CHAPITRE 1

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Je rajuste ma robe en sortant des toilettes. Alice avait raison : pas de sous-vêtements avec une robe aussi moulante, mais j'ai l'impression d'avoir oublié quelque chose et je ne peux m'empêcher de vérifier toutes les deux minutes que le minuscule morceau de scotch double face qui retient le morceau de tissu sur ma poitrine n'a pas disparu ! 

Alors que je scrute la salle rapidement à la recherche de ma coéquipière de la soirée, je tombe sur son regard. Deux yeux bleus perçants qui ne me lâchent pas. Je lève le menton, bombe le torse et soutient son regard. Le jeune homme détourne les yeux le premier et un sourire de satisfaction s'étire sur mon visage. Plus loin, j'aperçois Alice, que je rejoins en quelques secondes. Je reprends mon verre et sirote de manière nonchalante mon cocktail surdosé par le barman. Aucun problème, de toute manière c'est encore meilleur quand c'est gratuit. Cela doit faire des années que je n'ai pas payé de consommations en soirée, il faut dire que je paye déjà la robe qui me permet de consommer gratuitement ! 

Avec Alice, on a l'habitude de s'installer au bar. On termine souvent les soirées dans les carrés VIP, avant de nous séparer pour la nuit et mieux nous retrouver le lendemain à l'appartement, pour bruncher. Légèrement plus sage, je rentre parfois après la soirée directement. Alice est incroyable, ouverte à toutes les propositions, elle est souvent embarquée dans des afters à base de yacht ou d'hélicoptère ! Les récits de ses soirées monégasques pourraient faire l'objet de chroniques dans les plus grands magazines de potins ! 

Ce soir, c'est la folie, il y a beaucoup de monde. Je m'apprête à suggérer à Alice d'aller nous trémousser sur la piste quand une main chaude se pose dans le creux de mes reins. Je sens un souffle chaud dans ma nuque dégagée par mes cheveux relevés. Je bois une gorgée de mon cocktail, feintant que présence d'une main étrangère dans mon dos ne me dérange pas, et lentement je me retourne pour faire face à mon nouveau prétendant. Des frissons parcourent ma nuque alors que mes genoux pivotent élégamment, pour me retrouver face aux yeux bleus de tout à l'heure. 

"Tu viens dans le carré ? 

- J'arrive, garde-moi une coupe"

Quand je passe en mode séduction, ma voix est bien plus grave. L'échange est sommaire mais efficace, la situation me plait. J'attrape mon sac et la main d'Alice, je laisse le cocktail sur le bar : les boissons sont toujours meilleures dans les carrés VIP. Mon amie me suit sans sourciller, le premier poisson attrapé est le mien aujourd'hui et si il y a une personne capable de réserver un carré VIP, alors il a forcément des amis à partager !

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2 minutes, c'est le temps qu'il a fallu au jeune homme aux yeux bleus pour capturer mes lèvres. A califourchon sur lui, je lui offre la plus belle vue sur mon décolleté, je sens au travers de son pantalon qu'il n'est absolument pas insensible à mes charmes et pour le faire languir je lui propose d'aller danser. 

D'un mouvement, il me décale et se relève en réajustant son pantalon, certainement devenu trop serré. J'étale un sourire narquois sur mon visage et mon bras droit effleure bien volontairement l'avant de son pantalon alors que je me relève. 

"Qui que tu sois, tu me rends fou, chuchote le jeune homme à mon oreille. 

- Parfait, la nuit commence bien." Je chuchote à son oreille, avant de me retourner et de coller mon dos contre son torse. Je bouge mes hanches au rythme de la musique, un bras en l'air et l'autre qui sécurise mon verre de champagne hors de prix. Rapidement, le jeune homme glisse sa main droite sur ma hanche, puis l'avance légèrement sur mon ventre. Il me laisse imprimer le rythme et respire bruyamment dans na nuque. Au bout d'une dizaine de minutes, sa main quitte ma hanche et attrape mon bras juste sous le coude. 

"Ca suffit, pour ce soir. J'ai de biens meilleurs plans pour toi."

Il sert mon bras plutôt fort en nous dirigeant vers le coin VIP, quitté quelques minutes plus tôt. Il attrape mon sac à main et lance un regard à ses amis. J'ai le temps de sourire à Alice, qui s'est rapproché d'un grand brun, avant qu'il me tire de nouveau dans une autre direction. En quelques pas, on arrive près d'une porte dérobée et un agent de sécurité nous ouvre. Je découvre un petit parking, très intimiste. Les voitures garées là sont toutes plus belles les unes que les autres, mon cavalier du soir actionne sa clef et des phares clignotent dans la nuit nous indiquant quelle direction suivre. 

"Hey, dis-moi ton prénom ?

- Max. 

- Tu ne veux pas savoir le mien ?

- Ça changera l'issue de cette nuit ? 

- Non ... "

J'entre dans la voiture, et il referme la porte derrière moi avant de faire le tour en petites foulées pour s'installer au volant. Son ton, son attitude, son assurance m'intriguent. Je tire légèrement et nerveusement sur le bas de ma robe qui remonte. 

La voiture émet un ronronnement délicieux au démarrage. Je ne connais pas Max, mais je sens que j'ai ferré un gros poisson. Lentement, il sort la voiture du mini parking et s'engage dans les rues vides de la principauté. Sa première accélération me colle contre le siège, du coin de l'œil je le vois esquisser un sourire narquois : il essaye de m'impressionner. 

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L'argent m'impressionne. Le luxe m'achète. Je suis à Monaco pour vivre la Grande Vie, celle des bars et boites de nuit qui ne sont que le démarrage d'une soirée et d'une expérience hors du commun. Célébrités, sportifs ou autres richissimes hommes de passage : ils sont ma cible. Alice joue avec moi à ce jeu et pour le moment, il faut dire que nous ne sommes pas déçue du voyage. 

On habite un tout petit 50m² dans le centre de Menton. On a rarement de l'eau chaude, toujours des ennuis avec le propriétaire, mais il nous permet de revenir à un endroit commun pour débriefer de nos expériences. On dort dans le même lit, la deuxième chambre est un dressing XXL où on entrepose nos robes de soirées et tous les cadeaux qu'on a pu nous offrir. Il faut qu'on prenne le temps de revendre tout ça, pour upgrader notre niveau de vie, changer d'appartement et éventuellement se rapprocher de Monaco. Pour le moment nos vies et nos soirées sont bien chargées et les quelques cadeaux qu'on a pu revendre servent à racheter des robes et des chaussures pour partir à la pêche du prochain gros poisson. 

On vit la vie de rêve. Mais, pour combien de temps ? Avec Alice, un seul mot d'ordre : profiter. Et pour le moment : ça nous va très bien ! 

DE GLACE OU DE FEU ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant