qu'elles avaient partagé depuis, ce fut celle-là qui l'avait marquée à l'indélébile. Jamais elle n'oubliera l'émotion qui lui avait électriser les entrailles alors qu'elle serrait la louve ensanglantée dans ses bras. Elle se souvenait de cette fameuse nuit où Enid était rentrée tard, gelée, les vêtements en lambeaux et le corps endolorie, zébré de marques rouge, souillé par des insultes inscrites au feutre sur sa peau. L'horreur de la scène, qu'elle aurait apprécié s'il avait s'agit d'une autre personne, fit remonter en elle une colère primale.

Elle se souvenait de toutes ses nuits où elle l'avait bercée maladroitement après qu'un cauchemar soit venu tourmenter son sommeil. Du bain qu'elle lui avait donné pour la réchauffé. De cette nuit passée dans la chambre d'hôpital après sa tentative de suicide. Elle se rappelait de l'avoir accompagné à chaque rendez-vous avec son psychologue. D'avoir couché avec elle si souvent que son gout s'était incrusté sur sa langue. D'avoir dansé avec elle sur de la musique pop qui déclenchait des hémorragie du conduit auditif.

La Vengeance n'est pas la Justice (Fanfiction Wednesday) tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant