Part XII - La Pluie et les Larmes

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« Il faut qu'on parle. »

Le silence qui suivit cette déclaration se fit lourd, comme chargé de plomb. Un poids qui tomba sur les épaules de Mercredi. Tout son corps se crispa alors qu'elle contemplait l'instrument de sa déchéance. Sous le regard d'Enid, débordant d'un étrange mélange d'émotion, la gothique tenta de ne pas montrer sa décomposition intérieure. Malgré le terrible choix qu'elle avait fait, elle avait entretenu l'espoir naïf de repousser cette confrontation. Mais l'heure du tête à tête semblait avoir sonné. Il ne restait plus devant elle que sa sentence. Les mains soigneusement croisées devant elle, elle soutint le regard de sa colocataire bouleversée. Le déchirement qu'elle ressentait avait pour origine la certitude que cette douleur qui tourmentait Enid était son œuvre.

« Je n'ai rien à dire. » répondit enfin Mercredi en essayant de se rendre jusqu'à son bureau. Avec un peu de chance, cela suffira à repousser ce moment fatidique. Ces espoirs furent vite perdus.

« Eh bien ce n'est pas mon cas. » grogna Enid en serrant les poings. « Moi, j'ai des choses à te dire. »

« Je suis fatiguée, Enid. »

La louve fit un pas vers elle, la foudroyant d'un regard assassin. D'ordinaire, Mercredi ne se serait pas laissé arrêter par une si piètre tentative d'intimidation. Mais la fureur de la jeune fille, additionné à l'amour inconditionnel qu'elle lui portait, rendit la gothique plus sensible à cette démonstration émotionnel.

« Très bien. » se résigna Mercredi. « Qu'est-ce que tu veux me dire ? »

« Pourquoi tu m'évites ? »

« Je ne t'évite pas. »

« Arrête de nier. Je te vois à peine depuis une semaine. Tu te lèves avant moi pour ne pas me croiser le matin. Tu rentres au dortoir après que je me sois endormi. Tu manques nos cours en commun. Tu ne manges plus avec moi le midi. Tu fais tout pour me fuir. »

Mercredi lutta pour ne pas baisser la tête. Elle ressentait une honte vis-à-vis de ce comportement qu'Enid ne pourrait sans doute jamais comprendre. Mais ce sentiment était caché par l'ombre de sa volonté de conserver cette identité qu'elle avait passée tant d'année à forger. Elle ne pouvait pas se permettre de changer maintenant qu'elle avait la chance d'atteindre son objectif.

« Je ne suis pas une petite amie douce et attentionner. » dit-elle d'une voix dénuée de toute émotion. « Désolé si ma façon de fonctionner ne te convient pas. »

« Ne te moques pas de moi, Addams. » s'écria la louve dont les yeux commençaient à briller de larmes étincelantes. « Je ne suis pas une idiote. Tu as toujours été quelqu'un de bizarre et de glauque. Et c'est ce qui m'a fait tomber amoureuse de toi. Mais maintenant, tu es cruelle sans raison. »

Enid marqua un silence alors que ses paroles s'écrasaient sur le visage impassible de Mercredi, comme des flèches sur une mur de pierre. Mais si cette dernière donnait l'impression d'être inatteignable, les remparts de cette forteresse émotionnelle étaient recouverts de fêlures et de brèches.

« Tu vois, après tout ce que nous avons traversé, j'aurais pensé que tu viendrais me parler de tes problèmes. » continua la blonde d'une voix plus calme. « Même si une de tes visions venaient te culpabiliser de sortir avec moi... »

Les yeux de Mercredi s'écarquillèrent, presque imperceptiblement, mais toujours assez pour que sa petite amie le remarque. Cette dernière phrase l'avait prise au dépourvu.

« Qui a osé te révéler ce détail ? »

« Quelle importance. Tout ce qui compte, c'est que toi, ma petite amie, tu ne me l'as pas dit. »

La Vengeance n'est pas la Justice (Fanfiction Wednesday) tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant