La Vengeance n'est pas la Justice (Fanfiction Wednesday) tome 2

Part XXVII - La Lettre

Ce matin-là, Enid se réveilla dans les bras de sa petite amie. Le lit de la gothique avait été dépouillé de sa couverture, la température nocturne s'étant élevée jusqu'à vingt-cinq degrés Celsius. La tête posée avec une délicatesse toute relative sur la poitrine de Mercredi, la louve tenta de se remémorer la nuit qui venait de s'écouler. Les examens de fin d'année avaient débuté deux jours auparavant et les soirées se limitaient à de longues et fastidieuses séances de révision. Avant de dormir, Mercredi et la Chose l'aidait à étudier pour la préparer aux épreuves du lendemain. D'ailleurs, en relevant la tête, Enid aperçut la main désincarnée assoupie entre les pages d'un manuel d'histoire. L'appendice ne se manifestait que très rarement ces temps-ci. Prévoyante, Mercredi l'avait envoyé surveiller les environs, au cas où Atticus déciderait de revenir. A côté de la Chose se mouvait Caligula. La bestiole au venin mortel parcourait le sol de sa cage à la recherche de quelque nourriture satisfaisante.

En voyant le dard du scorpion se dandiner sur le bureau, Enid réussit à recoller les morceaux. Oui ! Le cauchemar ! Un de plus dans la longue série des rêves qui la tourmentaient depuis la nuit fatidique de son agression. Pour être honnête avec elle-même, Enid devait reconnaitre que les dernières nuits s'étaient avérés calmes et reposantes. La fréquence de ses cauchemars diminuaient au fur et à mesure que le temps passait, la laissant enfin profiter de cette paix que lui offrait sa petite amie. Mais pas cette nuit. La louve ne se souvenait pas être allée se coucher. D'ailleurs, elle soupçonnait Mercredi de l'avoir mise au lit après qu'elle se soit endormie pendant leurs révision. Cela expliquerait pourquoi elle portaient toujours ses vêtements. Puis vint le cauchemar. Une fois de plus, elle se retrouvait devant ses violeurs. Sauf que cette fois, Atticus était présent et contemplait la scène avec un regard cruel. Enid avait revécu son viol qui, pour changer de ses autres rêves, elle vit le vieux loup planter son épée dans sa poitrine meurtrie. Alors que les ténèbres envahissaient son esprit, elle ne pouvait que toiser le regard machiavélique d'Atticus Graham.

Depuis quelques temps, environ leur retour à Nevermore, l'émotion qui dominait les sens de la louve s'était métamorphosée. Du désespoir avait jaillit la colère. Dans le monde réelle, elle se traduisait par une agressivité accrue et un tempérament instable. Dans ses songes, cependant, elle adoptait une posture froide et détachée, flambant de l'intérieur. Cela ne l'empêchait pas de se réveiller en sursaut, jusqu'à, parfois, s'effondrer dans une crise d'angoisse. Cette nuit, comme tant d'autres nuits auparavant, Mercredi avait pris un long moment pour la calmer et la remettre au lit. Chaque fois que ce scénario se produisait, la gothique fredonnait une étrange berceuse, probablement issue de son enfance. Alors, Enid se recouchait et tentait de retrouver le sommeil. Mais celui-ci refusait de revenir, chasser par cette colère ardente qui lui dévorait la poitrine.

Posant son regard sur l'horloge, elle prit conscience de l'heure avancée. Leur examens de botanique débuterait une heure plus tard. Cela leur laissait juste assez de temps pour se préparer sans se presser. Avec précaution, elle quitta l'étreinte confortable de Mercredi et s'assit sur le lit. Une atmosphère tiède et une odeur florale imprégnait Ophélia Hall. Humant cet air délicat, elle émergea des limbes du sommeil en s'étirant. Le long de sa colonne vertébrale retentit une série de craquement écœurant.

« Quelle douce musique que ces craquements pour me réveiller. » murmura Mercredi en ouvrant les yeux.

« L'examen commence dans moins d'une heure. » déclara la louve en se levant pour se diriger vers sa garde-robe. « Nous ne devons pas être en retard. »

« Nous ne serons pas en retard. » Mercredi s'extirpa du matelas rigide et commença par rouler ses épaules afin de décrisper ses muscles. « Pourquoi cette agitation ? »