Part XXXI - La Confession

226 15 69
                                    

Enid courait vers la cours pentagonale afin de rejoindre l'entrée principale de l'école. L'inquiétude lui rongeait l'estomac alors que la colère, comme une vieille amie, imbibait chacune de ses pensées. Si l'un de ces agresseurs avait eu le malheur de toucher au moindre cheveux de jais de Mercredi et Enid s'assurera qu'ils pourrissent en enfer. L'image de la gothique morte, couverte de sang au pied d'Atticus s'imposait dans son esprit bouillonnant d'une rage incendiaire. Des flammes métaphoriques s'enroulaient autour de ses membres et un étau piégeait son crâne dans une étreinte douloureuse. Le bruit des coups de feu résonnait contre ses tympans. A nouveau, elle se créa une représentation mentale des derniers moments de sa petite amie. Non ! Elle ne se laisserait pas blesser aussi facilement.

S'avançant dans la cours, fut frappée par le vent et la pluie. Aussitôt, le froid se répandit dans son corps, ne parvenant toutefois pas à chasser l'impression de chaleur que provoquait sa colère. Frissonnant à la morsure de la météo déchainée, elle plissa les yeux lorsque les déferlantes de gouttes s'abattirent sur son visage. Entra dans le couloir centrale, soulagée de s'abriter du déluge à extérieur. Elle balaya du regard l'espace désert qui s'étendait devant elle. Il n'y avait aucune trace de Mercredi, ni des loups-garous. Dehors, un éclair déchira la voute céleste, talonné de près par le grondement animal du tonnerre. Un tel orage n'avait pas assaillit Jéricho depuis des années.

S'engouffrant dans les couloirs obscurs d'une école endormie, la louve fit jaillir ses griffes, préparée à se battre avec toute la force que possédait son corps. Son premier instinct fut se rendre dans le bureau de Solomon Bates. Ce réflexe étrange provenait probablement d'un repaire de l'autorité. La première source d'aide d'un étudiant. Réflexe insensé, mais pourtant bien présent. La porte entre-ouverte était marqué par une marque de sang, presque invisible dans la noirceur croupissante. Priant intérieurement pour qu'il ne s'agisse pas de celui de sa petite amie, Enid poussa la porte. Elle s'ouvrit en grinçant, dévoilant une pièce privée de lumière, à l'instar du reste de Nevermore. Seul le rougeoiement de flammes mourantes balayait le mobilier sombre et dur. Prêt du bureau était allongé un corps, auréolé d'un large cercle foncé, imprégnant les fibres du tapis. Se rapprochant du cadavre, car il s'agissait bien d'un cadavre, la louve comprit que sa tête avait été tranché. Réprimant un violent haut-le-cœur, elle tenta d'ignorer la mare de sang qui séchait près de ses pieds.

Détournant le regard, elle posa les yeux, en dépit de sa volonté, sur la tête de Seth, les yeux la fixant sans la moindre lueur de vie. Manquant de s'évanouir, la louve sortit du bureau à la hâte. L'image du jeune garçon décapité ne voudra jamais abandonné les méandres de son esprit.

Ne t'évanouis pas ! Respire.

Elle continua de parcourir les couloirs de l'école, à la recherche de sa petite amie, priant tous les dieux dont elle avait la connaissance qu'elle soit saine et sauve. Elle passa en revue son dortoir, dont le vitrail brisée lui serra le cœur, la bibliothèque ou elle trouva Jimmy, un carreau d'arbalète planté dans l'œil, la salle de classe de Barthélémy, la serre, pour trouver le corps mutilé de Clive. Les visions d'horreurs défilaient devant son regard. A plusieurs occasions, sa tête se mettait à tourner et elle devait s'appuyer sur le mur pour ne pas tomber.

Courage.

Elle revint dans la cours pentagonale, où la tempête paraissait enfin se calmer. Le vent soufflait moins et la pluie se réduisait qu'à un crachin désagréable. Le pire était sans doute derrière elle. Du moins la pensée qui lui traversa l'esprit. Cet instant se brisa comme un verre lâché sur le sol lorsque le bruit caractéristique d'une canne martelant le carrelage retentit dans son dos. Regagnant sa vivacité, Enid se retourna et s'éloigna. Dans l'ombre se démarqua la silhouette d'Atticus, s'avançant avec lenteur pour émergé sous le fin rideau de pluie qui subsistait. Sortant ses griffes, la louve força son corps à se placer en position de combat. Son premier instinct aurait été de prendre la fuite. Mais elle ne pouvait pas laisser ce monstre s'en sortir.

La Vengeance n'est pas la Justice (Fanfiction Wednesday) tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant