Part XVII - La Mise en Etat

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La pièce qu'avait choisie le juge Harington était austère, sans âme et malgré les température en hausse à l'extérieur, habitée par une atmosphère glaciale. Une grande table ovale en chène se trouvait au centre de cette pièce. Malgré les nombreuses couches de vernis, les marques d'usure dues à l'âge du meuble restait parfaitement visible. Il faut dire que Jéricho n'avait pas un budget suffisant pour offrir aux locaux dédié aux affaires judiciaires d'entretenir leur mobilier. Une dizaine de chaise en bois inconfortable encerclait la vaste table. Un lustre en cuivre, datant surement du siècle précédent, pendait au-dessus de la table, parfaitement au milieu du plafond. Cette pièce était soumise à une symétrie irréprochable qui mit mal à l'aise la louve. Elle était assise en face de l'entrée, Gomez, l'avocat Bruce Wattman et Morticia à sa gauche, Mercredi, Pugsley et la Chose à sa droite. En face d'eux, un mur peint en gris clair, sans aucune peinture ou autres décorations, les narguait de son ton sinistre. Seule une double porte en bois, tout aussi fatigué que la table, contrastait avec cette muraille déprimante.

Bientôt, le juge Harington entrerait, suivit de Trent, Jimmy, Randall, Seth, Clive, Atticus et leur propre avocat. Ainsi commencera la mise en état qui décidera de la pertinence d'un procès. Une étape angoissante qui allait placer la jeune louve face à ses agresseurs. Pire que tout, l'avocat de la défense tenterait de mettre en doute sa parole. Peut-être même rejeter la faute sur elle. Malgré les mots rassurants et les encouragements de ses parents adoptifs, Enid ne parvenait pas à gagner la sérénité nécessaire pour empêcher ses mains de trembler. Elle tenta de les cacher sous la table mais sa nervosité était visible pour toute les personnes dans la pièce. La guerre contre Atticus allait débuter et ce dernier se montrerait sans merci. Sans l'avoir jamais rencontré, Enid connaissait sa réputation par sa mère. Ce n'était pas un adversaire à sous-estimer, même pour la famille Addams.

« Tu te souviens, mi amor ? » susurra lascivement Morticia. « C'est dans cette pièce que nous avons attendu pour ton jugement sur la mort de Gareth. »

« Je m'en souviens comme si c'était hier, cara mia. » répondit Gomez avec bonne humeur. « Je me souviens du serpent glacé de la peur et de la culpabilité qui s'enroulait autour de moi alors que nous attendions le verdict. Quelle extase. »

« Je n'avais jamais été aussi amoureuse de toi qu'à ce moment-là. »

« Serait-il possible que ce somptueux silence ne soit pas troubler par vos souvenirs répugnants ? » commenta Mercredi en fixant le mur. « Il serait préjudiciable à la cause de notre chère Enid que je vomisse sur les pieds du juge. »

La louve rougit à cette remarque. Depuis deux jours, elle n'avait presque pas entendu la voix incisive et si attirante de la jeune fille aux tresses brunes. Son ventre éclata en une nuée de papillon alors qu'elle pensait à cette langue, capable de cracher les mots les plus blessants ou d'offrir les plus merveilleux de baiser. Avec ce sentiment agréable vint également le désespoir de ne pouvoir le réexpérimenter. Mercredi ne s'était toujours pas décidée à venir lui parler.

« Ne vous inquiétez pas, miss Sinclair. » déclara maître Wattman qui semblait se forcer d'ignorer la discussion sulfureuse des Addams. « Tout se passera très bien. »

A peine eut-il terminé cette phrase que la porte s'ouvrit. La silhouette imposante du juge Harington se dessina dans le chambranle. La pièce derrière lui étant bien plus éclairée que celle-ci, son corps n'était une masse sombre auréolé de lumière chaude. Il prit une seconde avant d'entrer, jaugeant chacune personne assises à sa table. Il finit par franchir le seuil sans prononcer le moindre mot. Son allure et ses manières trahissait un passé militaire. Cela promettait un homme forgé d'honneur et de discipline. Dans ce sens, ce caractère pour s'avérer bénéfique pour la cause d'Enid.

La Vengeance n'est pas la Justice (Fanfiction Wednesday) tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant