Part XI - Pendant le Crépuscule

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A sa grande surprise, Ophélia Hall était déserte quand Enid entra dans le dortoir. Aucune trace de sa petite amie au tresse brune n'était à signaler. Lorsque la louve, d'une voix peu assurée, appela son nom, seul le silence de la pénombre lui répondit. Il n'y eut même pas un écho pour tromper la solitude qui l'assaillait. Enid devait se rendre à l'évidence, Mercredi était sortie pour la soirée. Peut-être même continuait-elle de l'éviter avec méthode ? Si tel était le cas, elle ne rentrerait qu'après le couvre-feu, une fois que la blonde aurait succombé au bras de Morphée. Encore une fois, la gothique s'en sortirait sans avoir à rendre de compte.

Ah non ! Pas question !

En dépit de l'angoisse et de la colère qu'elle ressentait, Enid fut pris une bouffée de fatigue. Les émotions qui l'avaient tiraillée toute la journée avaient également grignoter les dernières miettes d'énergie qui lui restaient. Devant les couleurs qui s'étaient rassemblées sur Nevermore avec le crépuscule, une atmosphère mélancolique s'était frayé un chemin jusqu'à Ophélia Hall. La fenêtre en toile d'araignée, symbole de leur dortoir, mais aussi de cette alchimie étranges qu'elles partageait, filtrait les derniers rayons de soleil. La vitre ouverte du côté de Mercredi laissait passer une odeur de pin, originaire de la forêt bordant l'école. La louve soupira devant ce spectacle qu'elle connaissait par cœur, mais qui semblait vide sans la présence glauque de sa colocataire.

« Où es-tu Mercredi ? » murmura-t-elle pour elle-même.

Quand elle posa son regard, empli d'une tristesse tendre, sur le bureau de sa petite amie, une vague de désespoir vint s'étaler sur la plage de son esprit. Un événement avait dû impacter la gothique suffisamment fort pour qu'elle adopte ce comportement. Il n'y avait pas d'autre explication. A moins que ses sentiments pour Enid ne se soit tari ?

Non, ça ne peut pas être vrai !

Soudain, tel un éclair au milieu d'une tempête, une idée jaillit entre les nuages sombres qui flottaient dans sa tête. Peut-être que parler à Mercredi n'était pas la première étape sur cette longue route qui s'étendait devant elle. Mais un bon conseil ne serait pas de trop dans cette période chaotique. Et pour comprendre son étrange petite amie, qui de mieux que sa mère pour apporter quelques réponses, et combler les trous du puzzle. Du moins, elle l'espérait.

Enid traversa la pièce et alla s'assoir à son bureau, agitée à l'idée de parler à sa belle-mère. La famille Addams l'avait accueilli avec beaucoup d'amour. Si bien qu'elle, qui ne s'était jamais sentie acceptée, ni même aimée, ressentit enfin cette émotion salvatrice. La chaleur qui l'inondait lorsqu'elle était avec eux était inédite. Quelque chose d'inexplicable prenait possession de son âme quand elle parlait avec Pugsley, s'entrainait à l'escrime avec Gomez, parlait avec Esmeralda ou tricotait avec Morticia. Pendant un cours instant, elle avait espéré sortir de l'enfer. Mais voilà que Mercredi s'évertuait à briser ce morceau de paix. Et si jamais Enid perdait sa petite amie, elle risquait également de perdre cette nouvelle famille. Elle ne pouvait pas supporter cette idée.

Un peu angoissée, elle sortit la boule de cristal que lui avait offerte sa nouvelle famille. La boite, une fois posée sur le bureau, semblait la narguer alors qu'elle cherchait le mécanisme d'ouverture. Les charnières du couvercle ne tardèrent pas à céder pour laisser apparaitre une sphère transparente de la taille d'un melon. Une aura de mysticisme enrobait l'artefact, comme s'il provenait du donjon d'un vieux sorcier dément. Cela ne la choqua pas. Après deux semaines passées au Manoir Addams, rares étaient les singularités de ce monde capable de la surprendre. Elle chercha un peu comment l'objet fonctionnait. Mercredi l'avait employé tant de fois en sa présence, pourtant, elle n'arrivait plus à se souvenir de son utilisation.

La Vengeance n'est pas la Justice (Fanfiction Wednesday) tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant