CHAPITRE 15

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"Mais tu veux quoi de plus ? Je t'arrose de cadeaux, je te donne au moins trois orgasmes par jour (même quand je ne suis pas là).

- Je sais pas ... Rencontrer tes amis peut-être ?

- Mes amis ? Pourquoi ? Tu veux faire un plan à plusieurs ?

- Non, non. Pour manger, pour discuter, pour s'amuser.

- Tout ce que je déteste, grommèle Max.

- Oui, t'as raison : oublie.

- Hey ! Où tu vas ?

- Je rentre chez moi ce soir.

- Pourquoi ?

- Et pourquoi pas ? Tu m'as baisé, donc c'est bon.

- Tu peux quand même rester ...

- Pour te voir t'asseoir sur ton simulateur ? Pour te voir t'entrainer pendant des heures ? Jusqu'à ce que tu ais de nouveau envie de me prendre sauvagement ?

- Oui, enfin dis comme ça c'est-

- Je rentre. J'ai envie de voir Alice.

- BAH RENTRE ! TU CROIS QUE JE VAIS ME METTRE À GENOUX POUR TE RETENIR ?

- Calme-toi Max.

- JE NE ME CALME PAS. TU ME SOULES. RENTRE CHEZ TOI, VAUT MIEUX.

- Mais-

-C'EST VRAI QUE TU ES MIEUX DANS TA PIAULE POURRIE QUE ICI, CHEZ MOI !

- Max !

- CASSE-TOI !

- OK !"

Je prends mes affaires et Max me presse vers l'ascenseur. La veine dans son cou palpite si fort que je peux calculer à l'œil nu son rythme cardiaque. Ses yeux sont rouges de colère et ses gestes sont brusques voire douloureux. Quand la porte de l'ascenseur s'ouvre, il attrape violemment mon bras pour me pousser à l'intérieur. Je suis concentrée sur la situation et la douleur est secondaire.

Quand il me lâche pour appuyer sur le bouton, il propulse mon bras vers l'arrière. Mon poignet cogne contre la barre d'appui et les larmes montent très rapidement.

"Mais Max, ne t'énerv-

- JE M'ENERVE SI J'EN AI ENVIE PETITE PUTE.

- Petite quoi ?

- PUTE. C'EST CE QUE TU ES. TU VIENS, JE TE BAISE, JE T'OFFRE DES CADEAUX ET TU T'EN VAS.

- Mais non- C'est- Max !"

La porte de l'ascenseur se referme. En une demi-seconde, je suis frappée par la douleur qui me tire au sol. Mon poignet qui a tapé contre la barre est déjà violacé et j'ai des haut-le-cœur tant la douleur est forte.

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"Comment tu t'ais fait ça ?

- Je suis tombée dans la salle de bain. Je faisais un masque, et j'ai voulu aller allumer la douche et j'ai pas vu une flaque d'eau, et voilà !

- Je te crois pas, me coupe Alice en chuchotant. Pourquoi Max ne t'a pas emmenée aux urgences ?

- Et pourtant c'est vrai. Parce qu'il est occupé. Il a un entrainement intensif à respecter.

- Mademoiselle, tout va bien, m'annonce le docteur. Il s'agit d'un très gros hématome.

- Il va disparaitre ? s'inquiète Alice.

- Il va certainement passer par toutes les couleurs. il est violet, demain il sera noir et dans 5 ou 6 jours il commencera à faiblir en devenant marron puis jaune. Ne limitez pas vos mouvement, continuez à bien bouger le bras et tout se passera bien. Prenez du doliprane toutes les 6h les deux premiers jours.

- Merci Docteur."

Alice récupère mon sac à main et je remets mon tee-shirt. On marche pendant une dizaine de minutes en silence vers l'appartement. Je serre les dents pour ne pas pleurer.

"Tu sais, pour le moment on va juste te soigner et décompresser un peu. Mais un jour viendra où tu devras me raconter ...

- Y'a rien à raconter, je grommèle sans la regarder.

- Hélène ...

- Alice, s'il te plait.

- D'accord, répond la jeune fille en ouvrant la porte d'entrée. Glace ?

- Avec des pépites de chocolat ?

- Oui.

- Avec un peu de caramel ?

- Bien sûr.

- Devant la TV ?

- Le compte est bon ma belle !"

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Le jour suivant, je boucle ma valise et j'appelle ma tante. Elle accepte de m'accueillir quelques jours chez elle, pour décompresser. J'ai hâte d'être entourée de rien, de ne rien faire de mes journées et de relâcher toute la colère que j'ai en moi en passant du temps avec elle. Alice tente par plusieurs fois de me retenir, mais je l'aime autant qu'elle me rappelle cette situation grotesque dans laquelle j'ai foncé tête baissée.

Les humeurs changeantes de Max auraient dû me mettre sur la piste de la violence, tant dans ses paroles que dans ses gestes. Le détachement vis à vis de notre relation sur lequel nous n'avons pas mis d'étiquette aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Son besoin constant de sexe et surtout de sexe violent était un indicateur de son état. J'aurais dû me méfier.

Dans le train, je somnole. Des flash de mes moments avec Max ne cessent de venir réveiller mon subconscient : ses lèvres charnues, ses doigts délicats et précis, sa manière de guider nos rapports. Je dois oublier tout ça, même mes flashs me rappellent que cette relation n'est rien d'autre que du sexe.

Je passe quelques jours à revendre des cadeaux de Max, la lingerie part facilement, les bijoux aussi. Les vêtements partiront mieux quand je serais de retour sur le Rocher, les acheteuses souhaitant souvent les essayer avant.

L'hématome sur mon coude disparait lentement, et à mesure qu'il se dissipe le manque physique de Max augmente. Comme si notre passion était une drogue et que peu à peu mon corps réalisé qu'il n'y avait pas le droit. En quelques jours, mes doigts ne me suffisaient plus et les jouets qu'il m'avait offert n'étaient qu'un rappel de plus vers lui.

Je pleurais, beaucoup. Ma tante pensait à un chagrin d'amour, légitimement. En réalité, je sevrais mon corps au sexe avec Max, et c'était douloureux.

J'acceptais de reprendre Alice au téléphone, elle tentait de me changer les idées avec ses histoires farfelues d'hommes. Je surfais sur les réseaux, pour stalker Max sur ses comptes. Ce séjour chez ma tante semble m'enfoncer encore plus. Je désespère de retrouver un jour une vie comme avant d'avoir rencontré Max et son instinct de prédateur.

︵‿︵‿︵‿︵‿︵

"Hélène ? Il y a quelqu'un pour toi devant la porte.

- Je ne veux pas voir Max.

- C'est pas Max.

- Alice ?

-Non plus ... "

DE GLACE OU DE FEU ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant