Part XXXIII - La Peinture

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Les bagages s'empilaient, formant des tours toujours plus bancales, dans les couloirs de Nevermore. Malles pleines à croquer, valises mal fermées dont la manche d'un pull persistait à passer dans l'ouverture, sacs difformes qui regroupaient tous les objets ne rentrant pas dans les valises. Tout s'accumulait en un imbroglio qui obstruait les corridors. Les élèves les enjambaient en discutant. Les vacances d'été allé enfin commencé. Fini les examens et les longues heures de cours. Pour Mercredi, la joie de regagner le manoir Addams entrait en compétition avec son désespoir de subir la présence de sa famille pour les deux prochains mois. Seule la présence pétillante d'Enid à ses côtés parvint à lui remonter le moral. Ophélia Hall paraissait vide, comme en proie à un néant destructeur. Les couleurs avaient déserté la partie d'Enid, de même que tous les artefacts macabre de la gothique. Il s'agissait désormais d'une pièce nue, dénuée de toute personnalité. Une bâche couvrait encore le trou laissée par la rosace brisée. Par conséquent, la luminosité du dortoir se trouvait fortement diminuée. Ce fut donc dans une ambiance lugubre que les deux adolescentes finirent d'emballer leurs affaires.

Enid avait choisi de porter une jupe fleurie et un top assorti, le tout surmonter par une chemise fine de couleur rose. Rien qui ne sortait de l'ordinaire en ce qui la concernait, mais qui attira le regard de Mercredi, terminant de ranger sa machine à écrire. Refermant la boite à l'aide d'un vieux cadenas, la gothique recula d'un pas, contemplant l'espace de travail vide.

« Tu peux laisser tes affaires ici. » déclara Mercredi en se tournant vers sa petite amie, les mains croisées depuis son ventre. « Lurch viendra les chercher. »

« Je ne vais quand même pas lui faire porter toutes mes affaires à ce pauvre homme. »

« Il est payé pour ça. Et je le catégoriserais comme un zombie, plutôt qu'un homme. » rétorqua-t-elle avec un froncement de sourcil.

« C'est une personne, Mercredi, tu dois le considérer comme tel. »

Mercredi soupira devant l'obstination de la louve. Elle fit volteface et tendit la main pour caresser la carapace saillante de Caligula qui dandina son dard mortel. Il semblait croitre de jour en jour, développant son aspect menaçant, pour le plus grand plaisir de sa propriétaire. Le scorpion traversa le bureau et manqua de tomber au sol, atterrissant grâce à un réflexe bien ajusté, dans la main offerte de Mercredi. Elle le porta à son visage, plantant son regard dans celui de la bestiole. A bien des égard, il lui rappelait Néron. Un pincement assaillit son petit cœur au souvenir de son défunt animal de compagnie. Derrière elle, Enid jouait avec son ocarina une douce mélodie, une dernière chanson avant d'emballer l'instrument de musique.

« Il nous reste deux heures avant que mes parents n'arrivent. » dit Mercredi en replaçant Caligula dans sa cage de voyage. « Nous serons dans les temps. »

« Tu t'inquiètes trop, Mia Rosa Nera. » roucoula la louve en arrêtant le son vibrant de l'ocarina. « Nous avions bien assez de temps pour tout faire. »

« Je ne suis pas inquiète. » bouda la gothique en croisant les bras. « Juste soucieuse de la réussite de mes plans. »

« Tu mens... »

En disant ça, elle s'était rapprochée de Mercredi et avait enroulé ses bras autour de sa taille. Collant son ventre contre le dos de la gothique et déposant un doux baiser dans le creux de son cou, Enid ne manqua pas le rougissement qui prenait d'assaut les pommettes d'ordinaire blafarde de sa petite amie.

« Tout le monde ment, Enid. » contra Mercredi tout en se fondant dans cette étreinte. « Maintenant, viens, j'aimerais dire au revoir à Eugène avant de partir. »

La Vengeance n'est pas la Justice (Fanfiction Wednesday) tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant