Part XXVIII - Oncle Fester

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Installés dans la classe, plongés un silence religieux, tous attendaient avec une angoisse croissante. Tels des plantes grimpantes s'enchevêtrant entre les fleurs, le stress s'enroulaient autours des élèves pour les étouffer. Les examens s'étaient conclus trois jours plus tôt. Les résultats allaient être distribué en cette matinée, clôturant la période laborieuse qui ponctuait une année scolaire. Pourtant, aucun des acteurs de ce scénario présents dans la classe ne laissait supposé une quelconque joie d'être sur le seuil des vacances d'été.

L'ambiance empreinte de solennité évoquait celle du couloir de la mort, et le visage des élèves ressemblaient à celui d'un condamné à la chaise électrique. Les résultats... La hache du bourreau... La guillotine qui attendait ceux n'ayants pas fournis les efforts requis. Au premier rang se tenait, droite et froide comme une nouvelle stèle funéraire, Mercredi Addams. Peu inquiète de sa réussite, elle s'intéressait essentiellement au résultat de son duel intellectuel exécuté contre Bianca. Assise de l'autre côté de la salle de classe, la sirène patientait, les mains croisés sur les genoux, dans un calme olympien qui ne trahissait aucune émotion ou inquiétude. Ses yeux pâles, à la profondeur accentué par sa peau ébène, fixaient le tableau noir, nettoyé des résidus de craies. Si Mercredi ne l'avouerait jamais à haute voix, elle ressentait une tension désagréable dans les muscles de ses épaules. Conservant son visage de marbre, elle détourna son attention de sa rival. Les deux jeunes femmes chacune à leur manière, incarnaient la dualité de la tension qui régnait dans cette salle de classe à l'aube des résultats.

Gigotant à sa gauche, Enid laissait transparaitre sa propre appréhension. Si la gothique entretenait la certitude de réussir son année scolaire, ce n'était pas le cas de sa petite amie. Cette dernière avait déployé un travail considérable, vouant toute son énergie aux examens. Bénéficiant l'aide aussi académique que méthodique de Mercredi, elle avait consacré des soirées entières à réviser ses manuels de la première à la dernière page. Refoulant son réflexe initial, la jeune fille aux cheveux tressés déplaça sa main froide et albatre pour la poser sur celle de la louve. Elle sursauta à ce contact inattendu, bien qu'agréable.

« Cesse de t'agiter. » ordonna-t-elle sans son autorité menaçante habituelle.

« Pardon. » minauda la blonde en tentant de rester immobile, en vain. « J'angoisse, c'est tout. »

« Je sais. »

Il ne fallut que deux minutes supplémentaire à croupir dans l'anxiété pour que le professeur Barthélémy ne franchissent le seuil de la classe en sifflotant, une pile de dossier à la couverture mauve entre les mains. Cessant sa mélodie jouer du bout des lèvres, il traversa la salle de classe à grande enjambée. Balayant d'un regard attentif et bienveillant les adolescents impatient devant lui, détaillant leur visage empreint de nervosité, il posa la pile de dossier sur le bureau en bois de chène avant de se tourner vers sa classe.

« Bonjour tout le monde. » déclara-t-il « Je vous prie de me pardonner pour ce léger retard. Il y avait du monde à la photocopieuse. »

Les élèves esquissèrent des sourires crispés en retour, appréciant l'humour du professeur Barthélémy. Au cours de l'année, tous s'étaient acclimatés à ses entrées en scène théâtrales. Aussi, ce dernier prit sur lui de ne pas les décevoir.

« Je sais que vous avez hâte de recevoir vos résultats. Je vais les distribuer tout de suite. Mais je propose de mettre un peu de musique, histoire de rendre l'atmosphère moins... morose. »

Se déplaçant à la droite de son bureau, il dépoussiéra un tourne-disque qui attendait son heure depuis longtemps, sur le coin du plan de travail. D'un geste calculé, il sortit un 33 tours emballé dans une pochette neutre qui n'indiquait en rien le contenu du disque. Avec une délicatesse respectueuse, l'enseignant fit émergé ce bel objet, surface circulaire d'une noirceur matte, avant de le positionner sur le plateau qui lui était consacré. Plaçant l'aiguille à l'endroit requis, il enclencha le mécanisme et bientôt, une musique calme emplit la pièce par le biais des haut-parleur. Mercredi ne tarda pas à reconnaitre le son mélodieux d'un orgue synthétique, évoquant chez elle les nombreux service funéraires qui avaient jalonnés son enfance.

La Vengeance n'est pas la Justice (Fanfiction Wednesday) tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant