Part VIII - Le Graphiti

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Le soir tombait sur Jéricho quand la voiture du Shérif Galpin s'approcha du poste de police. Alors que la nuit reprenait ses droits, les lampadaires commençaient à diffuser leurs lumières jaunes sur les routes d'asphaltes. Peu importe l'heure qui défilait, le temps qui s'écoulait, le policier avait encore du travail. Il savait qu'il pourrait le remettre à demain, biensur. Depuis l'emprisonnement de Tyler, il se noyait dans le travail, ne voulant pas se retrouver dans une maison vide. Il se retrouvait à dormir au poste de police, avachi sur son bureau en dépit des très nombreuses tasse de café noir qu'il ingurgitait.

Perdu dans ses pensées, il gara son véhicule devant le poste de police. Ce dernier le dominait de toute sa hauteur, l'accablant encore d'avantage. Dans ces murs de briques rouges, Galpin y voyait la tournure qu'avait pris son existence. Son fils, un monstre sanguinaire, était enfermé dans une prison de haute sécurité. Il n'allait jamais le voir. A sa grande honte, il s'en trouvait incapable. Cela ne ferait que lui prouver son échec. Parfois, il lui téléphonait, mais leurs conversations étaient hantées d'un silence lourd, chargé de culpabilité et de reproche silencieux.

Alors qu'il sortait de sa voiture, il regarda, sur le trottoir d'en face, le café dans lequel son fils travaillait avant son arrestation. Ca faisait longtemps qu'il n'y était pas allé, en dehors du cadre de ses fonctions. Lorsqu'il reporta ses yeux sur l'entrée du poste de police, toute mélancolie en lui s'évapora.

« Nom de Dieu... » murmura-t-il abasourdi.

Au-dessus de l'entrée du bâtiment avait été tagué en lettre jaune et rouge une phrase « Mort aux Normis, vive les supérieurs ».

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Enid lui tenait toujours la main quand elles passèrent le seuil d'Ophélia Hall. Malgré les railleries de sa version enfant, Mercredi ne pouvait se résoudre à lâcher sa bienaimée. La sensation de chaleur qui émanait de sa chair lui envoyait des frissons, presque électriques, à travers le corps. Elle ne pouvait réprimer l'envie d'enlacer la louve qu'à travers de gros effort. Mercredi Addams aimait la souffrance. Mais celle qu'elle ressentait devant ce dilemme cornélien surpassait son niveau de tolérance. Etre elle-même mais rester solitaire, ou accepter l'amour de sa colocataire mais sacrifier une partie de son identité... Comment un être humain pouvait-il faire un choix pareil ?

Enid alluma les lumières, réveillant la Chose qui comatait sur les couvertures multicolores qui jonchaient son lit dans le désordre le plus total. La main s'étira avec flegme et sauta du matelas pour rejoindre les deux filles, marquant un instant d'hésitation devant la constatation que leurs mains étaient liées. Enid finit par relâcher sa prise sur Mercredi pour se pencher sur l'appendice. Le charme se brisa par ce geste. La gothique ressentit un étrange manque, comme un drogué à qui on a confisqué sa dose d'héroïne.

« Que s'est-il passé ? » signa la Chose avec inquiétude devant le visage marqué par l'angoisse de la louve garou.

« Rien. » répondit cette dernière. « Ne t'inquiète pas. »

« Nous avons eu des nouvelles pour le procès des agresseurs d'Enid. Les nouvelles ne sont pas aussi satisfaisantes que nous l'espérions. » expliqua Mercredi.

Enid posa sur elle un regard lourd d'émotion. Ses émotions débordait de ses iris et transpercèrent Mercredi comme des radiations. En son for intérieur, l'ainée des Addams se demanda si ses deux grands yeux bleus n'étaient pas en partie constituer de plutonium. Hypothèse absurde mais potentiellement intéressante pour l'un de ses prochains romans. Avec méthode, elle classa l'information dans un recoin de sa tête et reporta son attention sur la scène qui se déroulait devant ses yeux.

Avec entrain, mais moins d'énergie que d'ordinaire, sa colocataire raconta à la Chose comment le shérif Galpin leur avait expliqué la situation. Au fur et à mesure de son récit, Mercredi sentit une flamme de colère calciné son petit cœur noir. Atticus Graham. Tel était le nom de leur adversaire dans ce combat. Pour le meilleur et pour le pire, c'est un combat qu'elles devront mené ensemble. Au vu de la noirceur de l'âme que ce loup garou semble possédé, peut-être serait-ce préférable de ne pas l'affronter seule.

La Vengeance n'est pas la Justice (Fanfiction Wednesday) tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant