Part XXII - Une Etude en Noir et Blanc

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Les deux adolescentes étaient toujours enlacées, partageant de timides baisers, lorsque le soleil devint discret sur la ligne d'horizon. La douceur de ce contact rendait Enid fébrile. Tant de temps semblait s'être écoulé depuis leur dernier câlin. L'odeur d'encre et d'automne de la jeune fille, qu'elle serrait contre son cœur, venait lui emplir les narines. Enfin, la louve-garou se sentait chez elle. Les doutes s'effaçaient les uns après les autres. Malgré la petite voix qui lui susurrait à l'oreille qu'à tout moment, Mercredi pouvait disparaitre ou être en prise à une nouvelle crise existentielle, elle choisit de faire un acte de foi et de faire confiance à la gothique. Cette dernière agrippait son uniforme dans son dos, froissant le tissu de ses doigts fins et blême. Enid accueillait son souffle dans le creux de son cou, appréciant le parfum mentholé de son haleine.

« Tu m'as manqué. » murmura Mercredi en se fondant dans cette étreinte amoureuse. « Tellement manqué. »

« Toi aussi. » répondit la jeune fille en raffermissant sa prise sur le maigre corps de sa petite amie.

Avec une lenteur prudente, Mercredi s'écarta d'elle. Ses mains accrochés à ses hanches, elle planta son regard enténébré dans les perles azur de la louve. Dans l'océan d'ombre qui lui servait d'iris, Enid contempla un désir profond et incontrôlable. Si elle se tourmentait encore avec des doutes, ce n'était plus le cas. Il ne fallut pas longtemps avant de sentir les mains glacée de la gothique lui caresser les joues, chassant des larmes qu'elle n'avait pas sentie coulée. Sans rompre cet intense contact visuel, Enid se pencha pour poser ses lèvres sur celles, imprégnées de rouge à lèvre noir, de sa colocataire. Dans son estomac s'envola une nuée de papillon exotique. Tout autour d'elle pétilla et brilla, comme inondé par un divin halo de lumière. Mercredi goutait la menthe et l'hiver. Une saveur qui lui manquait depuis un mois. L'ainée des Addams lui rendit son baiser avec une intensité non dissimulée, s'abandonnant à la merci de la louve-garou. Leur lèvres furent celle pendant deux minutes, ne se détachant que lorsque le besoin d'oxygène devint insoutenable. Elles se regardèrent sans dire un mot. Le visage de Mercredi était gravé dans l'obsidienne. Aucune émotion ne venait s'y refléter. Mais ses yeux en disaient suffisamment. Quant à Enid, elle sentait ses joues se remplir de sang chaud. Biensur, elle ne pourrait pas garder la même dignité que sa gothique. Peu importe. Il ne leur fallut que deux secondes de répit avant de repartir dans un nouveau baiser. Cette fois, Enid sentit la langue de Mercredi se glisser dans sa bouche. Elle lui répondit avec sensualité.

Envahie par une envie d'audace, la louve saisit la jeune fille par les jambes et la souleva. En un seul mouvement, Mercredi se retrouvait accrochée comme un koala à Enid. Sans décoller leurs lèvres, elles se dirigèrent, suivant les pas assurés de la blonde, vers le lit aux draps sombre. Il ne leur fallut pas longtemps pour s'allonger, la louve dominant la gothique. Enid se redressa, presque assise sur sa petite amie. D'un geste routinier, elle activa, à l'aide de sa montre connecté, la musique de son téléphone. Bientôt, l'air lent et émotif de « I Will Always Love You » vint leur taquiner les oreilles. Malgré le ton tragique du morceau, la voix de Whitney Houston correspondait bien à leur sentiment de paix.

Biensur, Mercredi ne put s'empêcher de rouler les yeux. Mais Enid la connaissait assez pour comprendre que son irritation n'était qu'une feinte.

« Tu ne peux pas t'en empêcher. » la taquina la blonde.

« Et tu ne peux pas t'empêcher de transformer chaque moment en comédie musical écœurante. » répondit Mercredi du tac au tac.

« C'est pas une comédie musical. C'est la BO du film Bodyguard. Je te le montrerai à l'occasion. »

« J'en frétille d'avance. » ironisa la gothique. « Mais je suppose que je te dois bien ça. »

Enid sourit et recommença à l'embrasser. Epousant le rythme lent de la chanson, elle fit glisser ses mains sur le corps habillés de sa petite amie. Malgré son uniforme, elle pouvait sentir la maigreur de sa silhouette et les os qui dessinaient des dunes sur sa peau albâtre, donnant à son anatomie une apparence de plage de sable blanc. Perdue dans le plaisir de sentir à nouveau l'odeur et la chair de Mercredi, elle ne sentit pas cette dernière faire de même avec elle. Lorsque les ongles noires de la gothique passèrent sous sa chemise scolaire, la louve soupira d'aise.

La Vengeance n'est pas la Justice (Fanfiction Wednesday) tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant