DE GLACE OU DE FEU ?

CHAPITRE 8

Mes mains parfaitement manucurées ressemblent maintenant à des griffes de cochons. J'ai mangé mes ongles et les peaux autour. Je stresse tellement. La course vient de commencer, je suis assise dans l'espace des VIP de l'écurie. Ma jupe remonte et je tire nerveusement dessus. La bretelle de mon sac brûle la peau de mon épaule et les boissons ne suffisent plus à occuper mes mains.

"Ca sent la "old money" tout ça, me dit Alice en rigolant.

- La quoi ?

- L'argent de père en fils quoi !

- Et donc ?

- Donc ! Je me servirais bien !!!

- Alice, c'est pas pour ça que je t'ai emmenée ...

- Et pourtant ! Je vais m'assurer que tu n'ais pas besoin de me ramener à la maison ce soir."

Alors qu'Alice scrute la salle de ses yeux de biche, je ramène mon attention sur la course que Max maîtrise déjà d'une main de maître. Les 15 secondes d'avance au 18ème tour sont un ticket vers la victoire.

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Avec Alice, je cours en bas du podium pour avoir une bonne place pour voir Max soulever le trophée de la victoire. Autour de nous, des mécaniciens et des personnalités, tout le monde se bouscule et j'ai du mal à apprécier le moment. Sur le podium, Max profite de la gloire et l'attention apportée. Je reçois un message d'un mécanicien qui me dit que Max me rejoindra dans sa chambre. Le soleil de la journée et la tension de la course ont raison de moi, je m'endors sur le petit canapé.

C'est le son de la voix de Max qui me réveille. Je me redresse alors que je l'entends avancer dans le couloir en discutant avec quelqu'un. Max appuie sur la clanche de la porte qui fléchit et fait battre mon cœur, mais il continue à discuter et tarde à entrer dans sa chambre. J'attends patiemment debout au milieu de la petite pièce d'une dizaine de mètres carrés. Je réajuste ma robe et sourit. Avec le stress qui monte, je décide de ne plus sourire et de plutôt jouer les femmes fatales. Une jambe en avant, une main derrière la hanche, j'attends que le pilote finissent sa conversation.

"Brav-

- Enlève ta robe !

- Max !

- Hélène, s'il te plait.

- Je- D'accord."

Alors que je descends rapidement ma jupe, Max défait le haut de sa combinaison trempée de champagne. Il me soulève rapidement pour me poser sur le bureau. Grossièrement, il m'embrasse et insère deux doigts sous le tissu de ma culotte, il effectue quelques va et vient, passe énergiquement entre mes lèvres et s'affaire rapidement à baisser sa combinaison et son caleçon en même temps. La porte de la driver room est à semi-ouverte, le manque de préparation de mon corps soulève une légère gêne en moi, mais rapidement il termine et lâche l'arrière de mes genoux qu'il tenait fermement. Sans un regard, il se retourne, finit d'enlever sa combinaison qui avait atterri sur ses chevilles et entre dans la petite cabine de douche. Avec un Kleenex que j'attrape dans la boite sur le bureau, je m'essuie et je réajuste mes vêtements, avant de m'asseoir sur le canapé.

"Je ne savais pas si tu voulais que je part-

- Non, non. Reste, Viens, me dit Max en tendant la main pour que je m'approche, alors qu'il est quasiment nu et dégoulinant d'eau.

- Bravo ...

- Merci. Je suis tellement fatigué.

- On s'assoit ?

- Oui. Tu peux prendre la gourde, là ?

- C'était une belle course !

- Tu as regardé ? me demande Max étonné.

- Bien sûr, j'étais là pour ça ! Je voulais te voir gagner."

Le regard de Max s'adoucit et il attrape mon épaule en se laissant aller vers les coussins du canapé. Il me tire vers lui et embrasse ma tempe. On reste assis sans rien dire quelques minutes et je caresse du bout des doigts son torse contre lequel je me suis appuyée. Je ferme les yeux pour apprécier pleinement ce rare moment de douceur. Le stress de la journée, le passage par toutes les émotions avec Max auront raison de moi.

Je me réveille 2h plus tard sur le même canapé. Une couverture a été étendue sur moi et un mot est posé à quelques centimètres de mon visage.

"𝐵𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑗𝑒𝑢𝑛𝑒 𝑓𝑖𝑙𝑙𝑒,
𝐽𝑒 𝑚𝑒 𝑓𝑎𝑟𝑐𝑖𝑠 𝑡𝑜𝑢𝑡𝑒𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑠𝑜𝑖𝑟𝑒́𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑝𝑜𝑖𝑣𝑟𝑜𝑛𝑠, 𝑒𝑡 𝑗𝑒 𝑡𝑒 𝑟𝑒𝑗𝑜𝑖𝑛𝑠 𝑎̀ 𝑚𝑜𝑛 𝑎𝑝𝑝𝑎𝑟𝑡' 𝑣𝑒𝑟𝑠 5ℎ30. 𝑂𝑛 𝑝𝑟𝑒𝑛𝑑 𝑙𝑎 𝑣𝑜𝑖𝑡𝑢𝑟𝑒 𝑒𝑡 𝑜𝑛 𝑟𝑜𝑢𝑙𝑒 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑣𝑜𝑖𝑟 𝑙𝑒 𝑙𝑒𝑣𝑒́ 𝑑𝑢 𝑠𝑜𝑙𝑒𝑖𝑙 𝑠𝑢𝑟 𝑙𝑎 𝑐𝑜𝑟𝑛𝑖𝑐ℎ𝑒. 𝐸𝑛𝑠𝑢𝑖𝑡𝑒, 𝑝𝑟𝑜𝑚𝑖𝑠, 𝑡𝑢 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑟𝑎𝑠 𝑡𝑒𝑠𝑡𝑒𝑟 𝑐𝑒 𝑞𝑢'𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑎 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒 𝑣𝑒𝑛𝑡𝑟𝑒.
𝑀𝑒𝑟𝑐𝑖 𝑑'𝑎𝑣𝑜𝑖𝑟 𝑟𝑒𝑔𝑎𝑟𝑑𝑒́ 𝑙𝑎 𝑐𝑜𝑢𝑟𝑠𝑒, 𝑀𝑎𝑥"

Je récupère mes affaires et je me dirige vers l'appartement de Max. Le réveil est programmé à 5h : j'ai hâte de passer un peu de temps avec Max, hors course.

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En arrivant à l'appartement je prends une longue douche. L'eau chaude coule sur mon corps et les tensions de la journée s'apaisent peu à peu. Je masse ma nuque et je rince plusieurs fois mes cheveux. Rapidement, je vais me coucher.

Max est peut-être absent ce soir, mais il m'a promis de me rejoindre demain matin. J'ai comme des papillons dans le ventre à l'idée d'avoir laissé une mauvaise passe derrière nous. Tout à l'heure dans la chambre du circuit, j'ai eu l'envie de me blottir contre lui. Une sensation à des années lumières de la sensation d'attirance physique que j'ai pu avoir à notre rencontre et lors de nos retrouvailles.

Le corps de Max et sa manière de me regarder me déstabilisent et excitent en moi des pulsions inconnues. J'ai envie de découvrir mon corps, son corps et notre fusion. Mais j'ai aussi très envie de le découvrir lui, de savoir ce qu'il se trame dans sa tête et de passer du temps avec lui, hors des circuits. J'emploie les dernières forces que j'ai en me caressant, en pensant à cette journée, au corps de Max après la douche.

En quelques minutes, le sommeil me prend et laisse en suspens ma propre cavalcade, toutes mes questions et mes envies d'avenir.