Part XXV - Une Journée à Deux

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Barthélémy attendait dans l'air poisseux de la cellule. Malgré l'assurance qu'une équipe de nettoyage lavait cette pièce au moins une fois par semaine, l'odeur âcre de la crasse et de l'urine saturait toujours l'atmosphère. Allongée sur la banquette, ses bras croisés derrière sa nuque, il contemplait le plafond tacheté de moisissure. Le poste de police de Jéricho mériterait une sérieuse rénovation, surtout en ce qui concerne les sous-sols. Respirant par la bouche pour pallier la puanteur, le professeur de lettre réfléchissait. Plongé dans ses souvenirs, il essayait de déterminer si son intervention s'était révélée utile. Il avait agi sur un coup de tête, sans penser aux conséquences. En assistant à l'acharnement exécuté sur son élève, il n'avait pu résister à la tentation d'intervenir. Cela a-t-il seulement aider Mercredi ?

La réponse à cette interrogation ne viendra qu'une fois sorti de cette cellule immonde. En attendant, il ne pouvait que patienter, se torturant en introspection aussi fastidieuse qu'inutile. Soupirant, il regretta de ne pas avoir son roman avec lui. Il venait de commencer « Moby Dyck » d'Herman Melville. En analysant le récit, il y voyait un lien puissant avec la situation actuel. Un homme qui se laisse dévorer par l'obsession de la vengeance... Voilà la vrai richesse de la littérature. Chaque livre apporte un prisme différent pour observer le monde. Il nota cette réflexion dans un coin de son esprit dans l'objectif de la transmettre à ses élèves. Il ne leur avait pas imposé de lecture précise au cours de l'année. Une petite erreur qu'il espérait corriger avant la fin du trimestre.

« Professeur Barthélémy » appela le shérif Galpin.

L'intéressé, conservant un air impassible, se redressa sur la banquette de la cellule. Tournant la tête, il aperçut l'homme, qui portait son insigne argenté en évidence sur la poitrine, se tenir debout devant la grille. Son chapeau, déchu de sa tête pour être callé entre les doigts de sa main gauche, dévoilait son crâne dégarni et les rides qui marquaient son front.

« Sherif Galpin, vous venez me tenir compagnie ? » dit le professeur sur le ton de la conversation. « C'est vrai que je me sentais un peu seul entre ces barreaux. »

Pour toute réponse, le policier introduit une clé dans la serrure et ouvrit la porte. Les gonds grincèrent alors que le battant pivotait. Sans bouger d'un pouce, Jasper Barthélémy contempla sa cage s'ouvrir sous le regard sévère mais fatigué du shérif de Jéricho.

« J'avais réservé la chambre jusqu'à demain, me semble-t-il. » ironisa l'enseignant sans daigner se lever de la couchette.

« Votre caution a été payé, professeur. » déclara Galpin en tournant les talons.

« Par qui ? » demanda-t-il.

« Par moi. » intervint une silhouette jusqu'ici cachée dans l'ombre.

Il ne fallut pas longtemps à Barthélémy pour reconnaitre l'homme corpulent en costume noir rayé de gris qui s'avançait à pas lent. Enfin, le professeur se leva pour sortir de la cellule. Malgré son ironie, il n'était pas mécontent de s'extraire de ce monde crasseux et puant l'urine.

« Je vous remercie, monsieur Addams. » dit-il en serrant la main de son bienfaiteur.

« Allons, inutile de nous imposer autant de formalité. » répondit Gomez d'un ton enjoué. « Vous avez pris la défense de ma fille devant un horde de normis enragés. Vous ne méritiez pas un sors aussi sinistre qu'une nuit en prison. »

« Je vous remercie. »

« De mon temps. » continua l'homme d'un ton rêver. « Nous vous aurions enfermé dans une vierge de fer pour avoir pris la parole lors d'un tribunal. Ou alors, vous vous seriez retrouvé crucifié la tête en bas pour vous apprendre l'humilité, comme... »

La Vengeance n'est pas la Justice (Fanfiction Wednesday) tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant