DE GLACE OU DE FEU ?

CHAPITRE 36

La deuxième semaine dans le motorhome se passe s'en encombre. Max n'a pas eu vent de ma présence, voire même de la présence d'une personne supplémentaire dans le motorhome de Daniel. Pour une fois son égoïsme et son manque de conversation nous sauvent. Les jours passent à une vitesse folle et je regarde Daniel accrocher la troisième place depuis l'énorme TV du camping-car.

Je suis en train de préparer des cocktails sans alcool quand Daniel revient le dimanche soir après la course.

"Ces interviews auront ma peau.

- C'est vrai que tu rentres plus tard que les autres.

- Pierre n'est plus là ?

- Il est passé dire au revoir il y a 40 minutes, il rentrait ce soir, je réponds en tendant son verre à Daniel. Félicitations quand même !

- Embrasse-moi !

- Avec plaisir !"

Dans l'avion qui nous ramène à Nice, Daniel compte les points et met en place des stratégies pour la deuxième parties du championnat. Avec une deuxième la semaine dernière et une troisième place hier, il se remet dans la course au championnat avec des points précieux volés au concurrents directs qui ont réalisé des courses en demi-teinte entre les mauvaises stratégies et les casses-moteurs.

Bien occupé avec son stylo et ses schémas, Daniel est concentré et bien galvanisé par son manager et l'assistante presse qui fait le voyage avec nous. J'adresse un clin d'oeil au pilote et je prends mes affaires pour aller me caler dans un siège un peu plus loin. Une hôtesse de l'air me propose un coussin et rapidement je tombe dans les bras de morphée.

Mon corps n'est pas encore habitué au rythme nomade. Les avions, les navettes, les nuits dans un lit, puis dans un autre. Le plus difficile étant de lâcher prise : il y toujours quelqu'un quelque part pour vous dire où aller, sur quelle file marcher ou sur quel pied danser. Aucune action n'est laissée au hasard : la sortie de la navette est millimétrée pour que les fans soient satisfaits, mais aussi orchestrée pour que la sécurité soit maximale, voire même doublée pour que le photographe puisse prendre l'autre angle de vue, avec le "bon sponsor".

C'est fatiguant. Je suis fatiguée d'entendre les consignes qui ne m'impactent pas pour le moment, puisque je fais profil bas. Fatiguée d'être coupée dans un moment en couple, parce qu'il faut que Daniel répète le plan d'attaque à son attachée de presse.

Après ce weekend en Belgique, Daniel a quelques jours de repos, ensuite il est attendu à l'usine en Angleterre pour 2 jours dans le simulateur et une réunion de stratégie. Le prochain Grand Prix est dans deux semaines, en Italie. Nous avons décidé ensemble de passer deux jours à Londres, juste avant Milton Keyes. Daniel ira seul en Italie pour le Grand Prix de Monza.

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"J'ai quelque chose pour toi, crie Daniel depuis sa chambre.

- Je te connais ...

- Comment ça ? demande le pilote en passant la tête dans l'encadrement de la porte.

- Tu es nu. Quand je vais arriver pensant que tu as une surprise du type : collier de diamants ou sac de créateur, tu vas simple dire "Ah non , la suprise, c'est moi !".

- C'est pas faux ... rigole le pilote, en enfilant un boxer pour me rejoindre dans la cuisine. C'est ça que tu attends de moi ? Des bijoux et des sacs ?

- Non ! Non ! Pas du tout, je m'empresse de corriger. C'est une phrase banale c'est sorti tout seul.

- Max t'offrait de belles choses ...

- C'est vrai. Mais souviens-toi que de base, j'étais là pour ça. À chaque fois qu'il sentait que je me désintéressais ou que je passais à autre chose : HOP j'avais le droit à une dépense folle.

- Ça te manque.

- Pour rien au monde, je chuchote en m'accrochant à Daniel.

- Alors pourquoi tu le faisais avant ?

- Bonne question. Je sais pas. Pour l'adrénaline, je pense. Avec Alice, c'était la course au plus beau, au plus cher, au plus incroyable. Quand on avait eu ce qu'on voulait, on passait à autre chose. A 25 ans je pensais que c'est ce que je voulais : m'amuser, profiter, découvrir...

- T'as encore pas eu ce que tu voulais avec moi ?

- Daniel, cette conversation ne va nulle part. Je ne suis pas avec toi pour trouver des bouffées d'adrénaline.

- JE SUIS ta bouffée !

- Dans un sens : oui. Avec toi, j'ai pas besoin de me prouver quoi que ce soit. J'ai pas envie de faire des choses insensées pour cocher une victoire ou une marque de luxe. En vrai, j'ai juste envie que tu sois là. J'ai envie de me coller à toi. J'ai envie de me laisser aller et de ne pas savoir qu'elle est la prochaine étape avec toi.

- Je ne suis pas un mec de passage ? me demande Daniel.

- T'es certainement pas un mec de passage. J'ai envie que tu restes.

- Pas de problème, me dit Daniel en tendant son petit doigt.

- Qu'est-ce que tu veux que je fasse de ton petit doigt ? je lui demande, confuse.

- Que tu le sers ...

- Comme une "promesse du petit doigt" ?

- Exactement ! lâche Daniel avec un immense sourire.

- J'ai mieux pour sceller une alliance ..."

Je passe délicatement mes bras autour du cou de Daniel et je m'installe doucement sur ses genoux. Daniel attrape mes hanches et m'aide à me positionner sur lui. Je laisse glisser mes mains sur son torse nu et trace ses abdos exacerbés par la séance de sport qu'il vient de terminer. Daniel me fixe du regard, intensément et s'humidifie les lèvres. Je souris, consciente d'avoir le dessus sur cette manière plus "adulte" de sceller la promesse du petit doigt !

La respiration de Daniel est forte, saccadée. J'en profite pour plonger mon regard dans le sien. Je sens contre mon bas ventre son érection qui monte.

"Et si on laissait la promesse du petit doigt aux enfants ? je demande entre deux respirations.

- Alors jure-le moi.

- Que tu n'es pas un mec de passage ?

- Jure-le.

- Daniel, non seulement tu n'es pas un mec de passage, mais en plus tu es bien plu- DANIEL !"

Le pilote n'a pas attendu la fin de ma phrase, d'un geste maîtrisé il se relève en me maintenant fermement. Attachée à Daniel, je me laisse faire. En quelques enjambées, il a atteint le chambre et délicatement me pose sur le lit.